Critiques pour l'événement Melle Julie, meurtre d'âme
Fais-nous mal, Julie, Julie, Julie, envoie-nous en Suède...
A la Saint-Jean, pas évident d'être amants...
Au théâtre de La Girandole, à Montreuil, Moni Grégo nous propose une libre adaptation de la pièce d'August Strindberg.
Une sorte de palimpseste destiné à mettre en évidence, en lumière crue, Melle Julie et son Jean de valet, ces deux êtres en errance et en souffrance.
Cette variation sur un thème donné va nous raconter cette histoire d'amour, cette histoire de mort.
Une passion pulsionnelle, des pulsions passionnées.
Les Julie et Jean de Moni Grégo sont avant tout des corps.
Ici, cette histoire est avant tout physique, avec d'être intellectualisée.
Parce que l'amour, la mort, Eros et Thanatos, ce sont avant tout des corps qui s'attirent, se repoussent, s'étreignent, se caressent, se frappent, s'allongent, se chevauchent.
La passion selon Moni, les amours, la haine seront charnelles, les sentiments passeront par les corps des comédiens.
Le couple va exécuter devant nous une véritable chorégraphie subtile, à la fois simple et compliquée.
Une danse de mort, une valse fatale.
Roxane Borgna a mis en scène tous ces sentiments exacerbés avec fureur et intensité.
Le ton est donné dès la première scène, rouge, couleur de sang, de mort.
Elle incarne elle-même Julie, en robe de soirée écrue, les épaules dénudées.
De son personnage, va émaner en permanence le besoin de hurler ses sentiments, de les exprimer haut et fort, comme s'il n'était plus possible de les contenir en elle.
Pas de demi-mesure, pas de faux-semblants, plus de non-dits. Ce qui doit être dit sera énoncé avec la plus grande force et parfois une grande violence. Nous entendrons des rires et des cris très sonores.
La comédienne va également faire preuve d'une folle sensualité.
Durant cette heure et quart, Melle Borgna incarne véritablement le plus intense des désirs.
Le corps, encore le corps qui parle et qui s'exprime, grâce notamment au travail de la chorégraphe Mitia Fédotenko.
En mêlant ces deux aspects dramaturgiques, elle confère à son personnage une épaisseur on ne peut plus intéressante et prenante.
J'ai pu vraiment mesurer ceci lorsque la comédienne fixe les spectateurs en général et votre serviteur en particulier lors de la tirade de la haine des hommes, les lumières de la salle rallumées. Impossible de détourner alors le regard, subjugués que nous sommes.
Jean est incarné par Jacques Descorde.
La raison opposée à la passion. Lui nous montre parfaitement que son personnage ne voudra pas prendre le risque de se perdre.
Le duo fonctionne à la perfection.
Nous, les spectateurs, comprenons sans peine la douleur, la souffrance contenue dans cette histoire d'amour impossible, et son inexorable aboutissement.
Un troisième personnage se retrouve sur la scène.
Qui est-il, cet homme qui filme de très près les comédiens, qui les éclaire avec des lampes torches (qui feront figure d'armes, ou encore d'objets phalliques), avec également un pico-projecteur, et qui les fera danser en interprétant une langoureuse chanson ?
L'auteur Strindberg en personne, ou bien le père de Julie ? A vous de vous faire votre propre opinion.
C'est Laurent Rojol qui est cet homme-là.
C'est lui qui a produit les très belles images vidéo projetées sur quatre grand lés blancs.
Parfois, il diffuse également en direct des gros plans des visages des comédiens, ce qui renforce le sentiment de proximité des passions.
Ces images souvent en noir-et-blanc sont elles aussi torturées, avec un montage très rapide, créant presque un sentiment d'oppression, renforcé par un univers sonore lui aussi torturé de Eric Guennou.
Ainsi donc, voici une passionnante relecture de cette pièce.
Le travail de Moni Grégo et de Roxanne Borgna nous permet d'aborder l'œuvre de Strindberg avec un regard nouveau, comme une façon de redécouvrir et d'approfondir ce qui constitue la fibre propre de ces deux amants terribles.
