Critiques pour l'événement On s'en va, Krzysztof Warlikowski
Pas de mariages, mais beaucoup d'enterrements !
C'est la deuxième fois que Krzysztof Warlikowski s'empare d'un texte du dramaturge Hanokh Levin.
Après avoir mis en scène en 2003 Kroum l'ectoplasme, cette fois-ci, le metteur en scène a adapté l'auteur israëlien.
Il a pioché ici et là, dans ses différentes comédies, mais principalement dans Sur les valises, ce qui allait devenir On s'en va.
Le texte, publié aux éditions Théâtrales-Maison Antoine Vitez, fait partie d'un recueil intitulé « Comédies grinçantes ».
Nous n'allons pas tarder à comprendre pourquoi.
Oui, ces personnages sont grinçants.
Tous ces habitants de Varsovie, plus ou moins déjantés, à la dérive, tous ont une obsession : partir. Se casser, mettre les bouts, se carapater, décamper. S'évader.
Parmi les quelque dix-neuf composants de cette micro-société de loosers magnifiques, on trouve notamment une prostituée en culotte de peau allemande de couleur rose, un bossu blond à la coiffure mulet et au costume rouge vif, des veuves de bridge, une mère plus ou moins nymphomane, un travesti à la fesse droite tatouée, un bellâtre au chapeau mou, ou encore une touriste blonde à la recherche de ses origines filmant en permanence pour les réseaux sociaux sa trépidante vie.
Tous veulent s'échapper donc. Tous veulent partir de Pologne, notamment pour se retrouver dans cette terre promise fantasmée qu'est la Suisse. Tous, et ce, toutes générations confondues, ont leurs valises prêtes pour un monde meilleur.
Mais le voyage, pour certains, sera ultime.
Nous allons assister pendant trois heures à une jubilatoire série de décès et de cérémonies funèbres elles aussi déjantées.
Krzysztof Warlikowski va nous faire rire.
Avec des situations tirant souvent sur le grotesque, avec ces femmes et ces hommes pour le moins allumés, pour reprendre un terme à la mode, nous allons nous amuser de ces morts en série.
Ces départs, voulus, subis, ou fortuits, vont être le prétexte pour le metteur en scène de nous embarquer dans sa propre vision du départ.
Pour lui, tous « les départs sont ratés par nature ». Les départs positifs, ou négatifs.
Tous ratés ? Non, un seul est vraiment réussi : l'ultime départ, lot de chaque être humain.
Bien entendu, Warlikowski nous livre une puissante métaphore sur un départ qu'il pratique souvent : le départ de son propre pays, la Pologne.
Il est très bien placé pour nous dire dans sa note d'intention que la Pologne, de plus en plus liberticide, se dirige vers la sortie de l'Union Européenne (elle aussi...) et surtout vers une forme de fascisme.
Treize ans après sa première confrontation avec Levin, la vie polonaise est beaucoup plus difficile.
Avec une Eglise qui rend furieux le metteur en scène.
Pour autant, lui qui a jadis quitté son pays pour étudier, qui passe beaucoup de temps par son métier à l'étranger, lui revient toujours à Varsovie.
Sur le plateau, tous les comédiens vont déployer une énergie phénoménale à incarner ces hommes et ces femmes en partance. Ils ne vont vraiment pas ménager leur peine.
Nous retrouvons tout ce qui fait le « style Krzysztof Warlikowski ».
- les lavabos, les cuvettes de toilettes blancs. Incontournables.
- les dispositifs amovibles matérialisant des espaces définis. (Ici, en l'occurrence les toilettes ou le funérarium qui se rapproche au fur et à mesure des cérémonies).
- la mise en scène très cinématographique, avec de la vidéo, des musiques lancinantes et minimalistes évoquant certains films très spécialisés...
(A propos de musique, certains passages sont diffusés à très fort volume. Qu'on se le dise )
Avec toujours cette impression que la direction d'acteurs est réalisée en permanence par le prisme d'une caméra.
La formidable troupe du Nowy Teatr de Varsovie est pour beaucoup dans la réussite de cette entreprise dramaturgique.
Krzysztof Warlikowski nous embarque donc avec brio et sa maîtrise habituelle dans un voyage engagé, acide et drôle.
Une nouvelle fois, ce spectacle fait partie de ceux qui ne laissent personne indifférent.
Un très beau et très intense moment de théâtre !
Sans compter que l'on apprend, cerise sur le gâteau, qu'au Paradis on mange des esquimaux glacés !
C'est la deuxième fois que Krzysztof Warlikowski s'empare d'un texte du dramaturge Hanokh Levin.
Après avoir mis en scène en 2003 Kroum l'ectoplasme, cette fois-ci, le metteur en scène a adapté l'auteur israëlien.
Il a pioché ici et là, dans ses différentes comédies, mais principalement dans Sur les valises, ce qui allait devenir On s'en va.
Le texte, publié aux éditions Théâtrales-Maison Antoine Vitez, fait partie d'un recueil intitulé « Comédies grinçantes ».
Nous n'allons pas tarder à comprendre pourquoi.
Oui, ces personnages sont grinçants.
Tous ces habitants de Varsovie, plus ou moins déjantés, à la dérive, tous ont une obsession : partir. Se casser, mettre les bouts, se carapater, décamper. S'évader.
Parmi les quelque dix-neuf composants de cette micro-société de loosers magnifiques, on trouve notamment une prostituée en culotte de peau allemande de couleur rose, un bossu blond à la coiffure mulet et au costume rouge vif, des veuves de bridge, une mère plus ou moins nymphomane, un travesti à la fesse droite tatouée, un bellâtre au chapeau mou, ou encore une touriste blonde à la recherche de ses origines filmant en permanence pour les réseaux sociaux sa trépidante vie.
Tous veulent s'échapper donc. Tous veulent partir de Pologne, notamment pour se retrouver dans cette terre promise fantasmée qu'est la Suisse. Tous, et ce, toutes générations confondues, ont leurs valises prêtes pour un monde meilleur.
Mais le voyage, pour certains, sera ultime.
Nous allons assister pendant trois heures à une jubilatoire série de décès et de cérémonies funèbres elles aussi déjantées.
Krzysztof Warlikowski va nous faire rire.
Avec des situations tirant souvent sur le grotesque, avec ces femmes et ces hommes pour le moins allumés, pour reprendre un terme à la mode, nous allons nous amuser de ces morts en série.
Ces départs, voulus, subis, ou fortuits, vont être le prétexte pour le metteur en scène de nous embarquer dans sa propre vision du départ.
Pour lui, tous « les départs sont ratés par nature ». Les départs positifs, ou négatifs.
Tous ratés ? Non, un seul est vraiment réussi : l'ultime départ, lot de chaque être humain.
Bien entendu, Warlikowski nous livre une puissante métaphore sur un départ qu'il pratique souvent : le départ de son propre pays, la Pologne.
Il est très bien placé pour nous dire dans sa note d'intention que la Pologne, de plus en plus liberticide, se dirige vers la sortie de l'Union Européenne (elle aussi...) et surtout vers une forme de fascisme.
Treize ans après sa première confrontation avec Levin, la vie polonaise est beaucoup plus difficile.
Avec une Eglise qui rend furieux le metteur en scène.
Pour autant, lui qui a jadis quitté son pays pour étudier, qui passe beaucoup de temps par son métier à l'étranger, lui revient toujours à Varsovie.
Sur le plateau, tous les comédiens vont déployer une énergie phénoménale à incarner ces hommes et ces femmes en partance. Ils ne vont vraiment pas ménager leur peine.
Nous retrouvons tout ce qui fait le « style Krzysztof Warlikowski ».
- les lavabos, les cuvettes de toilettes blancs. Incontournables.
- les dispositifs amovibles matérialisant des espaces définis. (Ici, en l'occurrence les toilettes ou le funérarium qui se rapproche au fur et à mesure des cérémonies).
- la mise en scène très cinématographique, avec de la vidéo, des musiques lancinantes et minimalistes évoquant certains films très spécialisés...
(A propos de musique, certains passages sont diffusés à très fort volume. Qu'on se le dise )
Avec toujours cette impression que la direction d'acteurs est réalisée en permanence par le prisme d'une caméra.
La formidable troupe du Nowy Teatr de Varsovie est pour beaucoup dans la réussite de cette entreprise dramaturgique.
Krzysztof Warlikowski nous embarque donc avec brio et sa maîtrise habituelle dans un voyage engagé, acide et drôle.
Une nouvelle fois, ce spectacle fait partie de ceux qui ne laissent personne indifférent.
Un très beau et très intense moment de théâtre !
Sans compter que l'on apprend, cerise sur le gâteau, qu'au Paradis on mange des esquimaux glacés !
Dans le même genre