- Théâtre contemporain
- Théâtre de la Tempête
- Paris 12ème
Alice de l'autre côté du mur

- Théâtre de la Tempête
- Route du Champ-de-Manœuvre
- 75012 Paris
- Château de vincennes (l.1)
Moins connu qu’Alice au pays des merveilles, cette suite de Lewis Carroll lance la jeune héroïne sur un échiquier initiatique des plus baroques, jonglant avec la fantaisie, l’étrangeté et l’ambivalence. Le temps, l’espace et la langue sont littéralement retournés, formant un trio inquiétant.
Les repères s’évanouissent, le sentiment d’étrangeté gagne du terrain. « L’autre côté », c’est le cœur de la machine théâtrale proposée par Charlie Windelschmidt et son équipe Dérézo. Thématique exigeante, elle est, dans cette adaptation, revendiquée comme une faille ambiguë au creux de laquelle je peux voir, et me voir, si j’accepte de perdre ma place.
C’est donc de ce voyage insensé qu’il s’agira : se dé-placer pour se re-placer et peut-être, enfin, attraper quelque chose, entendre une musique, une idée ou un rire... En passant de l’autre côté, Alice la rebelle, fera huit rencontres fantastiques. Dans ce qui semble être le souvenir d’un EHPAD, ces figures ambigües, seront les seules capables d’aider Alice à poser un pied du côté du sens. Elle peut alors se poser tendrement la question : Qui être ?
A la suite de cette moderne héroïne, les spectateurs seront invités, dans la joie et la fête, à une procession inhabituelle pour entrer en conscience dans le théâtre et retrouver peut-être ainsi, leur place symbolique...
La fillette va vivre une nouvelle aventure en passant à travers un miroir qui l’amène dans un monde à l’envers. La compagnie Dérézo a décidé de pousser la réflexion autour de son identité en utilisant l’univers fantasque de l’auteur considéré comme l’un de père du surréalisme. Elle va faire souffler un vent de modernité par sa réalisation et ces interpellations. Car contre toute attente, notre héroïne, qui n’est plus une petite fille, se retrouve dans un univers des plus étranges puisqu’elle arrive dans un EHPAD. Nous ne sommes plus vraiment dans un conte enfantin. On va déstabiliser le spectateur qui va devoir suivre Alice suivre les cases d’un échiquier imaginaire qui la confronte à six vieillards. Ne vous attendez pas à des rencontres standards. Déjà, nous sommes confrontés à des comédiens qui portent des masques et des costumes qui modifient considérablement leur apparence. Ils ont certes le physique de personne du 3ème et 4ème âge mais porte sur eux les stigmates d’un passé. Un face à face qui a de quoi désarçonner.
Progressivement, les péripéties débutent et montrent l’ingéniosité d’une mise en scène. On déroule un tapis au sol, on met un comédien couché sur le dos avec les genoux pliés et on fait descendre un miroir du plafond légèrement incliné. Et voilà qu’une illusion d’un homme assis les jambes dans le vide nous apparaît. Charlie Windelschmidt propose un univers très graphique, drôle et inquiétant à la fois. Tout est là pour nous étonner, pour nous prendre au détour de nos certitudes. Chloé Lavaud-Almar est la seule qui évolue à visage découvert nous emporte dans ces doutes, ces peurs et ses indécisions. Les cinq autres interprètes (Anaïs Cloarec, Anne-Sophie Erhel, Véronique Héliès, Alice Mercier et Valéry Warnotte) l’aide à aide dans une sombre lumière. Puis nous nous interrogeons aussi sur la réalité et les illusions auxquelles nous nous attachons. Qui être alors s’il ne faut plus « jouer à être » ? La réponse est-elle dans les mots, la sémantique ?