Critiques pour l'événement Cyrano de Bergerac (Herson-Macarel)
23 nov. 2017
8/10
9
Pour Lazare Herson-Macarel, Cyrano est « l’oeuvre la plus importante du monde ». Nous étions donc faits pour nous entendre ! Je dois lui dire un grand merci, car avec ce spectacle il me rappelle que Cyrano peut se monter avec 3 planches de bois, un violoncelle et un batteur. J’ai trop en tête la version de Denis Podalydès et j’avais jusqu’alors du mal à me faire à l’idée qu’un jour je verrai un autre Cyrano que celui-ci ,mais j’ai fait la démarche et cela me permet de me rouvrir les yeux. Donc merci, monsieur Herson-Macarel.

Car il faut bien le reconnaître, sa version de Cyrano est également très intelligente. Les scènes collectives, particulièrement, fonctionnent très bien, et tout le début du spectacle est dynamique à souhait, nous permettant de bien rentrer dans l’atmosphère proposée. Cette scène initiale, qui a donc lieu dans un théâtre, mêle les comédiens aux spectateurs et fait vivre les échanges depuis la salle, ce qui crée une dimension supplémentaire : nous aussi, on se retrouve avec l’envie de huer Montfleury au même titre que les autres. J’ai également beaucoup apprécié la manière dont la scène de la balade était menée, avec inventivité et poésie.La mort de Christian reste également un moment phare marqué par une belle scénographie. De manière générale, la mise en scène de Lazare Herson-Macarel m’a totalement convaincue.

Ce qui m’a laissée un peu plus de marbre, c’est sa direction d’acteur. D’abord, il faut reconnaître que si je n’avais su le texte par coeur, j’aurais probablement manqué quelques échanges : doit-on en imputer à l’acoustique de la salle, la présence de ces hauts murs de bois sur scène absorbant le son, ou des problèmes de diction des comédiens ? Sûrement un peu des trois. De plus, si Roxane (Morgane Nairaud) a des petits accents hystériques, j’avoue que je préfère le personnage avec plus de nuances et la jouer constamment surexcitée fait perdre un peu en poésie. De même, il ne semble avoir gardé de Cyrano (Eddie Chignara) que l’aspect intellectuel, l’homme à la singulière faconde, mais moins l’amoureux transi et le poète passionné. Difficile également pour le comédien, dont le physique se rapproche de Michel Vuillermoz, d’arriver à vaincre la superposition évidente qui se faisait dans mon esprit. En revanche, tant son Christian – charmant Joseph Fourez – que son Ragueneau – bouillonnant David Guez – ont su me convaincre.