Critiques pour l'événement On purge Bébé, Émeline Bayart
Quelle atmosphère hier soir devant le Théâtre de l'Atelier où chaque spectateur a conscience que c'est peut-être une des dernières fois avant longtemps qu'il se rend au théâtre à un horaire "classique".
C'est en effet ce soir là que le gouvernement va annoncer de nouvelles mesures pour lutter contre la propagation du Covid.
Mais avant cela, place à la comédie avec On purge bébé ? dont la présentation vient d’avoir lieu devant le public parisien, après une création au théâtre Montansier de Versailles. J’ajoute qu’une longue tournée est d’ores et déjà prévue, avec notamment pour étape le Théâtre Firmin Gémier La Piscine de Chatenay-Malabry (92) qui est un des co-producteurs.
L’ouvreuse n’insiste plus longuement sur les interdictions d’usage du téléphone portable. Ce sont les restrictions sanitaires qui priment, la dernière étant la recommandation de sortir, à la fin du spectacle, comme les avions, par l’arrière, en commençant par le dernier rang et de nous répartir ensuite rapidement sur l’ensemble de la place Charles Dullin en évitant les attroupements. Une atmosphère de clandestinité s’installe subrepticement. On se croirait dans une scène du film Le Dernier Métro.
Encore heureux d’assister à une comédie. Cela va nous détendre.
Le décor n’est pas engageant à première vue. Un voile en masque l’essentiel derrière une chaise de velours bleu, abandonnée de travers au bord de la scène. Je remarque à Cour, sur un piano droit (qui sera un des éléments essentiels du spectacle), une Tour Eiffel qui me parait incongrue mais dont la présence va se justifier dans quelques instants.
Emeline Bayart n’est pas aussi célèbre que ce monument mais je pense pouvoir dire qu’elle sera bientôt reconnue comme une grande actrice comique. Il est tentant, en l’écoutant chanter, simplement vêtue d’un déshabillé peu flatteur alors qu’elle est ce qu’on appelle "une belle femme", d’y voir une sorte d’acte de bravoure. Elle sait tout faire. Jouer bien sûr, chanter évidemment, et aussi mettre en scène, comme elle le démontre avec cette pièce de Georges Feydeau, appartenant au répertoire du vaudeville.
Elle m’avait épatée il y a deux ans, au cinéma, dans le rôle-titre du film de Bruno Podalydès, Bécassine. Je l’avais déjà fort appréciée l’année suivante au Poche Montparnasse où elle jouait Tchekhov à la Folie dans la mise en scène de Jean-Louis Benoît (une des farces sera d’ailleurs interprétée plus tard sur cette même scène par Jacques Weber dans la soirée au cours du spectacle Crise de nerfs). Je devais ensuite l’entendre chanter mais la crise a tout bouleversé.
Dans On purge bébé ???? elle interprète les chansons en direct et sa voix a une belle amplitude. La première célèbre la Tour Eiffel, d’où la présence de la statuette, que son personnage juge magique. La comédienne déclenche des cascades de rires quand le monument est qualifié d’obélisque à l’instar de la colonne de la Place Vendôme. Rien ne lui "arrive à la cheville" fait-elle remarquer à son époux Daniel, en sous-entendant des allusions coquines à sa virilité.
Les dialogues aussi nourrissent les rires. Par exemple à propos de la définition suivante : De la terre entourée d’eau, c’est de la boue ou une île ? On ne trouve rien dans ce dictionnaire se plaindra le mari qui estime que n’y figure que ce dont on n’a pas besoin. J’ai essayé de m’en tirer par la tangente, avouera-t-il.
Madame Follavoine n’est pas moins caricaturale, elle qui justifie d’avoir une bonne au fait que tant qu’elle la regarde elle lui sert (sous-entendu à quelque chose). Elle revendique être "femme d’intérieur, bonne ménagère, ... parce qu’on ne sait jamais dans la vie si on aura toujours des gens pour nous servir".
