- Comédie Musicale / Musique
- Théâtre Le Ranelagh
- Paris 16ème
Cinq de coeur, Le concert sans retour

- Pascale Costes
- Hélène Richer
- Sandrine Mont-Coudiol
- Patrick Laviosa
- Fabian Ballarin
- Théâtre Le Ranelagh
- 5, rue des Vignes
- 75016 Paris
- La Muette (l.9, RER C)
Ce soir, c'est "Concert Prestige", pour Cinq de Coeur ! Le quintette a cappella attaque son fameux programme romantique allemand. Mais soudain, ça déraille : "Michel, il y a un problème ?"
Tensions et jalousies explosent, chaque voix livre son chant intérieur : souvenirs et fantasmes ressurgissent.
Nos cinq acrobates de la voix basculent alors tour à tour dans le show.
Et entre règlements de compte et schizophrénie, le cap vers l'Allemagne semble impossible à tenir.
Partant à la dérive, Brahms bouscule Scorpions, Léo Ferré se confronte au "Chanteur de Mexico", Schubert tutoie Mylène Farmer, Nina Simone tient la dragée haute à Saint-Saëns...
Avec un humour échevelé et une technique irréprochable, Cinq de Coeur s'est inventé un genre rigoureux comme le classique, débridé comme le music-hall.
J'ai été très impressionné par la justesse de leurs interprétations a capella à la fois des chants classiques et de la variété française et internationale.
Ce spectacle est un bonheur à écouter, agréable à regarder mais petit bémol si le côté comique est bien présent ce n'était pas non plus hilarant.
Les évocations seront multiples au cours de la soirée où ils abattront une à une les cartes de leur jeu toujours gagnant.
Cinq de coeur est un quintette vocal a capella, aussi déjanté que virtuose, que l'académie des Molière avait repéré en 2015 au titre de Théâtre Musical et qui a été couronné par le Prix du Public en Avignon cette même année.
Attendez vous à sourire, à rire, à éviter les meilleurs moments de votre enfance, avec nostalgie ou dérision, toujours avec maîtrise et intelligence. Ce sont une soixantaine de morceaux qui vont s'enchaîner, parfois entiers, parfois pour quelques mesures. On aimerait se souvenir de tout. Impossible. Il faudra revenir ...
Ils n'en sont pas à leur coup d'essai. Le groupe s'est constitué dans les années 90 et chacun de leurs spectacles tourne 3 à 5 ans. Le groupe a un peu évolué mais l'esprit demeure. A deux minuscules exceptions près ils font tout eux mêmes, les voix bien sur, mais aussi les instruments, les animaux, les bruitages.
La mise en scène, signée Emma la clown, est plutôt inventive, parfois délirante, osant accorder un solo à une bigoudéne et n'hésitant pas à transformer le quintette en groupe folklorique de derviches tourneurs. Les costumes sont bien pensés, constamment évolutifs.
Le choix des musiques et des chansons est large. Chacun a son morceau de bravoure, ce qui fait qu'on a le sentiment d'un équilibre entre les membres du groupe, même si chacun a sa couleur.
Ils commencent en nous effrayant : la soirée sera consacrée au répertoire romantique allemand, dans la langue de Goethe. Nous sommes priés de ne pas applaudir entre les morceaux ... Si nous parvenons à nous retenir. Accrochons nous. Ils font tous les cinq une tête de circonstance. Très vite cela dérape doucement en commençant par de brefs apartés qui s'amplifient en bavardages. Ainsi va la vie. Les voilà tous à terre, offrant à nos regards des semelles tatouées de ? ou de !
Avec le second morceau, nous sommes déjà en terre connue. On a envie de fredonner la Danse hongroise de Brahms avec eux quand la musique glisse un peu, à peine ... On se dit qu'ils ne vont pas oser filer à bicyclette, mais si. Chacun joue un rôle dans la chanson immortalisée par Yves Montand.
Nous voilà prêts pour un changement de style plutôt radical. On remonte le temps pour revivre les premières surprises parties. La musique de La boum donne le la. Chacun va mettre son disque préféré sur l'électrophone, et tant pis s'il est rayé. Hotel California en sourdine est un très beau moment.
Comme autrefois place au slow. Ce sera Paroles, paroles de Dalida (et Catherine Deneuve aussi je crois) avait interprété en duo avec Alain Delon. Les applaudissements sont amplement mérités.
On l'aura en version allemande, logiquement nous avions été prévenus. Only you sera tout autant apprécié. Qui pourrait relever le gant ? Ce sera Julio Iglesias, grand amoureux devant l'éternel.
