- Théâtre contemporain
- Théâtre Les Déchargeurs
- Paris 1er
Le Dépeupleur

Mis en scène par Alain Françon
Avec Serge Merlin
- Serge Merlin
8/10
- Théâtre Les Déchargeurs
- 3, rue des Déchargeurs
- 75001 Paris
- Chatelet (l.1, l.4, l.7, l.11, l.14)
Itinéraire
Billets de 11,00 à 30,00 €
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La passion de chercher est telle, qu’elle oblige à chercher partout.
Ce que fait Merlin est proprement indescriptible tant son art du verbe et son art du geste sont hauts. Non pas un acteur au faîte de son art, mais un être-acteur habité, halluciné de présence et tutoyant les gouffres. Merlin ne sert pas le texte de Beckett.
Il en extirpe les moindres inflexions, en exaspère la complexion, ouvre ses vannes. Les gestes du bras, de la main, du poing, le tracé du regard ne prolongent pas les mots, ils en sont tout à la fois le contrepoint et la ponctuation, le creuset et le tombeau.
Toutes les critiques
Le livre éponyme de Samuel Beckett parait en 1970 sous la forme d’un roman court. Serge Merlin s’en empare à nouveau aujourd’hui, mis en scène par Alain Françon. Le texte devient magistralement théâtral grâce à la vigueur et à la profondeur du jeu de cet immense comédien.
Beckett s'intéresse ici, avec son approche par l’absurde qui fait sa plume, à la question de la violence générée par un monde clos, créé et organisé de toutes pièces. Deux cents êtres humains sont concentrés dans un cylindre (oui, oui, un cylindre ! De cinquante mètres de pourtour et seize mètres de haut). Ils y sont enfermés, refermés sur eux-même dans un microcosme mathématiquement parfait.
Cet univers fantasmagorique nous est conté, décrit et commenté par un narrateur, en habit de magicien-enchanteur, une baguette de chef d'orchestre à la main. Univers nihiliste où "nul ne regarde en soi où il ne peut y avoir personne" ; où la vaine harmonie imposée est combattue par la rage de s'en sortir ; où l'idéal de vie ne laisse plus de place à la solidarité ; où il ne reste que la violence tueuse ou tue comme raison de vivre. Le narrateur observe ce peuple, scrute les incidents, commente les tentatives et se lamente de leurs vanités et de leurs échecs. Il recense ceux qui restent, il dénombre ceux qui tombent jusqu'au dernier, comme un dépeupleur.
Sans pouvoir nous raccrocher à des repères logiques, nous nous laissons emporter par cette marche infernale et inéluctable vers le bout du néant. Étranges sensations que celles-ci. Se sentir étrangers à ce qui est là mais toutefois transformés en spectateurs attentifs et voyeurs, stupéfaits d'apercevoir dans ce cylindre comme le reflet de nos mémoires ou celui de nos peurs.
Un récit extraordinaire où ce que nous entendons et ce nous voyons nous conduit, entre pragmatisme et irréel, aux frontières de l’uchronie. Pris dans ce tourbillon allégorique aux frontières du fantastique, nous assistons à un spectacle impressionnant qui interroge les contours de l’humanité.
Serge Merlin maîtrise un art de la diction qui sublime la langue, un art du jeu qui froisse les frontières entre le personnage et le comédien. Une puissance d’évocation unique. Avec lui, le texte fait toujours sens et nous mettons aisément des images aux sons de sa voix et des mots aux regards de son corps déployé ou muet. Il y a comme un mélange subtil et indéchiffrable entre le texte et le comédien. Les spectateurs n’ont plus qu’à se laisser prendre au rythme de son expression et savourer les idées et les émotions qu'ils en ressortent. Du très grand art.
La force troublante du texte et la maestria du comédien nous conquièrent et nous emportent. La théâtralité du roman, travaillée par Alain Françon et jouée par Serge Merlin apparait et restera sans doute comme un des moments forts du théâtre de Beckett. Un très grand spectacle. Un bijou théâtral à ne pas manquer.