Au-delà de ses jugements à l’emporte-pièce, c’est surtout son caractère hystérique qui la caractérise et son amour démesuré pour son fils sans doute trop chéri, qu’elle appelle toujours Bébé (Valentine Alaqui, qui est aussi la bonne) et qui a tout de même sept ans. L’enfant est, on l’aura deviné, parfaitement caractériel. L’enfant chéri serait atteint de constipation, une situation avec laquelle il ne faut jamais plaisanter, insiste la mère, en appuyant lourdement sur le "a" du mot constipation. Et comme elle est tordante quand elle mime d’avaler de l’huile de ricin !
Le mari (Éric Prat) est pressé de conclure avec monsieur Chouilloux (Manuel Le Lièvre) un marché portant sur la vente de pots de chambre pour tous les soldats de l’Armée française, auxquels le gouvernement a promis un vase de nuit personnel gravé à son matricule, dans l’objectif d’améliorer leur sort. Le temps passe et sa femme déambule toujours en nuisette, pas gênée pour un sou alors que la perspective d’être étiquetée comme femme du marchand de pots de chambre ne lui convient pas du tout.
Les rebondissements s’enchaînent en multipliant les paradoxes. Jusqu’à l’invitation du client avec sa femme, et l’amant de celle-ci, comme si l’adultère "au grand complet" appartenait aux convenances.
Le jeu des comédiens est efficace, avec concours de grimaces, d’accents et de mimes. On chante, on se contorsionne et on s‘encouicouine. L’un mime parfaitement la colique et l’autre le désespoir.
On pense à une autre pièce de Feydeau, Mais ne te promène donc pas toute nue, qu’interpréta Arletty. On songe aussi à Jacqueline Maillan. Bref, on passe un bon début de soirée. Et on en a bien besoin.
C'est en effet ce soir là que le gouvernement va annoncer de nouvelles mesures pour lutter contre la propagation du Covid.
Mais avant cela, place à la comédie avec On purge bébé ? dont la présentation vient d’avoir lieu devant le public parisien, après une création au théâtre Montansier de Versailles. J’ajoute qu’une longue tournée est d’ores et déjà prévue, avec notamment pour étape le Théâtre Firmin Gémier La Piscine de Chatenay-Malabry (92) qui est un des co-producteurs.
L’ouvreuse n’insiste plus longuement sur les interdictions d’usage du téléphone portable. Ce sont les restrictions sanitaires qui priment, la dernière étant la recommandation de sortir, à la fin du spectacle, comme les avions, par l’arrière, en commençant par le dernier rang et de nous répartir ensuite rapidement sur l’ensemble de la place Charles Dullin en évitant les attroupements. Une atmosphère de clandestinité s’installe subrepticement. On se croirait dans une scène du film Le Dernier Métro.
Encore heureux d’assister à une comédie. Cela va nous détendre.
Le décor n’est pas engageant à première vue. Un voile en masque l’essentiel derrière une chaise de velours bleu, abandonnée de travers au bord de la scène. Je remarque à Cour, sur un piano droit (qui sera un des éléments essentiels du spectacle), une Tour Eiffel qui me parait incongrue mais dont la présence va se justifier dans quelques instants.
Emeline Bayart n’est pas aussi célèbre que ce monument mais je pense pouvoir dire qu’elle sera bientôt reconnue comme une grande actrice comique. Il est tentant, en l’écoutant chanter, simplement vêtue d’un déshabillé peu flatteur alors qu’elle est ce qu’on appelle "une belle femme", d’y voir une sorte d’acte de bravoure. Elle sait tout faire. Jouer bien sûr, chanter évidemment, et aussi mettre en scène, comme elle le démontre avec cette pièce de Georges Feydeau, appartenant au répertoire du vaudeville.
Elle m’avait épatée il y a deux ans, au cinéma, dans le rôle-titre du film de Bruno Podalydès, Bécassine. Je l’avais déjà fort appréciée l’année suivante au Poche Montparnasse où elle jouait Tchekhov à la Folie dans la mise en scène de Jean-Louis Benoît (une des farces sera d’ailleurs interprétée plus tard sur cette même scène par Jacques Weber dans la soirée au cours du spectacle Crise de nerfs). Je devais ensuite l’entendre chanter mais la crise a tout bouleversé.
Dans On purge bébé ???? elle interprète les chansons en direct et sa voix a une belle amplitude. La première célèbre la Tour Eiffel, d’où la présence de la statuette, que son personnage juge magique. La comédienne déclenche des cascades de rires quand le monument est qualifié d’obélisque à l’instar de la colonne de la Place Vendôme. Rien ne lui "arrive à la cheville" fait-elle remarquer à son époux Daniel, en sous-entendant des allusions coquines à sa virilité.
Les dialogues aussi nourrissent les rires. Par exemple à propos de la définition suivante : De la terre entourée d’eau, c’est de la boue ou une île ? On ne trouve rien dans ce dictionnaire se plaindra le mari qui estime que n’y figure que ce dont on n’a pas besoin. J’ai essayé de m’en tirer par la tangente, avouera-t-il.
Madame Follavoine n’est pas moins caricaturale, elle qui justifie d’avoir une bonne au fait que tant qu’elle la regarde elle lui sert (sous-entendu à quelque chose). Elle revendique être "femme d’intérieur, bonne ménagère, ... parce qu’on ne sait jamais dans la vie si on aura toujours des gens pour nous servir".
Au-delà de ses jugements à l’emporte-pièce, c’est surtout son caractère hystérique qui la caractérise et son amour démesuré pour son fils sans doute trop chéri, qu’elle appelle toujours Bébé (Valentine Alaqui, qui est aussi la bonne) et qui a tout de même sept ans. L’enfant est, on l’aura deviné, parfaitement caractériel. L’enfant chéri serait atteint de constipation, une situation avec laquelle il ne faut jamais plaisanter, insiste la mère, en appuyant lourdement sur le "a" du mot constipation. Et comme elle est tordante quand elle mime d’avaler de l’huile de ricin !
Le mari (Éric Prat) est pressé de conclure avec monsieur Chouilloux (Manuel Le Lièvre) un marché portant sur la vente de pots de chambre pour tous les soldats de l’Armée française, auxquels le gouvernement a promis un vase de nuit personnel gravé à son matricule, dans l’objectif d’améliorer leur sort. Le temps passe et sa femme déambule toujours en nuisette, pas gênée pour un sou alors que la perspective d’être étiquetée comme femme du marchand de pots de chambre ne lui convient pas du tout.
Les rebondissements s’enchaînent en multipliant les paradoxes. Jusqu’à l’invitation du client avec sa femme, et l’amant de celle-ci, comme si l’adultère "au grand complet" appartenait aux convenances.
Le jeu des comédiens est efficace, avec concours de grimaces, d’accents et de mimes. On chante, on se contorsionne et on s‘encouicouine. L’un mime parfaitement la colique et l’autre le désespoir.
On pense à une autre pièce de Feydeau, Mais ne te promène donc pas toute nue, qu’interpréta Arletty. On songe aussi à Jacqueline Maillan. Bref, on passe un bon début de soirée. Et on en a bien besoin.
Ah quel bonheur de voir un Feydeau aussi intelligent, aussi magistralement bien interprété!!!
Ici, du Feydeau tel que l'auteur le souhaite et l'imagine, des acteurs fiévreux, tous justes et terriblement drôles. J'ai ri du début jusqu'à la fin d'un rire franc et plein et en même temps, j'ai été troublé par la résonance avec la vraie vie, on se reconnaît ou on reconnaît ses pairs, sans aucun doute. La mise en scène est remarquable, simple, juste et sans fioritures. Le décor est magnifique.
