Critiques pour l'événement Zoo
Sous le soleil des Tropis…
Ou quand Emmanuel Demarcy-Mota s’empare du texte de Vercors, qui signa lui-même l’adaptation théâtrale de son roman Les animaux dénaturés, pour nous proposer une vertigineuse réflexion quant à notre condition humaine.
Qu’est-ce qu’un Homme, après tout ? Qui peut bien répondre de façon claire et définitive à cette courte et tellement si profonde question ?
Quelle est la différence entre cet homme-là et un animal ?
Les Tropis, donc.
Les Paranthropus Erectus (invention de l’auteur), le chaînon manquant entre le singe et l’homme. L’être qui se situe à la grande fourche de l’arbre généalogique initial.
L’expédition du Professeur Greame l’a trouvé ce chaînon manquant-là. Avec en prime une idée soi-disant géniale : inséminer une femelle Tropi avec les gamètes du journaliste Douglas Templemore, pour voir si la descendance serait humaine. Ou pas.
Douglas Templemore, une fois le « bébé » né, va utiliser la strychnine pour mettre fin à la vie du petit être. Afin d’instaurer le débat.
Toute la question est donc de savoir s’il a tué un être humain ou d’un animal.
Nous allons donc assister à un procès d’assises : les jurés devront répondre à cette terrible question, afin d’accabler ou d’innocenter le journaliste.
Le verdict tombera à la presque toute fin de la pièce.
Plusieurs moments du procès vont nous être dévoilés, de façon à mettre en perspective toutes les implications de ce terrible événement.
Les dimensions philosophique, scientifique, morale, économique également seront évoquées.
La condition humaine sera auscultée à l’aune des avis d’un médecin de famille, d’un médecin légiste, d’un prêtre, d’une anthropologue, sans oublier celui d’un capitaine d’industrie ô combien capitaliste.
Avec ce roman écrit au sortir de la deuxième guerre mondiale, le résistant que fut Vercors entendait bien par là aborder la question de privation de cette condition humaine, la question de race, dont les théoriciens nazis avaient apporté les plus horribles des réponses.
Questionner et révéler pour ceux qui ignoraient encore, ou feignaient d’ignorer...
Aujourd'hui, cette pièce est une commande faite au patron du Théâtre de la ville par le Musée d’’Orsay, à l’occasion de l’exposition « Les origines du Monde ».
Quatre conseillers scientifiques ont apporté leur caution à cette entreprise artistique, afin de nous proposer de mettre en perspective ces interrogations par le prisme de notre contemporanéité et d’une projection dans l’avenir proche.
Le texte de Vercors est augmenté d’une scène, concernant notre statut actuel, et les bouleversements imminents qui nous attendent, faisant de nous un Homme « augmenté », ou un Homme 2.0 : que feront de nous les progrès de la médecine, des sciences, des techniques numériques et autres révolutions « GAFAïennes » ?
« Serons-nous encore des humains ? » nous lance à la figure un comédien...
Emmanuel Demacy-Mota a judicieusement choisi de nous plonger dans une obscure clarté, ou une pénombre lumineuse. Au choix.
Nous aurons l’impression d’être plutôt dans une salle de musée sombre que dans un prétoire, avec des éclairages très précis, très ciblés, avec de fins pinceaux lumineux ou des faisceaux latéraux éclairant dee façon très crue des petits coins de plateaux, ou seulement les personnages.
Il faut rendre hommage à Christophe Lemaire et Yves Collet, qui signent ces lumières pouvant donner un côté froid totalement assumé au spectacle.
Les faits, rien que les faits, les faits scientifiques dans leur intense révélation lumineuse.
Seul un fond vidéo orange apportera de vrais moments « chauds », correspondant aux flash-backs mettant en scène l’expédition scientifique mentionnée ci-dessus.
Les comédiens se détachent alors en contre-jour, un peu à la Bob Wilson. C’est très beau.
Autre parti pris scénographique très réussi : l’utilisation de projections video, en direct ou en images déjà enregistrées, sur un ou plusieurs rideaux de tulle, ce qui donne un effet de profondeur très réussi.
Les comédiens, donc.
Qui jouent, mais qui nous regardent, nous auscultent nous aussi.
Parce que nous serons les cobayes, les pris-à-témoins, les pris-à-partis, les sujets d’observation, également.
La scène aux lampes de poche est très réussie. Je n’en dis pas plus.
Parfois pourvus de très beaux masques animaliers que l’on doit à Anne Leray, ils sont qui les membres du jury, qui les magistrats, qui les scientifiques.
Irréprochables, les onze membres de la troupe du Théâtre de la Ville sont tous au service de ce texte étonnant.
Je n’aurai garde d’oublier de mentionner le magnifique son de Flavien Gaudon, qui utilise un logiciel de spatialisation et le système acoustique 7.0 de la salle pour nous plonger au cœur du sujet.
Nous entendons des cris d’animaux à cour, à jardin, derrière nous, ou bien nous "visualisons" avec nos oreilles le passage d’un avion de ligne.
Un travail de grande précision.
Lorsque vous réserverez vos places, essayez d’obtenir une place dans l’axe médian du plateau. C’est également un spectacle qui doit s’écouter attentivement.
Voici donc un impressionnant moment de théâtre, pleinement réussi tant sur la forme que sur le fond, et qui nous permet en ces temps difficiles de prendre un recul nécessaire et salvateur sur notre condition d’êtres humains.
