- Théâtre contemporain
- Théâtre Les Déchargeurs
- Paris 1er
Le Chant des Coquelicots

- Karine Mazel-Noury
- Pierre Deschamps
- Théâtre Les Déchargeurs
- 3, rue des Déchargeurs
- 75001 Paris
- Chatelet (l.1, l.4, l.7, l.11, l.14)
C'est un amour qui se découvre dans la guerre. Lui au front, elle au village.
Un amour nécessaire, question de survie.
Une centaine de lettres qu'ils n'auraient jamais écrites, des prières naïves, la présence de l'autre, sans cesse convoquée, c'est là toute leur modeste magie.
Un spectacle où se conjuguent la parole et la danse, servie par deux conteurs impliqués dans le mouvement du nouveau conte.
La critique de Phane (rédac' AuBalcon) : 6.5/10. On a l’impression d’être de retour au temps des conteurs, où seule la voix fait office d’image dans la tête des auditeurs. Les deux conteurs-comédiens dessinent, chantent et même parfois dansent pour nous aider à imaginer. Hormis cela, il n’y a pas de mise en scène ou de décors : le fond est noir. Les deux corps se détachent avec netteté dans cette boite noire.
On nous raconte l’histoire de François et Jeanne qui tentent de survivre à la violence et à l’inhumanité de la première guerre mondiale. Leur histoire se mêle à la grande Histoire et va en pâtir. Certains liens sont faits avec la grande épopée antique de l’Iliade et l’Odyssée : pour moi cet écho met en lumière l’absence de tous sentiments épiques, ou de toute grandeur dans cette guerre dévastatrice. On en constate encore plus l’inutilité et la cruauté.
Les personnages sont extrêmement touchants, par leurs faiblesses et leur courage. On s’attache beaucoup à Jeanne en particulier, qui soutient son mari même quand celui-ci revient de la guerre mais n’est que l’ombre de lui-même, lorsqu’elle va apprivoiser l’ours, et part chercher ses frères « portés disparus ».
Un doux moment de théâtre, qui nous plonge dans un récit tentant de survivre à la réalité barbare de cette époque (qui n’est pas si différente de la nôtre dans les problèmes qu’elle pose). La pièce est très courte, la salle petite, mais on est happé par ce conte, et par la justesse des émotions et du jeu des acteurs.
L'esprit du conte anime la multitude de personnages joués par les deux acteurs, on y croise soldats, rescapés, fantômes des disparus, sorcière, ... C'est la Guerre, c'est l'horreur, mais ici nous ne sommes pas dans le pathos mais plus dans l'espoir.
Bravo aux deux auteurs d'avoir su extraire de cette immense boucherie, des morceaux de vie, de l'optimisme. Avec pour seul décor leur deux corps, les protagonistes allient contes et mouvements chorégraphiés d'une grande finesse pour illustrer leurs propos.
Une réussite, j'ai beaucoup aimé.
De multiples émotions caressantes nous enveloppent et nous font cheminer tout le long de cette belle histoire d’amour de Jeanne et François.
Auteurs et metteurs en scène de ce spectacle qu’ils jouent, Karine Mazel-Nooury et Pierre Deschamps l’ont écrit à partir d’un recueil de paroles. Paroles données, paroles écrites, paroles filmées. Cet imposant et remarquable travail réalisé n’est pas sans rappeler celui de folkloriste, à l’instar d’Henri Carnoy, Arnold Van Gennep et Claude Duneton.
Jeanne et François s’aiment et traversent ensemble ou l’un pour l’autre les obstacles que la guerre, ses horreurs et ses privations, place sur leur chemin de vie. Ils vaincront mais que ne leur faudra t’il vivre et subir pour cette fin heureuse !
Par ailleurs excellents conteurs, les deux comédiens nous captivent et nous embarquent dans une épopée riche et superbe, nourrie de ce recueil folklorique, d’emprunts à la mythologique et à la littérature populaire. Nous sommes pris dès le début, secoués par les rebondissements, bercés ou surpris par leurs voix et leurs corps en mouvement et nous terminons ce riche moment d'histoire, sourire aux lèvres et des images plein les yeux.
Oui, quelle très jolie balade théâtrale que ce « Chant des Coquelicots ».