Une plongée introspective dans la profondeur de leur être et de leur âme.
A la Saint-Jean, pas évident d'être amants...
Au théâtre de La Girandole, à Montreuil, Moni Grégo nous propose une libre adaptation de la pièce d'August Strindberg.
Une sorte de palimpseste destiné à mettre en évidence, en lumière crue, Melle Julie et son Jean de valet, ces deux êtres en errance et en souffrance.
Cette variation sur un thème donné va nous raconter cette histoire d'amour, cette histoire de mort.
Une passion pulsionnelle, des pulsions passionnées.
Les Julie et Jean de Moni Grégo sont avant tout des corps.
Ici, cette histoire est avant tout physique, avec d'être intellectualisée.
Parce que l'amour, la mort, Eros et Thanatos, ce sont avant tout des corps qui s'attirent, se repoussent, s'étreignent, se caressent, se frappent, s'allongent, se chevauchent.
La passion selon Moni, les amours, la haine seront charnelles, les sentiments passeront par les corps des comédiens.
Le couple va exécuter devant nous une véritable chorégraphie subtile, à la fois simple et compliquée.
Une danse de mort, une valse fatale.
Roxane Borgna a mis en scène tous ces sentiments exacerbés avec fureur et intensité.
Le ton est donné dès la première scène, rouge, couleur de sang, de mort.
Elle incarne elle-même Julie, en robe de soirée écrue, les épaules dénudées.
De son personnage, va émaner en permanence le besoin de hurler ses sentiments, de les exprimer haut et fort, comme s'il n'était plus possible de les contenir en elle.
Pas de demi-mesure, pas de faux-semblants, plus de non-dits. Ce qui doit être dit sera énoncé avec la plus grande force et parfois une grande violence. Nous entendrons des rires et des cris très sonores.
La comédienne va également faire preuve d'une folle sensualité.
Durant cette heure et quart, Melle Borgna incarne véritablement le plus intense des désirs.
Le corps, encore le corps qui parle et qui s'exprime, grâce notamment au travail de la chorégraphe Mitia Fédotenko.
En mêlant ces deux aspects dramaturgiques, elle confère à son personnage une épaisseur on ne peut plus intéressante et prenante.
J'ai pu vraiment mesurer ceci lorsque la comédienne fixe les spectateurs en général et votre serviteur en particulier lors de la tirade de la haine des hommes, les lumières de la salle rallumées. Impossible de détourner alors le regard, subjugués que nous sommes.
Jean est incarné par Jacques Descorde.
La raison opposée à la passion. Lui nous montre parfaitement que son personnage ne voudra pas prendre le risque de se perdre.
Le duo fonctionne à la perfection.
Nous, les spectateurs, comprenons sans peine la douleur, la souffrance contenue dans cette histoire d'amour impossible, et son inexorable aboutissement.
Un troisième personnage se retrouve sur la scène.
Qui est-il, cet homme qui filme de très près les comédiens, qui les éclaire avec des lampes torches (qui feront figure d'armes, ou encore d'objets phalliques), avec également un pico-projecteur, et qui les fera danser en interprétant une langoureuse chanson ?
L'auteur Strindberg en personne, ou bien le père de Julie ? A vous de vous faire votre propre opinion.
C'est Laurent Rojol qui est cet homme-là.
C'est lui qui a produit les très belles images vidéo projetées sur quatre grand lés blancs.
Parfois, il diffuse également en direct des gros plans des visages des comédiens, ce qui renforce le sentiment de proximité des passions.
Ces images souvent en noir-et-blanc sont elles aussi torturées, avec un montage très rapide, créant presque un sentiment d'oppression, renforcé par un univers sonore lui aussi torturé de Eric Guennou.
Ainsi donc, voici une passionnante relecture de cette pièce.
Le travail de Moni Grégo et de Roxanne Borgna nous permet d'aborder l'œuvre de Strindberg avec un regard nouveau, comme une façon de redécouvrir et d'approfondir ce qui constitue la fibre propre de ces deux amants terribles.
Une plongée introspective dans la profondeur de leur être et de leur âme.
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