Ou quand Emmanuel Demarcy-Mota s’empare du texte de Vercors, qui signa lui-même l’adaptation théâtrale de son roman Les animaux dénaturés, pour nous proposer une vertigineuse réflexion quant à notre condition humaine.
Qu’est-ce qu’un Homme, après tout ? Qui peut bien répondre de façon claire et définitive à cette courte et tellement si profonde question ?
Quelle est la différence entre cet homme-là et un animal ?
Les Tropis, donc.
Les Paranthropus Erectus (invention de l’auteur), le chaînon manquant entre le singe et l’homme. L’être qui se situe à la grande fourche de l’arbre généalogique initial.
L’expédition du Professeur Greame l’a trouvé ce chaînon manquant-là. Avec en prime une idée soi-disant géniale : inséminer une femelle Tropi avec les gamètes du journaliste Douglas Templemore, pour voir si la descendance serait humaine. Ou pas.
Douglas Templemore, une fois le « bébé » né, va utiliser la strychnine pour mettre fin à la vie du petit être. Afin d’instaurer le débat.
Toute la question est donc de savoir s’il a tué un être humain ou d’un animal.
Nous allons donc assister à un procès d’assises : les jurés devront répondre à cette terrible question, afin d’accabler ou d’innocenter le journaliste.
Le verdict tombera à la presque toute fin de la pièce.
Plusieurs moments du procès vont nous être dévoilés, de façon à mettre en perspective toutes les implications de ce terrible événement.
Les dimensions philosophique, scientifique, morale, économique également seront évoquées.
La condition humaine sera auscultée à l’aune des avis d’un médecin de famille, d’un médecin légiste, d’un prêtre, d’une anthropologue, sans oublier celui d’un capitaine d’industrie ô combien capitaliste.
Avec ce roman écrit au sortir de la deuxième guerre mondiale, le résistant que fut Vercors entendait bien par là aborder la question de privation de cette condition humaine, la question de race, dont les théoriciens nazis avaient apporté les plus horribles des réponses.
Questionner et révéler pour ceux qui ignoraient encore, ou feignaient d’ignorer...
Aujourd'hui, cette pièce est une commande faite au patron du Théâtre de la ville par le Musée d’’Orsay, à l’occasion de l’exposition « Les origines du Monde ».
Quatre conseillers scientifiques ont apporté leur caution à cette entreprise artistique, afin de nous proposer de mettre en perspective ces interrogations par le prisme de notre contemporanéité et d’une projection dans l’avenir proche.
Le texte de Vercors est augmenté d’une scène, concernant notre statut actuel, et les bouleversements imminents qui nous attendent, faisant de nous un Homme « augmenté », ou un Homme 2.0 : que feront de nous les progrès de la médecine, des sciences, des techniques numériques et autres révolutions « GAFAïennes » ?
« Serons-nous encore des humains ? » nous lance à la figure un comédien...
Emmanuel Demacy-Mota a judicieusement choisi de nous plonger dans une obscure clarté, ou une pénombre lumineuse. Au choix.
Nous aurons l’impression d’être plutôt dans une salle de musée sombre que dans un prétoire, avec des éclairages très précis, très ciblés, avec de fins pinceaux lumineux ou des faisceaux latéraux éclairant dee façon très crue des petits coins de plateaux, ou seulement les personnages.
Il faut rendre hommage à Christophe Lemaire et Yves Collet, qui signent ces lumières pouvant donner un côté froid totalement assumé au spectacle.
Les faits, rien que les faits, les faits scientifiques dans leur intense révélation lumineuse.
Seul un fond vidéo orange apportera de vrais moments « chauds », correspondant aux flash-backs mettant en scène l’expédition scientifique mentionnée ci-dessus.
Les comédiens se détachent alors en contre-jour, un peu à la Bob Wilson. C’est très beau.
Autre parti pris scénographique très réussi : l’utilisation de projections video, en direct ou en images déjà enregistrées, sur un ou plusieurs rideaux de tulle, ce qui donne un effet de profondeur très réussi.
Les comédiens, donc.
Qui jouent, mais qui nous regardent, nous auscultent nous aussi.
Parce que nous serons les cobayes, les pris-à-témoins, les pris-à-partis, les sujets d’observation, également.
La scène aux lampes de poche est très réussie. Je n’en dis pas plus.
Parfois pourvus de très beaux masques animaliers que l’on doit à Anne Leray, ils sont qui les membres du jury, qui les magistrats, qui les scientifiques.
Irréprochables, les onze membres de la troupe du Théâtre de la Ville sont tous au service de ce texte étonnant.
Je n’aurai garde d’oublier de mentionner le magnifique son de Flavien Gaudon, qui utilise un logiciel de spatialisation et le système acoustique 7.0 de la salle pour nous plonger au cœur du sujet.
Nous entendons des cris d’animaux à cour, à jardin, derrière nous, ou bien nous "visualisons" avec nos oreilles le passage d’un avion de ligne.
Un travail de grande précision.
Lorsque vous réserverez vos places, essayez d’obtenir une place dans l’axe médian du plateau. C’est également un spectacle qui doit s’écouter attentivement.
Voici donc un impressionnant moment de théâtre, pleinement réussi tant sur la forme que sur le fond, et qui nous permet en ces temps difficiles de prendre un recul nécessaire et salvateur sur notre condition d’êtres humains.
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