Critiques pour l'événement L'effort d'être spectateur
15 nov. 2019
7/10
5
Pierre Notte nous fait ressentir ce qu'est le spectateur pour le comédien. Une satire du rôle que l'on prête au spectateur vu par le comédien. Pour les passionnés de théâtre et pourquoi pas les curieux...
12 nov. 2019
7/10
6
Tu me crois, tu me crois pas, Hier soir, j’étais au théâtre.
Toi Jean-Louis ? T’es sérieux ?
Ben ouais ! Tu sais, c’est ces histoires de disonsdemain.fr, mon site de rencontre-là.
Ah oui. Et bein, elle devait être sacrément sexy la dame pour que t’ailles au théâtre !
Canon, sexy, chaude presque. Elle s’appelle Sophie, 51 ans, vraiment sympa. Elle aime la Suze tonic et le théâtre !
Ah c’est d’elle que vient l’idée du théâtre ?
Oui, on va dire qu’elle me l’a vivement « suggéré ». Moi, tu penses, la dernière fois que je suis allé au théâtre, j’étais au collège. C’était il y a plus de 40 piges, René !
Et alors ?
C’était chaud ! Bon, déjà, on arrive au théâtre, Claire connaissait tout le monde. Elle a embrassé la moitié de la salle, elle a dit bonjour à l’ouvreuse, la totale. Moi je trouvais ça plutôt sympa. Tu te rends compte, elle me présente ses amis au premier rendez-vous !
Puis la pièce a commencé, c’était ce qu’ils appellent un seul en scène. Un bonhomme seul, tout en noir, a commencé à parler, voire à interagir avec nous. Il nous posait des questions, plutôt sympa le mec. Et le sujet était intéressant : En fait, il analysait ce qui fait que le spectateur réagit, ce qui le rend heureux, presqu’acteur de la pièce finalement. C’était plutôt chouette, et puis ça me valorisait. Bon il parlait vraiment trop vite. Mais c’était intelligent René. Il m’a notamment fait réaliser que le théâtre est un des rares endroits où l’on utilise la vue mais avec son imagination. Au cinéma, tu vois le bateau ou la piscine. Au théâtre, on te dit qu’il est là, que c’en est une. Et tu y crois. C’est vrai hein ?
Pas faux. C’est malin ça.
Ouais, mais après ça a dérapé. Il est passé un peu du mec sympa et ludique au prof de fac qui te fait un cours magistral. Et là j’ai plus rien pipé dedieu ! Que des noms que je ne connaissais pas. Le plus chaud, c’est quand il a demandé dans la salle, nos premiers souvenirs / émotions de théâtre. Quand il m’a demandé, j’ai dit « Molière, les précieuses ridicules ». La salle a éclaté de rire. Sophie aussi. Je ne m’attendais pas à être drôle ! il doit y avoir une blague sur JB Poquelin dans le milieu.
Et puis, il m’a demandé : « quel metteur en scène ? » Et là… tu vois, je ne pouvais pas leur dire que c’était il y a 40 ans, j’avais l’air d’un con…. Alors j’ai dit « C’était ma femme » … t’aurais vu la gueule du mec. Heureusement, il a pas osé relancer !
Merde, Jean-Louis, tu fais encore la technique du veuf pour choper ? T’en as pas marre ?
Bein tu crois quoi René, j’étais assis à côté d’une femme qui connaissait tous les noms qu’il a cité. Moi, je m’en fous. Je me suis dit, tant pis : VATOU. J’ai allumé la mèche. Et ça m’a facilité le débrief. Plutôt qu’elle voit mon ignorance, elle me trouvait fragile. C’est pas beau ça ?
Et alors, tu l’as sauté ?
Ah non ! Ne sois pas vulgaire René !... Mais ça s’est bien terminé… Et puis, tu veux que je te dise ? Je vais retourner au théâtre.