Critiques pour l'événement Max
Ce qui marque, lorsqu’on rencontre Jérémy Lopez sur une scène de théâtre, c’est sa présence. C’est la première chose que je me suis dite lorsqu’il ouvre le spectacle. La salle est entièrement plongée dans la pénombre, c’est à peine si on l’aperçoit, et pourtant sa présence inonde immédiatement le plateau. Il l’englobe, il l’occupe, il est partout à la fois.
Ce spectacle est une grande performance. A l’annonce d’un seul en scène de 1h30, alors même que je connais le talent de Jérémy Lopez, j’ai un peu accusé le coup. J’avais peur que la fatigue reprenne le dessus. Mais c’était sans compter cette équation magique du théâtre qui permet au spectateur de puiser toute l’énergie vitale du comédien présent sur scène – et il en donne ! Le texte a bien quelques défauts, il est un peu verbeux par moments et en dit trop, ne laissant pas assez de place aux zones d’ombres du personnages, mais la mise en scène parvient à instaurer un rythme qui fonctionne et qui confère à chaque période de vie du personnage une atmosphère qui lui est propre – et puis, un texte verbeux, quand chaque mot est plus habité que nulle part ailleurs au théâtre, ça reste une leçon.
On entend parfois parler de ces comédiens qui habillent leurs personnages d’une gestuelle incroyable. On entend aussi parler de ceux qui font passer beaucoup simplement par la parole. Jérémy Lopez est l’un des rares comédiens qui possède ces deux qualités à la fois. Il accompagne son étonnante incarnation d’une gestuelle d’une extrême précision. L’artiste et le technicien se mêlent pour donner ce comédien complet qui semble jouer sa vie sur le plateau.
Car c’est de ça qu’il est question, ici. Jérémy Lopez incarne Max Linder avec la nécessité de la vie. C’est terrible pour lui, il doit y laisser des plumes, mais c’est pour moi ce qui donne la plus grande émotion de spectateur. La ressemblance physique avec le personnage, l’urgence vitale qui se dégage de cette incarnation, le fantôme qu’il convoque, on serait presque tenté de penser que la rencontre avec Max n’est pas un hasard.
Et lorsqu’arrive le moment tant attendu, la scène muette, l’incarnation ultime, c’en devient une certitude.
Ce spectacle est une grande performance. A l’annonce d’un seul en scène de 1h30, alors même que je connais le talent de Jérémy Lopez, j’ai un peu accusé le coup. J’avais peur que la fatigue reprenne le dessus. Mais c’était sans compter cette équation magique du théâtre qui permet au spectateur de puiser toute l’énergie vitale du comédien présent sur scène – et il en donne ! Le texte a bien quelques défauts, il est un peu verbeux par moments et en dit trop, ne laissant pas assez de place aux zones d’ombres du personnages, mais la mise en scène parvient à instaurer un rythme qui fonctionne et qui confère à chaque période de vie du personnage une atmosphère qui lui est propre – et puis, un texte verbeux, quand chaque mot est plus habité que nulle part ailleurs au théâtre, ça reste une leçon.
On entend parfois parler de ces comédiens qui habillent leurs personnages d’une gestuelle incroyable. On entend aussi parler de ceux qui font passer beaucoup simplement par la parole. Jérémy Lopez est l’un des rares comédiens qui possède ces deux qualités à la fois. Il accompagne son étonnante incarnation d’une gestuelle d’une extrême précision. L’artiste et le technicien se mêlent pour donner ce comédien complet qui semble jouer sa vie sur le plateau.
Car c’est de ça qu’il est question, ici. Jérémy Lopez incarne Max Linder avec la nécessité de la vie. C’est terrible pour lui, il doit y laisser des plumes, mais c’est pour moi ce qui donne la plus grande émotion de spectateur. La ressemblance physique avec le personnage, l’urgence vitale qui se dégage de cette incarnation, le fantôme qu’il convoque, on serait presque tenté de penser que la rencontre avec Max n’est pas un hasard.
Et lorsqu’arrive le moment tant attendu, la scène muette, l’incarnation ultime, c’en devient une certitude.
Né Gabriel-Maximilien Leuvielle à Cavernes petit village de Dordogne. Le jeune Gabriel, grandit et déjà s’intéresse au théâtre, à jouer avec ses camarades et faire aussi de la mise en scène, pas toujours appréciée de son public. Il entrera au Conservatoire de Bordeaux, en sera exclu pour avoir frappé un professeur ! Sacré caractère !
