Critiques pour l'événement Le Prix
23 févr. 2025
9/10
39
Très bon jeux d’acteurs pour cette pièce aux jeux de lumières bien choisis ; pas évident ce jeu en duo qui révèle la réalité de certaines trouvailles « collectives » et dont on ne se souvient que d’un nom passé en postérité
7 févr. 2025
9/10
47
L'origine du mal !

En 1939, Otto Hahn, grand chimiste allemand, et son assistant apportèrent la preuve de la faisabilité de la fission de l'uranium par bombardement de neutrons.
Cette découverte décrit, bien avant le célèbre "Projet Manhattan" dirigé par Oppenheimer, la faisabilité d'une bombe nucléaire.

Mais cela n'a été possible que grâce aux travaux menés conjointement par Hahn et Lise Meitner, brillante physicienne obligée de quitter l'Allemagne fin 1938 en raison de ses origines juives. 
Pendant 30 ans, ensemble, ils ont exploré, tout partagé, cherché, trouvé.
Liés par cette passion, par cette fébrilité de la recherche.

Et c'est elle, en tant que physicienne, qui a fourni la première explication dans la découverte de cette fission nucléaire.

Elle, une des grandes oubliées du Prix Nobel.
Elle qui n'est citée nulle part, et surtout pas dans les nombreuses interviews données par le célèbre chimiste.

Nous sommes le 10 décembre 1946. Otto Hahn attend dans le grand hôtel de Stockholm qu'on vienne le chercher pour lui remettre le prix Nobel de Chimie. Lise Meitner lui a annoncé sa venue. Huit ans qu'ils ne se sont pas vus, depuis qu'elle a fui l'Allemagne. Réfugiée en Suède, elle vit et travaille dans la capitale.

Il l'attend, fébrile .....

Ce qui est formidable dans le texte de Cyril Gély, à qui l'on doit "Dans les yeux de Monet", c'est que les choses ne sont pas tout noir ou tout blanc.
Même si la faute repose sur Otto, chacun d'entre eux a une part d'ombre et de lumière.
Leur histoire a été bouleversée, explosée par l'Histoire, la guerre, les enjeux mondiaux.

Aveux, reproches, vérités cachées, peurs enfouies, regrets, à tour de rôle ils se livrent l'un à l'autre.

Les deux grands comédiens, qui s'affrontent dans ce superbe décor, ont une complicité et une subtilité magnifique.

Pierre Arditi, scientifique vieillissant et tourmenté qui s'est approprié toute la gloire. Par lâcheté, par vengeance, par peur ?
Ludmila Mikael, solaire, forte et libre malgré l'exil et l'oubli.

Nul besoin de cris dans ce face à face intense et captivant entre cette femme et cet homme brillants. 
C'est dans les mots et dans les intentions que la nature humaine éclate !

Seize mois plus tôt, le 6 août 1945 le bombardier Enola Gay avait largué sur Hiroshima cette fameuse Bombe. L'avion avait été baptisé ainsi par le pilote du nom de sa mère !
27 janv. 2025
9/10
61
Une note élevée pour la performance d'acteurs sur un texte puissant.
Ludmila Mikael est d'une intensité folle. Arditi se fait bousculer, malmener. Elle a des variations de jeu qui l'embarquent du rire aux larmes en quelques secondes. Elle en sort bouleversée et ne peut retenir ses larmes aux saluts.

L'histoire est réelle et ça apporte du poids à la confrontation.
Car au fond, la science est un prétexte, il s'agit surtout d'orgueil et d'amour. De lâcheté et d'opportunisme.
Des êtres exceptionnels par leur parcours mais tellement bassement humains par leurs agissements et sentiments.

Une jolie mise en scène qui par un jeu de lumières joue sur l'intensité des émotions.
Un brin classique mais seul les mots comptent.