Critiques pour l'événement Maladie de la jeunesse
Quelle aventure que ce spectacle ! Comme sur un grand paquebot imaginaire, j’y ai fait un voyage agité, aux mouvements parfois doux mais souvent violents de vagues fâchées, hautes ou creuses et aux rares moments d’accalmie.
Ferdinand Bruckner, de son écriture sombre et clinquante à la fois, presque ciselée, nous raconte les histoires croisées, jamais comblées, de jeunes étudiants en médecine vivant dans une sorte de cohabitation. Leurs attentes, leurs idéaux, leurs désirs, leurs essais et leurs erreurs qui fondent le grandissement, forment le lit de la pièce. Nous assistons à leurs plaisirs de vivre une jeunesse débridée, finalement confortable puis progressivement à leurs dévoilements respectifs, repoussant les limites de la pensée, de la souffrance et jouant avec la vie comme avec la mort.
C’est tendu comme ambiance ! Même si l’insouciance présente par touches, fait sourire et rire, comme autant de bouffées d’oxygène dont nous aurions besoin pour respirer et poursuivre.
La mise en scène de Philippe Baronnet ne fait jamais couler le paquebot, c’est heureux ! Pas de simagrées mais des postures précises, pas de mouvements inutiles ni de jeux alourdis, toujours justes dans la joie ou la détresse. La violence est présente évidement, sans sombrer dans l’exagération. Il y a comme un paradoxe ou plutôt un contrepoint entre la sobriété efficace de l’ensemble et les états souvent paroxystiques des personnages. La puissance des effets n’en ressort que plus fortement. Elle interpelle notre imaginaire. Nous comprenons ce qui se passe tout en ressentant les émotions en même temps.
Tous les comédiens sont captivants. Leurs jeux brillent d’adresse et de sincérité. Ils nous accompagnent de bout en bout dans la jeunesse mouvementée de leurs personnages avec enthousiasme et précision.
Très beau voyage rempli de réflexions, de sensations et de souvenirs. On en revient secoué mais content de l’avoir fait !
Du bel art que ce spectacle !
Ferdinand Bruckner, de son écriture sombre et clinquante à la fois, presque ciselée, nous raconte les histoires croisées, jamais comblées, de jeunes étudiants en médecine vivant dans une sorte de cohabitation. Leurs attentes, leurs idéaux, leurs désirs, leurs essais et leurs erreurs qui fondent le grandissement, forment le lit de la pièce. Nous assistons à leurs plaisirs de vivre une jeunesse débridée, finalement confortable puis progressivement à leurs dévoilements respectifs, repoussant les limites de la pensée, de la souffrance et jouant avec la vie comme avec la mort.
C’est tendu comme ambiance ! Même si l’insouciance présente par touches, fait sourire et rire, comme autant de bouffées d’oxygène dont nous aurions besoin pour respirer et poursuivre.
La mise en scène de Philippe Baronnet ne fait jamais couler le paquebot, c’est heureux ! Pas de simagrées mais des postures précises, pas de mouvements inutiles ni de jeux alourdis, toujours justes dans la joie ou la détresse. La violence est présente évidement, sans sombrer dans l’exagération. Il y a comme un paradoxe ou plutôt un contrepoint entre la sobriété efficace de l’ensemble et les états souvent paroxystiques des personnages. La puissance des effets n’en ressort que plus fortement. Elle interpelle notre imaginaire. Nous comprenons ce qui se passe tout en ressentant les émotions en même temps.
Tous les comédiens sont captivants. Leurs jeux brillent d’adresse et de sincérité. Ils nous accompagnent de bout en bout dans la jeunesse mouvementée de leurs personnages avec enthousiasme et précision.
Très beau voyage rempli de réflexions, de sensations et de souvenirs. On en revient secoué mais content de l’avoir fait !
Du bel art que ce spectacle !
D’abord il y a Marie, et Désirée. Et puis il y a Alt, Petrell, Freder, et ensuite Lucie, Irène. Ils sont étudiants en médecine. Ils sont tous sur scène quand le public s’installe. Ils jouent, s’interpellent, s’amusent. C’est un capharnaüm de jeunesse que ce jeu-là. Un tourbillon fait d’ivresse et d’insouciance. De cynisme aussi, parce que la scène se déroule en Allemagne dans les années 20. Jeunesse insouciante et en même temps déjà pleine de cicatrices, séquelles de cette première guerre qu’ils ont vécue enfants et a brisé leurs rêves. Leur force, pour survivre dans un monde qui se relève à peine, c’est la provocation, l’esbroufe, le rejet des compromissions, le nihilisme.
