Critiques pour l'événement L'effet miroir
10 janv. 2024
8/10
9
Très jolie surprise que cet Effet miroir au théâtre de l'Oeuvre.

Annoncée comme une comédie, cette pièce est beaucoup plus que cela. Drôle par moment bien entendu, le texte est assez barré voir dérangeant par moment.

Les comédiens sont excellents chacun dans leurs rôles et la mise en scène efficace.
27 nov. 2023
10/10
11
« L’effet miroir » de Léonore Confino dans une mise en scène de Julien Boisselier sur la scène du Théâtre de l’Œuvre est une fable mordante sur le comportement humain, sa valeur intrinsèque.

Léonore Confino est une auteure qui aime jouer avec les mots, les rencontres.
Je me remémore de ses précédentes pièces « Building et Smoke ring » cet esprit incisif avec sa plume délicieusement acide, vivante et mordante.
Sur le fil du rasoir, elle trouve les mots justes qui vont droit au but pour décrire avec précision nos travers, des mots qui collent avec finesse aux lèvres des comédiens.

Si vous associez cette performance créatrice à la sensibilité de Julien Boisselier qui se libère dans sa mise en scène, vous obtenez un effet miroir audacieux aux reflets malicieux.

A l’ouverture du rideau vous êtes accueillis par une ambiance sonore vingt mille lieues sous les mers de Pierre Tirmont, complétée par cette voix d’enfant qui vous raconte l’histoire d’un petit bigorneau qui a perdu sa coquille…nous découvrons la fable innocente que son auteur Théophile (en manque d’inspiration depuis trop longtemps : le syndrome de la page blanche, du jogging élimé, depuis son succès avec sa « Chambre des amants »), a écrite en retrouvant l’inspiration grâce à l’acquisition d’un miroir du XVIIe. Un miroir aux effets surprenants si l’on ne prend pas garde à mesurer la vision de son intériorité.

De la fiction à la réalité, le jeu préféré de Léonore Confino, il n’y a qu’un pas à franchir dans les reflets de ce miroir qui vous propose une toute autre réalité de votre vie. Chacun y perçoit ce qu’il veut bien y voir. Un défouloir, une mise en abyme qui pourrait bien vous détruire si vous n’êtes pas capables de mesurer l’effet de vos propos. Ne dit-on pas qu’il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler ?
Un effet miroir à regarder en connaissance de cause, sans vouloir rejeter naïvement sur l’autre son inconscient.

Théophile avec son épouse Irène, qui contrairement à lui avec sa profession de contrôleuse de gestion a les pieds sur terre, son frère William et sa belle-sœur Jeanne, évoluent au milieu de petites créatures marines inoffensives comme un oursin qui joue avec une sèche, ou bien encore un poulpe, une crevette, une étoile de mer et autres céphalopodes.

Un conte sous l’innocent titre « L’éveil du plancton » qui va déclencher bien malgré lui un règlement de comptes à O.K. Corral exceptionnellement violent.
L’interprétation qu’ils vont en faire lors d’un symbolique repas de famille va déclencher une tornade de reproches où malheureusement la poésie n’aura plus sa place.
Théophile quant à lui, il ne dit jamais rien pour faire plaisir…alors comprenez ce que vous voulez…
Dans ces conditions L’effet miroir prend tout son sens : la réalité extérieure est le reflet de notre état intérieur.

Dans un décor de Jean Haas, éclairé par Jean-Pascal Pracht : François Vincentelli, le poète à la chevelure décoiffante, Caroline Anglade, la mère de famille à l’amour inconditionnel, Eric Laugérias, le frère bien sous tous rapports et Jeanne Arènes, la belle-sœur au look de la famille Addams sont quatre comédiens, habillés par Sandrine Bernard, qui dans leurs jeux nous captivent de bout en bout, de rebondissement en rebondissement, laissant dans nos pensées des images philosophiques qui méritent approfondissement, servis par une mise en scène de Julien Boisselier, assisté de Clotilde Daniault, très astucieuse, au tempo bien contrôlé, enrichissant les scènes de l’auteure qui se croisent à profusion.

Une fable, un conte, une comédie qu’il faut voir pour se réconcilier avec la Vie !