- Théâtre contemporain
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Article 353 du Code Pénal
AVIGNON 2025
Le comédien et metteur en scène Emmanuel Noblet, après avoir magnifié sur scène le roman de Maylis de Kerangal, Réparer les vivants, s’empare d’un autre chef-d’œuvre de la littérature contemporaine française : Article 353 du Code pénal de Tanguy Viel.
La rade de Brest, les rêves d’investissement des habitants du bourg, la faillite, l’escroquerie… Le décor de ce polar finistérien est planté. Pour avoir jeté à la mer le corps d’Antoine Lazenec, Martial Kermeur vient d’être arrêté par la police. Devant le juge, il retrace le cours des événements qui l’ont mené jusque-là. Dans cette version scénique au cordeau, les mots de Tanguy Viel, politiques et fulgurants, servis par l’impeccable Vincent Garanger, composent une œuvre théâtrale sensible.
Une réflexion sur l’empathie et la dignité.
Martial vient de passer par-dessus bord un homme au large de Brest. Il l’a tué et est présenté au juge. Martial va expliquer qu’il a tout perdu pour avoir investi dans une promotion immobilières gérée par cet homme. La promotion devait être le modernisme arrivé dans ce petit lieu. C’était le rêve assuré et l’affaire du siècle. Tout s’écroule quelques années après. Martial explique au juge l’histoire, le mécanisme du rêve vendu, la chute de l’opération immobilière et sa lutte perdue pour faire reconnaître l’arnaque.
Le texte analyse tout. Martial, dans son langage simple et pragmatique, démonte le mécanisme malheureusement fréquent. Il décrit la lutte du pot de fer contre le pot de terre. Il explique le temps, la rancœur, la colère grandissante, la construction du drame. Le texte nous met du côté de Martial et nous révolte. La fin nous renvoie sur le cas de conscience qui se pose.
L’interprétation d’Emmanuel Noblet est excellente. Il incarne à la perfection cet homme simple, taiseux et qui a toujours essayé de faire au mieux. Il nous rend touchant et valeureux cet homme qui a tout perdu.