Bouvard et Pécuchet

Bouvard et Pécuchet
De Gustave Flaubert
Mis en scène par Jérôme Deschamps
Avec Micha Lescot
  • Micha Lescot
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Ils sont émouvants, tendres et drôles, Bouvard et Pécuchet, les deux cloportes porteurs de tous les poncifs, que Flaubert envoie à la bataille pour qu’ils éprouvent leur savoir, pour mieux régler ses comptes avec la bêtise de ses contemporains.

Redresseurs de torts, convaincus de l’imbécillité de la marche du monde et imbéciles eux-mêmes, ils vont pouvoir, grâce à un don du ciel, réaliser le rêve de leur vie.

Stéréotypes, clichés, idées toutes faites, préjugés en tout genre, stupidités et idioties, voilà leurs bagages.

 

Note rapide
7,3/10
pour 4 notes et 4 critiques
1 critique
Note de 1 à 3
25%
0 critique
Note de 4 à 7
0%
3 critiques
Note de 8 à 10
75%
Toutes les critiques
4 nov. 2017
3/10
11
Il y a tromperie sur la marchandise !!!

Attiré par le fait que la pièce se présentait comme une adaptation du roman de Flaubert, et par un excellent souvenir de la m.e.s. d'Un Fil à la Patte par Jérôme Deschamps à la Comédie française, je me faisais une fête de voir ce spectacle.

Qu'ai-je vu ? 1h1/2 de pitreries poussives, sorties des fonds de tiroir des anciens spectacles de Deschamps (recyclage des mêmes effets comiques qu'il ressasse depuis 30 ans : grand comptoir, assiettes cassées, objets jetés, sorties de scène ponctuées de bruits de verre brisé, borborygmes,...).
Du texte de Flaubert, il ne reste rien ou presque : Bouvard et Pécuchet sont réduits à 2 pantins, le grand maigre et le petit gros, 2 abrutis qui se comportent en ivrognes et jouent tellement comme les Deschiens que Micha Lescot semble imiter François Morel.

Le roman dépeint deux petits bourgeois qui tentent de prendre part à la grande aventure de leur époque, armés de leurs seuls préjugés (d’où le Dictionnaire des idées reçues, qui complète le roman) et d’un savoir acquis par des lectures frénétiques. Tout cela est réduit à une grosse farce bruyante, ce qui rend inintelligilible le propos de Flaubert.

Les maigres rires qui fusent de la salle sont gênants : il suffit donc de faire le pitre avec un alibi culturel pour s'attirer les bonnes grâces de ces spectateurs ?
Heureusement, les brefs applaudissements montrent que le public semble ne pas apprécier tant que ça. Ce serait récompenser une imposture.
22 oct. 2017
8/10
10
Il faut y aller en s'attendant à retrouver l'humour des Deschiens plutôt qu'une fidèle adaptation de l'oeuvre de Flaubert... Mais il faut y aller parce que c'est vraiment drôle et parce que les rôles vont tellement bien à chacun des acteurs que leur jeu en est excellent. Il faut y aller enfin aussi parce que la mise en scène est dynamique et clownesque, ce qui permet de supporter les quelques vagues longueurs de cette pièce !
10 oct. 2017
8/10
9
L’un est aussi grand et dégingandé que l’autre est petit et trapu, tous deux portent un costume noir et des chapeaux melon. Aussi différents que possible, ces deux-là se rencontrent sur un banc et deviennent amis avant de partir s’installer à la campagne et tenter de devenir aussi savants qu’instruits, de tout expérimenter, et de rater, souvent, toujours.

Jérôme Deschamps s’empare du roman inachevé de Flaubert et l’adapte dans une sauce plus Deschiens que Flaubertienne, mais peu importe, on suppose que l’auteur se serait délecté de voir ses deux personnages rester toujours aussi picaresques, bêtement drôles et drôlement bêtes. Deschamps sera le petit, Micha Lescot, qui joue formidablement de son immense carcasse, sera le grand, tous deux sont évidemment bons amis et quand l’un y va l’autre le suit, que ce soit dans des expériences frénétiques (et ratées) que dans des élucubrations pathétiquement drôles. Avec Jérôme Pécuchet, les expériences deviennent aussi burlesques que désopilantes, clownesques que méchantes. Lui et Micha Bouvard, donc, forment un duo explosif où tous tout est permis pour briller et démontrer sa formidable intelligence, profondément enfouie sous une bien belle couche de bêtise et de prétention. Ils ne sont pas les seuls dans cette farce déjantée : Pauline Tricot et Lucas Hérault viennent apporter une couche supplémentaire de bêtise campagnarde sacrément hilarante : Pauline Tricot joue admirablement les simplettes, l’œil hagard, en ânonnant des monosyllabes tandis que Lucas Hérault joue les brutes campagnardes avec une placidité réjouissante.