Au hasard d’une promenade avec sa sœur, il tombe sur la devanture d’un magasin de chaussures LINDER ! ce sera son pseudonyme au grand soulagement de son père, qui ne souhaitait pas que son nom soit synonyme de débauche et autres vilaines idées sur les « théâtreux » …
Gabriel monte à Paris, joue au théâtre de l’Ambigu. Il fera aussi ses débuts au cinématographe Pathé, des rôles comiques bien sûr, on riait beaucoup à l’époque de ses chutes, de ses cascades improvisées. Il a de l’imagination et comme Chaplin plus tard, il se crée un personnage, élégant, beau sourire, charmeur, il devient « Max ».
Hélas, la guerre de 1914, va le broyer, il sera gazé, réformé, des démons dans la tête… Même après son départ aux USA, sa rencontre avec Chaplin, qui l’accueille à bras ouverts, sa carrière aura du mal à repartir. Ajoutez sa jalousie maladive envers sa jeune femme, ses doutes même envers sa paternité…
Sa fin ? si tragique, si injuste pour sa fille Maud, qui sera – hélas - confiée à sa famille paternelle. Max enterré anonymement dans son village. Maud passera sa vie à réhabiliter la carrière de Max Linder, artiste, réalisateur qui fut quand-même son père.
Un rôle sur mesure pour Jérémy Lopez, il en a le charme, l’élégance, il porte le frac et le huit-reflets avec aisance. Il donne tant d’émotions, d’humour, une gamme d’émotions et une aisance gestuelle extraordinaire.
Un seul en scène à voir absolument, salut « the artist » !
Au hasard d’une promenade avec sa sœur, il tombe sur la devanture d’un magasin de chaussures LINDER ! ce sera son pseudonyme au grand soulagement de son père, qui ne souhaitait pas que son nom soit synonyme de débauche et autres vilaines idées sur les « théâtreux » …
Gabriel monte à Paris, joue au théâtre de l’Ambigu. Il fera aussi ses débuts au cinématographe Pathé, des rôles comiques bien sûr, on riait beaucoup à l’époque de ses chutes, de ses cascades improvisées. Il a de l’imagination et comme Chaplin plus tard, il se crée un personnage, élégant, beau sourire, charmeur, il devient « Max ».
Hélas, la guerre de 1914, va le broyer, il sera gazé, réformé, des démons dans la tête… Même après son départ aux USA, sa rencontre avec Chaplin, qui l’accueille à bras ouverts, sa carrière aura du mal à repartir. Ajoutez sa jalousie maladive envers sa jeune femme, ses doutes même envers sa paternité…
Sa fin ? si tragique, si injuste pour sa fille Maud, qui sera – hélas - confiée à sa famille paternelle. Max enterré anonymement dans son village. Maud passera sa vie à réhabiliter la carrière de Max Linder, artiste, réalisateur qui fut quand-même son père.
Un rôle sur mesure pour Jérémy Lopez, il en a le charme, l’élégance, il porte le frac et le huit-reflets avec aisance. Il donne tant d’émotions, d’humour, une gamme d’émotions et une aisance gestuelle extraordinaire.
Un seul en scène à voir absolument, salut « the artist » !
Une performance époustouflante de Jérémy Lopez sur un texte ciselé de Stéphane Olivié Bisson.
Un grand moment de théâtre sur un artiste étonnamment tombé dans l'oubli alors qu'il a inspiré la plupart des grands comiques de l'époque, Chaplin...
Un grand moment de théâtre sur un artiste étonnamment tombé dans l'oubli alors qu'il a inspiré la plupart des grands comiques de l'époque, Chaplin...
"Maud, reviens un moment, ton père veut te parler. Il rôde et hante parmi ses souvenirs et nous rejoint pour les raconter. Pour toi d’abord et pour nous aussi…"
« Seul en scène, depuis son pays des morts, Max Linder s’adresse à Maud, sa fille de seize mois. Il lui raconte tout : ses grandeurs et ses démons, ses films »
C'est ainsi que le spectacle sera ponctué d'adresses à sa fille, aujourd’hui disparue, tout le long de cette impressionnante narration documentée de Max Linder, écrite et mise en scène par Stéphane Olivié Bisson.
Un récit de vie incarné au sens littéral du terme par Jérémy Lopez, sociétaire de la Comédie-Française. Un comédien de toute splendeur. Jérémy Lopez ne joue pas, il est Max Linder. Incroyable et magique interprétation d’une intensité et d’une vibration stupéfiantes. Une sensibilité à fleur de peau court tout le long. Un jeu rare tant il est nuances et tant il peut devenir violences, qui nous montre les meurtrissures profondes à jamais béantes, pour toujours gravées dans la mémoire qui revient, de cette figure emblématique du cinéma muet, immense et illustre gloire déchue du début du cinématographe.
