Ayo

Royal est à la fois un nouveau départ et un retour aux sources, guidé par la foi instinctive d’Ayo. « Mon inspiration principale, c’est Dieu, explique-t-elle. Mais pas du point de vue théologique. Allah, Yaveh, Bouddha, Jah… Quel que soit son nom, il a toujours été là, avant l’invention des religions.

La lumière, tout ce qui apporte la foi et l’amour, c’est Dieu. » De quoi affronter un monde parfois trop cruel. En résulte un disque qui cherche la sérénité, qui cultive la possibilité d’être qui on veut, d’où l’on vienne.

 

Festival DJANGO REIHNARDT
77300 FONTAINEBLEAU

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3 juil. 2021
9,5/10
6
ROYAL !
C'est le titre du dernier album en date de Mademoiselle Joy Olasunmibo Ogunmakin, plus connue sous le pseudonyme de AYO.


ROYAL ! C'est l'un des nombreux épithètes qui pourraient qualifier le concert de ce soir.
Royal. Magnifique. Exceptionnel !


Mais quelle bonne idée, à priori étonnante, d’avoir songé à réunir sur un plateau ces trois artistes qui vont nous enchanter durant cette trop courte heure et quart :
- AYO, chant et guitare.
- Gaël Rakotondrabe, piano
- Samy Thiébault, sax ténor.

Ces trois-là vont purement et simplement nous envouter !
C’est la troisième fois seulement qu’ils se produisent ensemble en concert, et pourtant, une osmose totale, une cohérence, une évidence vont très vite se dégager.

AYO, "la fille à la guitare", comme elle dit souvent. Certes.
Mais AYO, c’est avant tout la voix.
Une voix chaude, ronde, sensuelle, avec ce timbre et ce petit souffle caractéristique qui la rendent unique.
Une voix à la tessiture impressionnante et aux multiples couleurs, de la douceur et la suavité pour chanter l’amour de son prochain, la tolérance, l’altérité, la différence et le respect, au growl le plus puissant lorsqu’elle crie la rage, la douleur ou la révolte.

Dès les premières notes, des frissons parcourent les dos bellifontains.
L’émotion est là, intense, réelle, sincère, très souvent bouleversante. Pas besoin d’effets inutiles.

De grands moments musicaux et humains nous attendent.

© Photo Y.P. -


Sur l'enthousiasmante partie rythmique et mélodique de Gaël Rakotondrabe, qui joue parfois en étouffant de la main les cordes de son Steinway & Sons, (on croirait alors entendre une kora africaine), Ayo et le jazzman Samy Thiébault vont entreprendre de subtils échanges.
La complémentarité voix-sax est manifeste.

Réponses, superpositions, solos inspirés du jazzman, un intense et passionnant dialogue musical se met en place, rendant originales et très réussies les réinterprétations des titres que l’on connaît, ou croyait connaître.

Ayo va nous dire, en notes et en mots, l’amour de l’Autre.
Solaire, lumineuse, elle rit beaucoup, même pour demander à l’ingénieur du son un peu plus de sa voix dans les retours.


Nous aurons droit à une douzaine de chansons, des « tubes ayesques » bien connus aux nouveautés du dernier album parmi lesquelles « Beautiful »
La chanteuse en profite pour faire passer un petit message bien senti : « La beauté intérieure ? Si vous êtes gentil, si vous avez envie de partager, vous êtes beau ! […] Ce qui est important, c’est ce que vous pouvez donner. On est UN ! »
Un message qui fait du bien, par les temps qui courent.

« Océan ». Une chanson pour dire sa passion pour « la mer qui est aussi notre mère ».
Pendant qu’elle chante, Samy Thiebault joue par moments des vagues montantes et descendantes de notes, illustrant musicalement ce que chante Ayo.
C’est vraiment très beau.

Retour aux fondamentaux. Voici une incroyable version de « Summertime », de Gerschwin.
Les années 30, la grande dépression aux USA, le quartier afro-américain de Charleston, en Caroline du Sud.
La discrimination. Pour ne jamais oublier.
Le titre sera enchaîné avec l’une de ses propres compositions tirée de l’album Joyful, « And it’s supposed to be love ».

« I think you know », nous dit Ayo pour annoncer une autre reprise : la célèbre chanson de Bobby Hebb « Sunny », écrite en 1963, quarante-huit heures après l’assassinat de JFK pour continuer à rechercher l’optimisme et montrer qu’il ne faut pas baisser les bras.
La version d’Ayo, devenue une lady of soul, enchante le public.

Et puis il y aura bien entendu l’incontournable titre-phare « Down on my knees », chanté en chœur par les innombrables fans.
Elle a repris la guitare, qu’elle utilise également comme instrument de percussion.
« A genoux, je t’en supplie, ne me quitte pas », disent les paroles… La chanteuse insère au passage celles de Brel… « Ne me quitte pas... », justement.

Sur ce titre, notamment, Gaël Rakotondrabe démontrera tout son savoir-faire et son talent de pianiste. Beaucoup plus qu’un simple accompagnateur, il assure une partie musicale essentielle pour permettre à ses deux camarades de s’exprimer.

Le trio sera longuement et logiquement applaudi lors du salut final.
Les trois musiciens expriment une dernière fois devant nous toute leur complicité, et leur joie d’être ensemble.


Quant à nous, nous sommes conscients d’avoir vécu un véritable moment de grâce.
Ces moments-là sont rares !
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Musique
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Emotions
Intérêt intellectuel
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