Les émissions de télévisés et leurs génériques sont une source miraculeuse. Le zapping s'achève sur Avec le temps, car va tout s'en va. Même la musique en prend un coup et part en cacophonie, sacrifiant l'Adagio d'Albinoni.
A ce stade on peut tout entendre, même une complainte bigoudène un peu paillarde à la manière des chants de marins. Les voyages continueront avec une incursion mexicaine.
La soirée met le public en joie. Les saluts arrivent un peu trop vite. Peer Gynt, dont l'Air du matin est célébrissime off l'occasion d'une danse de derviches tourneurs qui explose comme un bouquet de fleurs.
All we need is love ... Et Cinq de coeur nous aura réjoui jusqu'aux oreilles. Un seul regret : que le groupe ne se produise sur scène que le week-end ...
Sur scène, ce sont alors cinq artistes chanteurs qui nous proposent une fusion aussi mélodieuse que déjantée entre quelques grands classiques du répertoire allemand et des standards actuels. Il s'agit ici de véritables virtuoses qui nous offrent une rencontre musicale improbable au travers de chansons, bruitages et techniques de beatbox, nous faisant voyager et rire le temps d'une soirée dans leur univers dans lequel nous sommes happés dès les premières minutes. Petite spécificité qui fait de ce spectacle un moment de théâtre privilégié est qu'il est entièrement présenté a cappella : un vrai plus qui nous permet également d'apprécier la performance des cinq artistes.
J'ai particulièrement apprécié la touche d'humour apportée au spectacle. N'étant pas forcément calée sur les classiques musicaux, j'ai beaucoup aimé découvrir via cette version revisitée avec originalité et modernité, dans un jeu et une mise en scène efficaces et comiques.
Pourquoi il faut y aller : ne serait-ce que pour la performance de chacun des artistes sur scène ! S'ajoute à cela beaucoup d'originalité, de l'humour, ainsi qu'une belle générosité avec les spectateurs, qui rendent le spectacle d'autant plus attractif, et qui en font une agréable pause musicale à ne pas manquer !
Que penser d’un tel éclectisme, ils sont barjots ? Oui un peu. Ils sont téméraires ? Sans doute. Audacieux ? ben vi hein. Alors qu’en penser vraiment ? Rien. Il faut savourer leur qualité vocale inouïe, écouter leur musicalité polyphonique impeccable et se laisser prendre au jeu de ce spectacle un bon peu burlesque, un rien déjanté, un peu beaucoup débridé et très bon techniquement.
Le tout est enrobé d’une permanente dérision qui ne gâche ni les attaques, ni les accords, ni les terminaisons. De la bonne et belle musique. Des virtuoses.
D’une adresse incroyable, travaillée dans le détail, à la respiration près, les CINQ DE CŒUR semble prendre autant de plaisir qu’ils en donnent. Le public est conquis, participe, sait se faire silencieux pour ne rien perdre des moments dédiés à l’écoute et rit des gags, des astuces scéniques et vocales, des postures de pantomime qui traversent ce CONCERT SANS RETOUR.
Ils maitrisent leurs effets comme des clowns leurs entrées. D’ailleurs, il y a du clown dans leurs personnages comme il y a des personnages dans leurs clowns ! Pas étonnant, la mise en scène est assurée pour ce spectacle par Meriem Menant (Emma la Clown). Et ça le fait !...
Soit ils sont fous, soit ils sont bons. Un exemple ? Imaginez un quintette en pleine polyphonie d’une pièce de Bach, chantée avec couleurs et excellence. Tout à coup, sans coup férir, voilà les deux sopranos qui s’interpellent discrètement puis de façon plus marquée (les trois autres poursuivent la partition sans aucune faille). L’un des chanteurs leur fait comprendre que « non mais ça va pas, alors ? » tout en continuant de chanter. Les sopranos se reprennent et tous les cinq poursuivent. La musique n’a pas bougée.
Ce gag est emblématique de l’esprit de cette troupe, et c’est là tout leur art : Jouer avec la musique sans jamais la trahir. Faire rire oui mais toujours chanter avec une technique vocale et une maîtrise de jeux impeccables.
Ce chœur poursuit sa route depuis 1991 et semble n’avoir jamais quitté, jusqu’à ce septième spectacle, le parti de l’humour musical qui fait leur marque de fabrique. Il nous offre ici, un spectacle qui relie richesse musicale et burlesque, chanté et joué au cordeau, avec un plaisir évident de partage. Un très bon moment !