Beckett s'intéresse ici, avec son approche par l’absurde qui fait sa plume, à la question de la violence générée par un monde clos, créé et organisé de toutes pièces. Deux cents êtres humains sont concentrés dans un cylindre (oui, oui, un cylindre ! De cinquante mètres de pourtour et seize mètres de haut). Ils y sont enfermés, refermés sur eux-même dans un microcosme mathématiquement parfait.
Cet univers fantasmagorique nous est conté, décrit et commenté par un narrateur, en habit de magicien-enchanteur, une baguette de chef d'orchestre à la main. Univers nihiliste où "nul ne regarde en soi où il ne peut y avoir personne" ; où la vaine harmonie imposée est combattue par la rage de s'en sortir ; où l'idéal de vie ne laisse plus de place à la solidarité ; où il ne reste que la violence tueuse ou tue comme raison de vivre. Le narrateur observe ce peuple, scrute les incidents, commente les tentatives et se lamente de leurs vanités et de leurs échecs. Il recense ceux qui restent, il dénombre ceux qui tombent jusqu'au dernier, comme un dépeupleur.
Sans pouvoir nous raccrocher à des repères logiques, nous nous laissons emporter par cette marche infernale et inéluctable vers le bout du néant. Étranges sensations que celles-ci. Se sentir étrangers à ce qui est là mais toutefois transformés en spectateurs attentifs et voyeurs, stupéfaits d'apercevoir dans ce cylindre comme le reflet de nos mémoires ou celui de nos peurs.
Un récit extraordinaire où ce que nous entendons et ce nous voyons nous conduit, entre pragmatisme et irréel, aux frontières de l’uchronie. Pris dans ce tourbillon allégorique aux frontières du fantastique, nous assistons à un spectacle impressionnant qui interroge les contours de l’humanité.
Serge Merlin maîtrise un art de la diction qui sublime la langue, un art du jeu qui froisse les frontières entre le personnage et le comédien. Une puissance d’évocation unique. Avec lui, le texte fait toujours sens et nous mettons aisément des images aux sons de sa voix et des mots aux regards de son corps déployé ou muet. Il y a comme un mélange subtil et indéchiffrable entre le texte et le comédien. Les spectateurs n’ont plus qu’à se laisser prendre au rythme de son expression et savourer les idées et les émotions qu'ils en ressortent. Du très grand art.
La force troublante du texte et la maestria du comédien nous conquièrent et nous emportent. La théâtralité du roman, travaillée par Alain Françon et jouée par Serge Merlin apparait et restera sans doute comme un des moments forts du théâtre de Beckett. Un très grand spectacle. Un bijou théâtral à ne pas manquer.
Presque une déception pour ce monologue de Beckett : il ne mène nul part et qui tourne souvent en rond (au propre comme au figuré pour ceux qui verront la pièce). Ce n'est pas vraiment un moment mémorable contrairement à d'autres textes de l'auteur.
Ce qui fait l'attrait de la pièce, c'est l'interprète du texte : Serge Merlin qui n'en est pas à son premier coup d'essai avec ce texte qu'il a déjà joué en 1978 au Off avignonais. Cet homme est une présence hallucinée sur scène et surtout il manie les inflexions de la langue française dans ses plus fines subtilités pour servir ce texte.
Certains pourraient trouver qu'il en fait trop car il s'agite beaucoup sur scène armé de sa baguette et d'un pardessus qui m'ont fait penser à un troublant mix entre le professeur Dumbledore et son élève Harry Potter, je vous laisse imaginer...
Moi, je vais attendre Godot car je préfère cette pièce.
Ce qui fait l'attrait de la pièce, c'est l'interprète du texte : Serge Merlin qui n'en est pas à son premier coup d'essai avec ce texte qu'il a déjà joué en 1978 au Off avignonais. Cet homme est une présence hallucinée sur scène et surtout il manie les inflexions de la langue française dans ses plus fines subtilités pour servir ce texte.
Certains pourraient trouver qu'il en fait trop car il s'agite beaucoup sur scène armé de sa baguette et d'un pardessus qui m'ont fait penser à un troublant mix entre le professeur Dumbledore et son élève Harry Potter, je vous laisse imaginer...
Moi, je vais attendre Godot car je préfère cette pièce.
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