Durant toute la pièce, ils vont jouer entre eux, se déjouer d’eux même, s’aimer, se trahir, se détester. Il y a lui qui aime elle mais elle ne l’aime pas parce qu’elle en aime une autre. Et cette autre en aime un autre. Le temps passe et les unions se font et se défont. Les idéaux ne sont plus, il y a ceux qui croient encore en quelque chose, ou rêvent de croire encore en quelque chose, et ceux qui savent que ça ne sert à rien, ceux qui ont renoncé.
Les comédiens sont brillants, notamment Marion Trémontels, toujours juste, la lumineuse Aure Rodembour ou Clémentine Allain, toute en nuances. Ils forment un bel ensemble, une équipe où tous jouent en parfaite osmose. C’est une qualité que j’avais déjà remarquée dans Bobby Fisher vit à Pasadena chez Philippe Baronnet : cette capacité à tisser entre ses comédiens un fil invisible qui les relie les uns aux autres, cette facilité qu’il a à faire ressortir le meilleur en eux, à les aider à devenir leurs personnages, les imbriquer, les souder et créer une équipe où chacun a sa place, chacun met les autres en valeur et est mis en valeur. Et cette direction leur permet assurément, tout en étant parfaitement guidés, de se laisser aller, de s’abandonner à leurs personnages. J’aime décidément beaucoup cette liberté et cet abandon que Philippe Baronnet leur inspire et leur offre. La mise en scène est sobre (un lit peut servir également de loges) et en même temps calculée, millimétrée. Quelques ralentis, accélérés, retours en arrière permettent de souligner certains passages, de les rendre encore plus brûlants. Un gramophone, quelques tenues typiques des années folles, le serment d’Hippocrate qui sera prêté dans sa version d’origine situent l’époque, tandis que les costumes contemporains permettent enfin d’ancrer la pièce dans une intemporalité certaine, tout comme la dernière scène, à la fois glaçante et terriblement juste : on grandit, on vit, la vie continue.
Cette maladie de la jeunesse, elle est récurrente, elle sera toujours là, elle ne se guérit pas, d’après Bruckner, car grandir c’est « sʼembourgeoiser ou se tuer ». Certains grandiront. S’embourgeoiseront, peut-être. Auront des enfants. Qui seront malades à leur tour. Puis qui grandiront…
Durant toute la pièce, ils vont jouer entre eux, se déjouer d’eux même, s’aimer, se trahir, se détester. Il y a lui qui aime elle mais elle ne l’aime pas parce qu’elle en aime une autre. Et cette autre en aime un autre. Le temps passe et les unions se font et se défont. Les idéaux ne sont plus, il y a ceux qui croient encore en quelque chose, ou rêvent de croire encore en quelque chose, et ceux qui savent que ça ne sert à rien, ceux qui ont renoncé.
Les comédiens sont brillants, notamment Marion Trémontels, toujours juste, la lumineuse Aure Rodembour ou Clémentine Allain, toute en nuances. Ils forment un bel ensemble, une équipe où tous jouent en parfaite osmose. C’est une qualité que j’avais déjà remarquée dans Bobby Fisher vit à Pasadena chez Philippe Baronnet : cette capacité à tisser entre ses comédiens un fil invisible qui les relie les uns aux autres, cette facilité qu’il a à faire ressortir le meilleur en eux, à les aider à devenir leurs personnages, les imbriquer, les souder et créer une équipe où chacun a sa place, chacun met les autres en valeur et est mis en valeur. Et cette direction leur permet assurément, tout en étant parfaitement guidés, de se laisser aller, de s’abandonner à leurs personnages. J’aime décidément beaucoup cette liberté et cet abandon que Philippe Baronnet leur inspire et leur offre. La mise en scène est sobre (un lit peut servir également de loges) et en même temps calculée, millimétrée. Quelques ralentis, accélérés, retours en arrière permettent de souligner certains passages, de les rendre encore plus brûlants. Un gramophone, quelques tenues typiques des années folles, le serment d’Hippocrate qui sera prêté dans sa version d’origine situent l’époque, tandis que les costumes contemporains permettent enfin d’ancrer la pièce dans une intemporalité certaine, tout comme la dernière scène, à la fois glaçante et terriblement juste : on grandit, on vit, la vie continue.
Cette maladie de la jeunesse, elle est récurrente, elle sera toujours là, elle ne se guérit pas, d’après Bruckner, car grandir c’est « sʼembourgeoiser ou se tuer ». Certains grandiront. S’embourgeoiseront, peut-être. Auront des enfants. Qui seront malades à leur tour. Puis qui grandiront…
Dans le même genre
Les avis de la rédaction