Quelle excellente idée d'avoir injecté des moments chantés, souffle heureux et cruellement drôle! Courez-y, sûr, vous ne serez pas déçu. Un Feydeau comme on l'aime!!! Bravo bravo à toute la troupe, engagée jusqu'au bouts des ongles.
Ici, du Feydeau tel que l'auteur le souhaite et l'imagine, des acteurs fiévreux, tous justes et terriblement drôles. J'ai ri du début jusqu'à la fin d'un rire franc et plein et en même temps, j'ai été troublé par la résonance avec la vraie vie, on se reconnaît ou on reconnaît ses pairs, sans aucun doute. La mise en scène est remarquable, simple, juste et sans fioritures. Le décor est magnifique.
Quelle excellente idée d'avoir injecté des moments chantés, souffle heureux et cruellement drôle! Courez-y, sûr, vous ne serez pas déçu. Un Feydeau comme on l'aime!!! Bravo bravo à toute la troupe, engagée jusqu'au bouts des ongles.
On purge Bébé, c’est un classique de Feydeau, vu à de nombreuses reprises mais c’est un Feydeau que j’apprécie beaucoup car le potentiel comique de la pièce est immense et le besoin de rire en ce moment est vital. C’est Emeline Bayart qui s’est emparée du texte et qui va lui donner toute sa dimension comique avec force rebondissements et autres quiproquos. C’est grace à son nom que je suis revenue pour voir une nouvelle fois On purge Bébé et je ne regrette absolument pas.
Madame Follavoine est une bourgeoise dont l’unique préoccupation est le transit de Toto, son bébé tyrannique de 7 ans. Monsieur Follavoine est quand à lui préoccupé par la signature imminente d’un contrat avec Monsieur Chouilloux pour fournir des pots de chambre de qualité à l’armée. Evidemment, il n’en faut pas plus pour contrarier Madame Follavoine, avec ses bas sur les chevilles et ses cheveux bataillant avec les bigoudis, qui tient absolument à ce que son mari administre un purgatif à fils. Il va y avoir des explosions…de rires.
Pour qu’un Feydeau fonctionne à plein régime, il faut une mise en scène pointue telle une mécanique de précision et Mademoiselle Bayart nous livre une prestation de haute qualité. En cadeau bonus, on chante accompagné par le talentueux pianiste Manuel Peskine ! Et je dois dire que c’est une totale réussite ces moments chantés.
Sur scène, Emeline Bayart donne vie à Julie Follavoine avec une sacrée énergie et un sens de la rupture tellement fort, passant d’une voix haut perchée à une voix grave en un instant, la moindre de ses mimiques nous fait rire. Elle est entourée par une équipe survitaminée pour être à la hauteur et suivre le rythme imposé. Le potentiel comique d’Eric Prat dans le rôle de Monsieur Follavoine est indéniable face à Manuel Le Lièvre en Monsieur Chouilloux totalement dépassé par les interventions de Madame Follavoine. Coup de projecteur sur Valentine Alaqui qui joue les rôles de l’impétueux Toto avec une candeur magnifique et de l’employée des Follavoine.
Madame Follavoine est une bourgeoise dont l’unique préoccupation est le transit de Toto, son bébé tyrannique de 7 ans. Monsieur Follavoine est quand à lui préoccupé par la signature imminente d’un contrat avec Monsieur Chouilloux pour fournir des pots de chambre de qualité à l’armée. Evidemment, il n’en faut pas plus pour contrarier Madame Follavoine, avec ses bas sur les chevilles et ses cheveux bataillant avec les bigoudis, qui tient absolument à ce que son mari administre un purgatif à fils. Il va y avoir des explosions…de rires.
Pour qu’un Feydeau fonctionne à plein régime, il faut une mise en scène pointue telle une mécanique de précision et Mademoiselle Bayart nous livre une prestation de haute qualité. En cadeau bonus, on chante accompagné par le talentueux pianiste Manuel Peskine ! Et je dois dire que c’est une totale réussite ces moments chantés.
