- Classique
- Théâtre Hébertot
- Paris 17ème
Comme il vous plaira
![Comme il vous plaira Comme il vous plaira](http://assets.aubalcon.fr/media/images/290_410/comme-il-vous-plaira-1715783140.jpg)
- Barbara Schulz
- Théâtre Hébertot
- 78, boulevard des Batignolles
- 75017 Paris
- Rome (l.2)
C'est LA pièce à ne pas manquer cet automne au Théâtre Hébertot : Comme il vous plaira, de William Shakespeare, reprise du même spectacle joué en 2022 à la Pépinière et récompensé de 4 Molières ! Sur les planches, sous la direction de Léna Bréban, on retrouve l'irrésistible Barbara Schulz aux côtés, entre autres, de Pierre-Alain Leleu (qui signe également l'adaptation), Jean-Paul Bordes...
Reprise exceptionnelle de la célèbre comédie de Shakespeare ! Découvrez une nouvelle traduction très enlevée, où se mêlent aventure, amour, désir, jalousie….
AVIS DE LA REDACTION : 9/10
L'amour est dans le bois !
C'est avec une grande liberté et beaucoup d'audace que Léna Bréban s'empare de la formidable adaptation de Pierre Alain Leleu, et lui imprime un rythme frénétique et délirant.
Dans un décor de sous bois plus vrai que nature, elle fait virevolter les comédiens sans temps mort pendant près de 2h.
Ce n'est pas tant l'histoire que la façon de la raconter qui nous a conquis. Il est bien sûr question d'intrigues, de querelles, de supercheries, de trahisons, de joies et de désespoirs, mais toujours ....d'amour !
Les comédiens, tous formidables et survoltés, jouent, chantent et bondissent avec un enthousiasme communicatif.
Barbara Schulz en tête, exceptionnelle Rosalinde, qui pousse la note au maximum en restant toujours juste. Ses mimiques délirantes sont inénarrables et follement drôles. Elle embarque le public dès l'ouverture et le tient en haleine jusqu'au dénouement.
A ses côtés, sa chère cousine Célia, interprétée par Ariane Mourier, nous offre une interprétation tout aussi savoureuse et désopilante.
Les deux jeunes femmes, très complices, forment un duo vraiment hilarant. Autour d'elles, des comédiens à leur meilleur, qu'ils soient ducs, bergères, fous ou valets. Endossant plusieurs rôles pour certains, dont le superbe Jean Paul Bordes, qui campe un vieux valet savoureux.
Moderniser sans dénaturer, voilà le pari réussi par Léna Bréban. S'appuyant sur le talent musical de ses comédiens, elle ponctue l'action par quelques célèbres morceaux de Pop Rock anglaise, parfaitement à propos, qui reflètent l'ambiance à la fois bucolique et fraternelle de l'histoire.
Il y a en particulier l'inoubliable "Perfect day" de Lou Reed, et le mythique "Hotel California" des Eagles. "Nous avons toute la vie pour nous amuser. Nous avons toute la mort pour nous reposer"
4 Molières amplement mérités !
Sylvie Tuffier
Ca virevolte, c'est drole, les comédiens sont bons et Barbara Schultz irradie littéralement.
Comme il vous plaira fait partie des quatorze comédies écrites par William Shakespeare. Pierre-Alain Leleu a l’art et la manière sans trahir l’esprit de la pièce, de l’auteur, d’adapter des pièces, de les rajeunir, pour en extraire la dynamique, le potentiel comique, en y ajoutant aux moments opportuns des jeux de mots, des références à l’actualité, parfois en chansons, des situations qui vont déclencher le rire ; comme ce fut le cas pour son adaptation de « La souricière » d’Agatha Christie. En récompense, son adaptation de Comme il vous plaira a reçu le Molière du théâtre privé 2022.
Tournicoti tournicoton, c’est le manège enchanté de la forêt des Ardennes au royaume des ducs, avec ses Zébulons qui sautent partout dans une mise en scène, avec ses trouvailles de jeux de cabris bondissants, particulièrement dynamique de Léna Bréban qui a reçu également un Molière.