« 1905, studios Pathé, l’acteur de théâtre Max découvre le cinéma, art naissant. Révélation et frénésie, il tourne cinq cents films, s’exporte à Hollywood, devient l’égal voire le « professeur » de Charlie Chaplin. Jaquette, chapeau de soie, haut de forme, souliers vernis et gants de noce, il invente l’élégance comique du dandy, parfait et désopilant gentleman »
Comme il l’a fait pour Camus avec ses Carnets, Stéphane Olivié Bisson a cette intuition géniale de faire revivre, le temps d’égrener les bribes essentielles de la vie de Gabriel-Maximilien Leuvielle dit Max Linder, le célèbre inconnu qui inspira le personnage de Charlot à Chaplin et marquera nombre de figures comiques qui l’ont succédé, de Pierre Étaix aux Marx Brothers, entre autres.
Nous voici emportés dans un parcours de vie captivant, magnifié par son interprétation. Nous cheminons parmi les peurs, les doutes et les réussites aussi de l’artiste et de l’homme, du père empêché. Nous revivons avec lui ses joies et ses peines, ses souffrances que sa secrétaire qualifia « des pires parce que peut-être imaginaires ». Et nous apprenons sans l’accepter l’oubli « douloureux et injuste » dans lequel on a jeté son histoire et son œuvre en grande partie détruite.
C’est un moment éblouissant que ce rendez-vous avec Max Linder, génie artistique, que la folie a emporté pour son dernier refuge vers le pays qu’il habite désormais, « le pays de l’oubli et de la nostalgie ».
Voici un spectacle prégnant, richement documenté et soigneusement peaufiné, et surtout, surtout, magistralement interprété par Jérémy Lopez. Un magnifique et mémorable moment de théâtre. Une incontournable découverte que je recommande vivement !
« Seul en scène, depuis son pays des morts, Max Linder s’adresse à Maud, sa fille de seize mois. Il lui raconte tout : ses grandeurs et ses démons, ses films »
C'est ainsi que le spectacle sera ponctué d'adresses à sa fille, aujourd’hui disparue, tout le long de cette impressionnante narration documentée de Max Linder, écrite et mise en scène par Stéphane Olivié Bisson.
Un récit de vie incarné au sens littéral du terme par Jérémy Lopez, sociétaire de la Comédie-Française. Un comédien de toute splendeur. Jérémy Lopez ne joue pas, il est Max Linder. Incroyable et magique interprétation d’une intensité et d’une vibration stupéfiantes. Une sensibilité à fleur de peau court tout le long. Un jeu rare tant il est nuances et tant il peut devenir violences, qui nous montre les meurtrissures profondes à jamais béantes, pour toujours gravées dans la mémoire qui revient, de cette figure emblématique du cinéma muet, immense et illustre gloire déchue du début du cinématographe.
« 1905, studios Pathé, l’acteur de théâtre Max découvre le cinéma, art naissant. Révélation et frénésie, il tourne cinq cents films, s’exporte à Hollywood, devient l’égal voire le « professeur » de Charlie Chaplin. Jaquette, chapeau de soie, haut de forme, souliers vernis et gants de noce, il invente l’élégance comique du dandy, parfait et désopilant gentleman »
Comme il l’a fait pour Camus avec ses Carnets, Stéphane Olivié Bisson a cette intuition géniale de faire revivre, le temps d’égrener les bribes essentielles de la vie de Gabriel-Maximilien Leuvielle dit Max Linder, le célèbre inconnu qui inspira le personnage de Charlot à Chaplin et marquera nombre de figures comiques qui l’ont succédé, de Pierre Étaix aux Marx Brothers, entre autres.
Nous voici emportés dans un parcours de vie captivant, magnifié par son interprétation. Nous cheminons parmi les peurs, les doutes et les réussites aussi de l’artiste et de l’homme, du père empêché. Nous revivons avec lui ses joies et ses peines, ses souffrances que sa secrétaire qualifia « des pires parce que peut-être imaginaires ». Et nous apprenons sans l’accepter l’oubli « douloureux et injuste » dans lequel on a jeté son histoire et son œuvre en grande partie détruite.
C’est un moment éblouissant que ce rendez-vous avec Max Linder, génie artistique, que la folie a emporté pour son dernier refuge vers le pays qu’il habite désormais, « le pays de l’oubli et de la nostalgie ».
Voici un spectacle prégnant, richement documenté et soigneusement peaufiné, et surtout, surtout, magistralement interprété par Jérémy Lopez. Un magnifique et mémorable moment de théâtre. Une incontournable découverte que je recommande vivement !
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