Sur scène, Emeline Bayart donne vie à Julie Follavoine avec une sacrée énergie et un sens de la rupture tellement fort, passant d’une voix haut perchée à une voix grave en un instant, la moindre de ses mimiques nous fait rire. Elle est entourée par une équipe survitaminée pour être à la hauteur et suivre le rythme imposé. Le potentiel comique d’Eric Prat dans le rôle de Monsieur Follavoine est indéniable face à Manuel Le Lièvre en Monsieur Chouilloux totalement dépassé par les interventions de Madame Follavoine. Coup de projecteur sur Valentine Alaqui qui joue les rôles de l’impétueux Toto avec une candeur magnifique et de l’employée des Follavoine.
Quel bonheur que cette pièce, un classique, quand elle est si merveilleusement mise en scène et jouée.
Emeline Bayart, metteuse en scène et interprète de mme Follavoine, réalise ici un travail d’orfèvre et renoue pour notre plus grand bonheur avec le théâtre ponctué de chansons dont on pourrait croire qu’elles font partie du texte original tant elles participent de la construction tragicomique de la pièce.
Tous les comédiens sont excellents, aucun rôle n’est en dessous. Cette pièce m’a tour à tour fait rire (beaucoup), sidéré par l’effet miroir sur la vie de couple, et fait réfléchir (j’y pense encore), que peut on attendre de mieux d’une pièce de théâtre?
Du théâtre populaire de grande grande classe à voir et à revoir !
Emeline Bayart, metteuse en scène et interprète de mme Follavoine, réalise ici un travail d’orfèvre et renoue pour notre plus grand bonheur avec le théâtre ponctué de chansons dont on pourrait croire qu’elles font partie du texte original tant elles participent de la construction tragicomique de la pièce.
Tous les comédiens sont excellents, aucun rôle n’est en dessous. Cette pièce m’a tour à tour fait rire (beaucoup), sidéré par l’effet miroir sur la vie de couple, et fait réfléchir (j’y pense encore), que peut on attendre de mieux d’une pièce de théâtre?
Du théâtre populaire de grande grande classe à voir et à revoir !
Le pot de faïence et le seau de tôle émaillée.
Bastien et Julie.
Les Follavoine dans l'une des scènes de ménage les plus célèbres et les plus longues du théâtre français.
En 1910, le grand Georges vient de se séparer de sa femme. Il vit et mène grand train à l'hôtel Maxim's où il a réservé une chambre à l'année...
Sa vision du monde change, et notamment celle de la bourgeoisie dont il va s'appliquer à décrire la médiocrité, notamment grâce au thème ancestral du cocu.
Emeline Bayart a donc eu l'excellente idée de s'emparer à bras le corps et de l'un des derniers vaudevilles de l'auteur.
Il y a décidément une patte, une méthode, un style Bayart.
Elle qui enchanta dernièrement les spectateurs caf-conc' Le Kibélé et surtout ceux de l'Opéra-Comique, celle-ci nous a concocté un mini-récital émaillant la pièce fait quelques chansons quasiment contemporaines de Feydeau. (Le fidèle Manuel Peskine est toujours au piano !)
Des titres que retrouvent pour leur plus grand bonheur les fans de la comédienne-chanteuse-metteure en scène.
C'est ainsi que nous retrouverons par exemple Proserpine, Je n'aurais pas dû, Si je puis m'exprimer ainsi, Ca n'vaut pas la Tour Eiffel, ou encore Le fiacre.
Ces chansons collent admirablement avec le texte de l'auteur, d'autant qu'avec la même incroyable force comique, la même hilarante vis comica, Melle Bayart enchaîne répliques de la pièce et paroles des chansons. (Elle n'est pas la seule à chanter, je vous laisse découvrir...)
Mais quelle énergie se dégage de cette entreprise artistique !
Quelle mécanique infernale et bien huilée, quelle puissance de jeu, quel tourbillon vont s'emparer du plateau de l'Atelier !
Voilà comment monter un Feydeau ! Voilà comment faire hurler de rire un public ! Voilà comment plonger une salle entière dans le plus grand bonheur.
Sa composition de cette femme qui a érigé la mauvaise foi en art de vivre, sa composition est magnifique.
En déshabillé, les bas qui tombent sur les chevilles, les cheveux en bataille avec quelques bigoudis, avec ses ruptures, ses regards, sa voix qui passe de l'aigu cristallin au rauque très grave en un instant, la comédienne est absolument drôlissime.
Oui, je l'écris une nouvelle fois, oui je me répète : je retrouve à chacune de ses compositions la phénoménale puissance à faire rire de Jacqueline Maillan.
Comme La Maillan, Melle Bayart a cette faculté et ce talent rares de déclencher en une fraction de secondes les rires voire les fou-rires des spectateurs en outrant subitement la gestuelle, la voix ou les mimiques.
Elle n'est pas seule sur scène. A ses côtés, se démène une troupe aux petits oignons.
Avec une perruque très années 1970, Eric Prat a un petit côté Jean le Poulain.
Lui aussi a un sacré abattage, un sacré talent comique. Il nous réserve de grands moments.
Lui aussi sait faire monter la sauce.
Il n'est pas donné à tout le monde d'interpréter un personnage principal dans un vaudeville feydolien.
Eric Prat parvient sans peine à nous faire croire à ce type qui est en permanence au bord de la catastrophe, et qui se démène dans un maelström qu'il a contribué à engendrer.
Le duo Bayart-Prat est redoutable et formidable d'efficacité.
Un autre qui ne donne pas sa part au chat, c'est Manuel Le Lièvre, qui avait déjà joué avec Emeline Bayart au Poche-Montparnasse, sous la direction de Jean-Louis Benoit.
Son Adhéaume Chouilloux est épatant de drôlerie. C'est une sorte de Bouzin que nous avons devant nous. L'une de ses scènes confine au surréalisme le plus hilarant.
Coup de chapeau appuyé également à Valentine Alaqui, dans un double rôle.
La jeune comédienne interprète la naïve employée de maison, et surtout le rôle de Toto, le tyrannique enfant-roi du couple Follavoine.
Melle Alaqui parvient à en faire une sorte de lutin-troll virevoltant, sautant, bondissant partout, lui conférant une belle ambivalence : cet enfant de 7 ans est à la fois attachant et repoussant.
Une très belle composition.
Thomas Ribière et Delphine Lacheteau incarnent quant à eux le couple Truchet de bien belle manière.
Emeline Bayart signe ici l'une des grandes réussites théâtrales de cet automne.
Voici un spectacle réglé au millimètre, avec une précision diaboliquement efficace, qui déchaîne les rires de la salle entière.
Une salle qui applaudit en cadence et à tout rompre, ovationnant grâce à de nombreux bravi les comédiens.
Feydeau peut décidément dormir sur ses deux oreilles !
Bastien et Julie.
Les Follavoine dans l'une des scènes de ménage les plus célèbres et les plus longues du théâtre français.
En 1910, le grand Georges vient de se séparer de sa femme. Il vit et mène grand train à l'hôtel Maxim's où il a réservé une chambre à l'année...
Sa vision du monde change, et notamment celle de la bourgeoisie dont il va s'appliquer à décrire la médiocrité, notamment grâce au thème ancestral du cocu.
Emeline Bayart a donc eu l'excellente idée de s'emparer à bras le corps et de l'un des derniers vaudevilles de l'auteur.
Il y a décidément une patte, une méthode, un style Bayart.
Elle qui enchanta dernièrement les spectateurs caf-conc' Le Kibélé et surtout ceux de l'Opéra-Comique, celle-ci nous a concocté un mini-récital émaillant la pièce fait quelques chansons quasiment contemporaines de Feydeau. (Le fidèle Manuel Peskine est toujours au piano !)
Des titres que retrouvent pour leur plus grand bonheur les fans de la comédienne-chanteuse-metteure en scène.
C'est ainsi que nous retrouverons par exemple Proserpine, Je n'aurais pas dû, Si je puis m'exprimer ainsi, Ca n'vaut pas la Tour Eiffel, ou encore Le fiacre.
Ces chansons collent admirablement avec le texte de l'auteur, d'autant qu'avec la même incroyable force comique, la même hilarante vis comica, Melle Bayart enchaîne répliques de la pièce et paroles des chansons. (Elle n'est pas la seule à chanter, je vous laisse découvrir...)
Mais quelle énergie se dégage de cette entreprise artistique !
Quelle mécanique infernale et bien huilée, quelle puissance de jeu, quel tourbillon vont s'emparer du plateau de l'Atelier !
Voilà comment monter un Feydeau ! Voilà comment faire hurler de rire un public ! Voilà comment plonger une salle entière dans le plus grand bonheur.
Sa composition de cette femme qui a érigé la mauvaise foi en art de vivre, sa composition est magnifique.
En déshabillé, les bas qui tombent sur les chevilles, les cheveux en bataille avec quelques bigoudis, avec ses ruptures, ses regards, sa voix qui passe de l'aigu cristallin au rauque très grave en un instant, la comédienne est absolument drôlissime.
Oui, je l'écris une nouvelle fois, oui je me répète : je retrouve à chacune de ses compositions la phénoménale puissance à faire rire de Jacqueline Maillan.
Comme La Maillan, Melle Bayart a cette faculté et ce talent rares de déclencher en une fraction de secondes les rires voire les fou-rires des spectateurs en outrant subitement la gestuelle, la voix ou les mimiques.
Elle n'est pas seule sur scène. A ses côtés, se démène une troupe aux petits oignons.
Avec une perruque très années 1970, Eric Prat a un petit côté Jean le Poulain.
Lui aussi a un sacré abattage, un sacré talent comique. Il nous réserve de grands moments.
Lui aussi sait faire monter la sauce.
Il n'est pas donné à tout le monde d'interpréter un personnage principal dans un vaudeville feydolien.
Eric Prat parvient sans peine à nous faire croire à ce type qui est en permanence au bord de la catastrophe, et qui se démène dans un maelström qu'il a contribué à engendrer.
Le duo Bayart-Prat est redoutable et formidable d'efficacité.
Un autre qui ne donne pas sa part au chat, c'est Manuel Le Lièvre, qui avait déjà joué avec Emeline Bayart au Poche-Montparnasse, sous la direction de Jean-Louis Benoit.
Son Adhéaume Chouilloux est épatant de drôlerie. C'est une sorte de Bouzin que nous avons devant nous. L'une de ses scènes confine au surréalisme le plus hilarant.
Coup de chapeau appuyé également à Valentine Alaqui, dans un double rôle.
La jeune comédienne interprète la naïve employée de maison, et surtout le rôle de Toto, le tyrannique enfant-roi du couple Follavoine.
Melle Alaqui parvient à en faire une sorte de lutin-troll virevoltant, sautant, bondissant partout, lui conférant une belle ambivalence : cet enfant de 7 ans est à la fois attachant et repoussant.
Une très belle composition.
Thomas Ribière et Delphine Lacheteau incarnent quant à eux le couple Truchet de bien belle manière.
Emeline Bayart signe ici l'une des grandes réussites théâtrales de cet automne.
Voici un spectacle réglé au millimètre, avec une précision diaboliquement efficace, qui déchaîne les rires de la salle entière.
Une salle qui applaudit en cadence et à tout rompre, ovationnant grâce à de nombreux bravi les comédiens.
Feydeau peut décidément dormir sur ses deux oreilles !
... L’inventivité de cette création est un pur moment de bonheur théâtral et musical. La mise en scène de Emeline Bayart relève du grand art. L’interprétation de la troupe est remarquable.
Un spectacle de grand plaisir que je recommande vivement.
Un spectacle de grand plaisir que je recommande vivement.
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