En guise d’écrin à ce concentré de crétinerie, la scénographie toute en bleu et rouge, les costumes de Macha Makeïeff font de ce Bouvard et Pécuchet un savoureux moment d’humour décalé, d’une cocasserie qui frôle parfois le grand-guignolesque mais fait éclater de rire à bien plus d’une reprise.

Une renaissance pour ce roman posthume, agrémentée de quelques clins d’oeil plus actuels et savoureusement caustiques : on sourit, puis on rit, on finit par quasiment exulter tant ces quatre là se démènent avec une énergie et une sens du comique totalement barré, et, bien sûr, parfaitement maîtrisé.

Chapeau ! comme dit Bouvard.
4 oct. 2017
10/10
9
Quel plaisir de se laisser à nouveau plonger dans l’univers du théâtre de Jérôme Deschamps. C’est bienfaisant, drôlissime et au charme dingue d’une tendresse onirique et d’une poésie de l’illusion.

Tirée de l’œuvre de Flaubert, l’adaptation de Jérôme Deschamps s’empare du roman éponyme pour créer un spectacle truculent et clownesque, d’un pathétique résolument dédié au plaisir de rire, de sourire et de recommencer.

Flaubert écrit ce roman inachevé dans les années 1870 (il sera publié à titre posthume en 1881). Dans l’intention de décrire et de railler la bêtise humaine, il revendique sa volonté de tâter du comique. Il l’évoque précisément dans sa correspondance : « …/ je médite une chose où j’exhalerai ma colère. Oui, je me débarrasserai enfin de ce qui m’étouffe. Je vomirai sur mes contemporains le dégoût qu’ils m’inspirent, dussé-je m’en casser la poitrine ; ce sera large et violent ».

Flaubert l’écrit, Deschamps le montre ! Le ridicule ne tue pas mais qu’il est drôle et attachant quand il est singé ainsi. Les personnages ne sont jamais moqués, ils sont exagérés, pour mieux les voir dans leur grandiloquente surestime d’eux-mêmes ou dans leur petitesse sournoise.

Bouvard et Pécuchet sont deux badauds qui déambulent sur le boulevard. Ils font connaissance sur le banc public, ravis de découvrir qu’ils inscrivent tous deux leurs noms dans leurs chapeaux. Cette coïncidence les rapproche. Ils causent, ils devisent, ils s’ébaudissent de considérations plates comme des clichés et redondantes comme de banals stéréotypes.

Leurs centres d’intérêts communs sur tout et beaucoup de riens les lient comme l’ivresse lie deux pochards. Ils deviennent inséparables et vivront de vains mots en surenchères et d’aventures champêtres en soifs de tout savoir sans jamais rien comprendre.

Micha Lescot est d’un comique abouti, grand escogriffe en caoutchouc. Il forme aux côtés de Jérôme Deschamps, désopilant monsieur catastrophe, un duo de théâtre hilarant, impressionnant d’efficacité gouailleuse et caustique. Des Bouvard et Pécuchet que Flaubert aurait sans aucun doute aimé voir.

Une femme (Pauline Tricot) et un homme (Lucas Hérault) sont là pour illustrer leur environnement, subir leurs rages et leurs invectives, s’interposer dans leurs projets. Toujours étranges, toujours drôles.

Une kyrielle d’accessoires, de machineries loufoques, de bruits et de fumées campent le décor des situations grotesques où les gags s’enchainent et les répliques fusent.

Chroniques de la bêtise ordinaire, sublimant la couardise, la prétention et l’erreur par l’humour et l’autodérision, truffées de compassions sincères mais délirantes pour ses personnages, ce spectacle fleure bon la joie de rire.

Un temps de théâtre savoureux et délicieux.
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Notes détaillées (pour les plus courageux)
Texte
Jeu des acteurs
Rire
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor