Critiques pour l'événement Une nuit entière
10 avr. 2023
8,5/10
18
Voici Marisa, comédienne aux allures de Diva, qui nous plonge dans son histoire prenante et surprenante comme le sont ces romances bousculées et déchirantes où les illusions de l’amour se mêlent aux désillusions de la vie. Et voici Victor, médecin d’aujourd’hui, amoureux d’hier.

« Marisa, actrice à succès, est au bord du gouffre. Son partenaire de vie et binôme artistique vient de la quitter. Elle croise Victor, un amour de jeunesse. »

Cette rencontre fortuite vient percuter le moment cruel qui suit tout en solitude celui de la séparation, déclenchant les souvenirs, attisant l’espoir de l’apaisement.

De bonds en sursauts charriant contradictions et paradoxes, nous plongeons volontiers dans cette fiction au parfum complice de nos propres expériences. Devant cette femme en souffrance, cachant son désespoir dans des postures de star à l’extravagance sarcastique et à l’ironie autoflagellante et cet homme qui essaye simplement d’être lui et qui tente de garder l’équilibre dans une gite compromettante.

Un récit qui semble nous tendre un miroir pour nous inviter à la réflexion. Une incursion discrète aux allures d’introspection sur les liens qui attachent les uns aux autres, les détachent ou les retiennent à l’amour.

Marisa et Victor chemineront-ils ensemble ou sont-ils juste à la croisée de leurs chemins ? À quoi assistons-nous ? simple réminiscence de désirs anciens ? chantage affectif ? recherche de protection ou de nouveau départ ?… Cri ou oubli ? Puits ou tunnel ?

Codrina Pricopoaia signe une mise en scène sobre centrée sur le texte. Elle compose les situations de telle sorte que nous assistons tout à la fois aux éclats et aux affres des sentiments et des ressentiments des personnages, et aux atours veloutés de la relation entre deux êtres qui se retrouvent, cherchent à s’apprivoiser et espérer se comprendre. À noter, cette très jolie scène où Marisa et Victor sont filmés en direct, laissant aux silhouettes et à leurs voix off le soin de nous entreprendre.

Codrina Pricopoaia interprète Marisa avec adresse. Elle passe avec fluidité de l’exubérance outrancière de la Diva aux affres plus intimes de la femme livrée à son sentiment d’humiliation, sa profonde frustration et sa peur de l’abandon.

Geoffroy Vernin est Victor. Très juste et convaincant. Il fait passer son personnage par tous les stades du doute et de la certitude, de la compromission et de l’assurance, le tout avec une sensibilité palpable et émouvante.

Une histoire riche et prenante. Une mise en vie et une interprétation réussies. Un spectacle agréable. À voir sans hésiter.
29 mars 2023
8/10
18
Vêtue d’un joli kaftan, un verre à la main, ivre morte, Marisa a l’air de tenir l’alcool, mais elle se sent brisée. Elle se souvient à peine qu’elle a appelé un illustre médecin en urgence, mais voilà c’est Victor qui pour son malheur se présente, il est médecin et à fort à faire avec ce personnage, délirante, agressive. Marisa, comédienne reconnue mais hélas plaquée par son compagnon, qui est aussi son metteur en scène, que va-t-elle devenir ? Vie professionnelle et vie privée tout cela va être bien compliqué…

Victor la connait et lui rappelle leurs années de fac, il va se faire « croquer » par cette diablesse, tête à claques, manipulatrice, dont on ne sait pas vraiment si elle se contrôle ou si elle joue éternellement la comédie !

Au fond, cette histoire démontre que l’on n’est pas obligé de dépendre de l’autre, on peut très bien vivre sa vie, bien sûr pas facile à dire ni à faire, mais l’important n’est-il pas de se retrouver ?

Codrina Pricopoaia (une nouvelle Elvire Popesco !) signe la mise en scène de sa compatriote, c’est joyeux, triste, cynique, Geoffroy Vernin campe avec justesse et délicatesse, l’amour de jeunesse complétement dépassé, le timide Elhem Raw est présent pour les vidéos et la prise de vues.

Encore une belle histoire d’Ana-Maria Bamberger à découvrir et méditer.