Des ducs à en perdre la tête, suivez bien : un jeune duc usurpateur a banni son frère le vieux duc, puis sa nièce, la fille du vieux duc, mais cette dernière est la cousine de la fille du jeune duc, qui elle-même la suit dans la recherche de son père le vieux duc, tout en ayant à leur poursuite le jeune duc, sans oublier les amis du jeune duc et du vieux duc.
Une recherche qui pour des raisons de sécurité s’enfoncera dans la forêt des Ardennes, féériquement scénographiée par Juliette Azzopardi, et qui sait peut-être y trouveront-elles l’Amour à défaut du repos.
Car avec Shakespeare quoi de plus naturel que de mêler dans une même marmite des ingrédients aux effets bouillonnants qui d’un premier abord ne sont miscibles.
Ajoutez à cette intrigue un jeune frère qui se fait bannir par son frère aîné, lui aussi obligé de s’exiler pour sa sécurité dans la forêt des Ardennes, et qui a croisé auparavant le chemin de ces deux cousines…encore une flèche de cupidon qui a frappé.
Un voyage qui réserve à tout ce petit monde bien des surprises, des déconvenues, avec ses querelles, ses joies, ses trahisons, mais surtout l’espoir d’une vie nouvelle jalonnée des bienfaits de ses rencontres qui n’ont pas fini de vous surprendre et de donner du piment à cette folle aventure où l’amour peut se cacher au détour d’un arbre…
Une réplique de la pièce résume assez bien cette comédie, celle de notre vie… : « Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles. »
De l’humour, de l’esprit, du rire, côtoient de l’émotion, de la poésie, dans un mélange savamment dosé, joué à la perfection par un esprit de troupe qui règne admirablement dans la distribution de cette comédie.
Chaque comédien est à sa place, à son rôle, souvent multiple, au service d’un texte et d’une mise en scène très physique qui ne laisse pas de place à l’improvisation. Tout est cadré, au cordeau, pour que cette mayonnaise prenne délicatement, amoureusement, sans tourner.
Barbara Schulz, une habituée de La gare du midi, dans le rôle titre de la fille du vieux duc, Rosalinde, est un diamant brut qui se façonne au fil du temps pour briller de mille feux par ses facettes de jeux fascinantes, un jeu récompensé par le Molière de la meilleure comédienne du théâtre privé. Mais un diamant aux moult éclats qui n’aurait pas pu briller sans la merveilleuse complicité de sa cousine Célia interprétée tout en spontanéité par Rachel Arditi dans un comique de caractère assuré.
Vient se joindre dans cette cavale, par l’entremise de Pierre-Alain Leleu, un bouffon au nom de Gratte-Caillou, qui dans sa loufoquerie de syntaxe donne du piquant au bannissement des cousines. « Le fou se croit sage et le sage se reconnaît fou »
Eric Bougnon, le vieux duc proscrit, avec sa bonhommie souriante donne également le change avec son rôle du lutteur désorienté. Adrien Dewitte, Olivier, le grand frère acariâtre met en valeur par sa bêtise son frère cadet Orlando, touché par la flèche de cupidon dans les yeux amoureux de Valentin Rolland, aux sauts virevoltants.
Adrien Urso, le berger amoureux transi, et Juliette Mayer-Michalon la bergère au caractère trempé complètent cette brillante distribution.
Sans oublier mon coup de cœur, celui qui m’a fait penser à Robert Hirsch, Jean-Paul Bordes, dans le rôle de Frédéric, le duc usurpateur mais surtout dans celui d’Adam, le serviteur d’Olivier, qui par sa présence et son jeu dépouillé a su nous donner de l’émotion parsemée de sourires réconfortants.
Une comédie finement adaptée et interprétée qu’il faut absolument voir pour effacer l’image poussiéreuse que l’on peut avoir de Shakespeare. Une intrigue rondement menée dans un élan de générosité aux rires libérateurs par une troupe à la cohésion indéniable : du beau et grand Shakespeare qu’il vous faut déguster amoureusement…all you need is Love…love, love, love…