- Comédie Contemporaine
- Théâtre des Bouffes du Nord
- Paris 10ème
La vie est une fête
Certes, nous souffrons à cause de papa et maman (Tout le monde ne peut pas être orphelin), mais nous souffrons aussi à cause de l’état du monde.
Nous sommes inévitablement poreux aux violences, aux crises, aux incohérences politiques et sociales, aux transformations brutales de notre civilisation. Les micro folies de notre siècle peuvent engendrer les macro folies d’une personne et le besoin de consolation peut vite devenir alors impossible à rassasier, comme dirait notre bon vieux Dagerman. Pouvons-nous tous devenir fous ? Qu’est-ce qui nous empêche de passer à l’acte ? Il n’y a rien de plus humain que la folie.
Le service des urgences psychiatriques est l’un des rares endroits à recevoir quiconque à toute heure sans exception d'âge, de sexe, de pays. Un lieu de vie extrêmement palpable pour une sortie de route. Un sas d’humanité.
Nous sommes plongés dès l’entrée dans une session parlementaire déjantée. Tous les excès sont présents. Aucune limite n’est respectée. Ce monde fou explose littéralement pour nous amener dans un hôpital psychiatrique. Peut-on aboutir dans cet extrême ? Est-ce salutaire de « péter les plombs » ? La vie nous mène-t-elle à cette extrémité ? Se remet-on de la vie ? On suit des personnages qui passent par tous les extrêmes. On suit leur parcours en doutant que la vie soit une fête. On reprend espoir parce qu’il y a toujours même au plus bas de beaux moments et la vie devient une fête même dans les pires endroits. L’amour est un moteur pour être sauvé.
Cette histoire par scènettes est racontée dans un excès permanent, une exagération folle, un désordre omniprésent. Les chiens de Navarre nous font rire à chaque moment soit par leur tendresse, soit par l’explosivité des situations. C’est du grand burlesque poussé à bout. On rit tout au long de la session parlementaire à l’ode finale à l’amour.
Personnellement, je me suis beaucoup amusée. Pour l’avoir revu, je trouve que les chiens de Navarre ont ce don de capter la parole du moment. C’est le cas lors de la session parlementaire réactualisée par rapport à la présentation en 2022 à la Villette.
Le groupe est la force des chiens de Navarre. Il fonctionne bien. C’est créatif, même dans l’excessif. Leur marque est unique et reconnaissable.
Après « Tout le monde ne peut pas être orphelin », « La vie est une fête » va plus loin dans l’excès et le délire. C’est extrêmement drôle, tombe rapidement dans l’excès mais je n’ai pas cessé de rire et de m’amuser de ce « pétage de plombs ». Même si on tombe parfois dans la provocation, cela reste pour nous rassurer sur la vie. Et puis, cela fait du bien par moments….
La vie est bien une fête même si on en doute sur le chemin !