Critiques pour l'événement Scala
24 sept. 2018
7/10
5
Le circassien et poète Yoann Bourgeois propose, en ouverture de cette si attendue nouvelle salle, un spectacle étonnant et techniquement innovant. Le décor est monochrome, presque invisible mais l’on sent déjà qu’il est composé de recoins, de pièges et de surprises.

On est parfois amusé, souvent étonné et assez charmé par cette performance douce et lancinante.
Les corps semblent à la fois aériens, malléables et informes. Les individus, interchangeables, transformables, manipulables et déshumanisés, paraissent n’avoir aucune maîtrise sur eux-mêmes. Les objets, inlassablement, leur imposent leur loi dans un cycle infini.

Dans ce spectacle intriguant, il manque malheureusement une pointe d’émotion qui aurait pu rendre l’ensemble grandiose. On comprend le sens, on appréhende le beau mais tout reste à distance et ne nous touche pas.
Cela reste un moment agréable et une bonne occasion de voir enfin cette magnifique nouvelle salle.
23 sept. 2018
7/10
7
C’est fluide, léger, plein d’agilité, avec quelques moments de flottements.

J’ai plutôt aimé la performance dans l'ensemble, même si j'ai trouvé certains passages lents et répétitifs. La présence d’objets tels des « wakouwas », qui se forment et se déforment, anime cette mise en scène de Yoann Bourgeois.
22 sept. 2018
7/10
16
Le jeune acrobate metteur en scène va vous emmener dans une bulle de probabilité quantique. Un homme basket, chemise à carreaux, jean, tee-shirt blanc et une femme short jaune et haut gris arrivent sur scène. En un instant, on va rencontrer plusieurs versions d’une même personne à plusieurs moments. Ces autres qui se ressemblent se croisent, s’imitent, s’évitent, chutent… Il faut saluer la performance des sept artistes : Mehdi Baki, Valérie Doucet, Damien Droin, Nicolas Fayol, Emilien Janneteau, Florence Peyrard et Lucas Struna.

Le décor prend vie. Un cadre tombe. Puis comme par magie, les chaises, une table, un meuble s'effondrent pour mieux se relever. Le sol s'ouvre par endroit et aspirent les sosies. Le plateau est mouvant comme pour mieux jouer des déséquilibres. Des mains sortent même du sol, rapidement chassées par des coups de balai. Les corps se désarticulent. Un tableau se déroule au coeur de ce gigantesque escalier centrale. Ils descendent happés vers la disparition où essaient de rebondir. Magnifique jeu de glissage par l'une des comédiennes qui épouse à merveille chaque marche. 

Deux grands trampolines permettent des envolés tels des aspirations célestes. Une installation qu'apprécie Yoann Bourgeois comme dans "L'art de la fugue". Le temps s'enfui si vite et à peine le spectacle commencé que l'on doit partir. L'heure est passée sans que l'on se rende compte des minutes qui défilent. On se laisse porter dans cette atmosphère poétique. La musique de Eels et de Radiohead avec le magnifique morceau Daydreaming nous guide dans le songe d'un artiste rêveur. 

Yoann Bourgeois continuera de proposer des voyages vers l'étonnement. Alors n'oubliez pas de prendre votre ticket.
18 sept. 2018
7/10
7
Pour la soirée inaugurale et le début de saison, la Scala a invité Yoann Bourgeois à créer un spectacle en l’honneur de la renaissance du lieu. C’est donc avec un spectacle très plastique et très visuel que Yoann Bourgeois ouvre la saison. Entre acrobatie, équilibrisme et désarticulation des corps, le spectacle laisse place à diverses interprétations mais surtout à de nombreuses images.

Parfois cruelles et répétitives comme cette chaîne de pantins dévalant l'escalier trônant en milieu de scène dans un flot continu et lent. Cette image m’a donné l’impression indistincte mais pesante d’un monde de "morts vivants" avançant dans un but inconnu et dans une mécanique sans but, comme une routine angoissante. A cela s’est opposé les images des corps tombant sur les trampolines avec grâce et abandon avant que les hommes se soulèvent pour retomber sur leurs pieds. Les rares échanges parlés ne permettent pas non plus d’établir un propos clair mais sont plutôt des sons au même titre que les bribes de chansons et les extraits sonores. La mécanique des objets et des machines dans un lieu modulable à l’infini comme la Scala se promet de l’être faisait donc à mon sens l’objet le plus clair de cette démonstration scénique et visuelle qui restait finalement assez peu diserte.

J’ai globalement aimé mais sans vraiment y penser, en me coulant dans le spectacle comme dans un bain, sensible à l’impression de doux bercement qu'il me donnait mais sans me sentir totalement concernée ou impliquée. Des images furtives d'une grande beauté visuelle n'auront pas suffit à vraiment me convaincre !