- Théâtre contemporain
- Artistic Athévains
- Paris 11ème
BARBE BLEUE
- Artistic Athévains
- 45 bis, rue Richard-Lenoir
- 75011 Paris
- Voltaire (l.9)
Un conte subjuguant, drôle et troublant, pour les adultes de tous âges.
Don Elemirio Nibal y Milcar est un noble espagnol qui vit seul dans un hôtel de maître du 7ème arrondissement de Paris dont il ne sort jamais. Par le biais d'une annonce, il propose à la location une grande chambre très confortable et anormalement bon marché. Saturnine, jeune femme très vive d'esprit et passionnée d'art, vient présenter sa candidature et apprend que, si huit femmes ont déjà obtenu cette colocation, elles ont aussi disparu. Et on n'a plus jamais entendu parler d'elles...
Amélie Nothomb se saisit de la figure du Barbe-Bleue du conte sanglant de Perrault et l'inscrit dans une fiction contemporaine.L'héroïne est aussi moderne qu'elle est maline et irrévérencieuse et fera tout, en dépit des rumeurs et du danger, pour percer le secret de ce solitaire à la mélancolie presque envoûtante.
Quand une jeune fille aussi inoffensive que Boucle-d'or et aussi séductrice et vindicative que Dalila rencontre un étrange aristocrate solitaire et cultivé (et dangereux somme toute), qu'est-ce que cela produit ? Du mystère, beaucoup de mystère, du suspens, du fantastique, de l'humour aussi.
Il aurait sans doute fallu lire ce roman d'Amélie Nothomb car la compréhension de ce qu'elle a voulu transposer du conte dans son roman m'a échappé. Certes nous découvrons un homme inquiétant qui est lié à 8 disparitions de belles jeunes femmes à notre époque et dans un univers franchement décalé de notre réalité face à une jeune effrontée à la répartie cinglante. Mais on est vraiment très loin du conte.
Le décor à la fois glam et gothique (oui on peut mélanger ces genres !) pique un peu les yeux avec des tentures métallisées dorées un peu partout qui traduisent l'adoration du maître des lieux pour le métal doré. Heureusement, on se laisse prendre au charme de la mise en scène réussie de Frédérique Lanzarini, très onirique.
La distribution de la pièce est un peu mitigée :
Cédric Colas campe un majordome stylé, personnage doté un charme fou comme à son habitude.
Pierre Forest est un suspect fort réussi. Sa grosse voix nous laisse deviner toute la puissance et suffisance de son personnage.
Lola Zidi est l'héroïne de cette pièce, pétillante et dynamique à souhait, elle ne maîtrise toutefois pas assez sa voix quand elle crie ou monte dans les aigus et c'est dommage.
Helen Ley complète cette distribution et sa présence n'est pas non plus à la hauteur de ses compères.
Au final, l'histoire semble un peu longue avec des passages à vide et quelques fulgurances superbes.
Voilà un spectacle éblouissant, un conte rock qui marie des codes et des niveaux de jeux différents. On est parfois chez David Lynch ou Tim Burton , parfois dans les romans d' Edgar Poe. Avec des clins d'oeil irrésistibles à la culture Pop !
Et comme on entend bien le texte d' Amélie Nothomb! C'est décalé et gothique, c'est exceptionnellement inventif .
Brillamment maîtrisé et réalisé ! Bravo