Critiques pour l'événement Angels in America
17 févr. 2020
9/10
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Dans cette ambiance apocalyptique, Arnaud Desplechin use d’un dispositif théâtral original.

Partagée en deux, la scène accueille deux actions simultanées. Un split-screen très cinématographique. On se sent parfois comme au cinéma, les scènes sont rapides et la mise en scène use de nombreux écrans. On se trouve à Central Park ou devant la Fontaine Bethesda, comme en immersion.

Les Anges volent, apparaissent dans des nuages de fumée. Comme au cinéma, mais avec tous les charmes du théâtre : on voit un Ange délicatement se décrocher des câbles. Angels in America, c’est une scénographie complète et complexe. Presque autant que toutes les histoires qui s’entremêlent dans ce récit. Références religieuses, politiques ou historiques se mélangent.

Angels in America est une merveille, autant qu’un drame. A voir absolument à la Comédie Française.
24 janv. 2020
9,5/10
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« Angels in America » fait partie des pièces mythiques. Je n’avais pas vu la mise en scène française des années 1990..... et je l’ai longtemps regretté. Je ne pouvais rater la version de Desplechin pour la comédie française.
Je ne connais donc pas la version longue de 6 heures, mais celle de Desplechin resserrée en 2 h 30 est bien rythmée et m’a emportée, à part peut être quelques longueurs vers la fin. Les changements de décors fréquents et le jeu en simultané sur deux parties de la scène, sont très cinématographiques et servis par les projections vidéos et les écrans qui se referment et se réduisent comme des fondus au noir théâtraux.
Tout cela reste très sobre, peut être parfois un peu trop mais cela permet de sublimer et de faire ressortir le jeu des acteurs. Vuillermoz est exceptionnel et joue à merveille le rôle de l’immonde avocat Roy Cohn et Clément Hervieu-Leger incarne parfaitement la souffrance et la douleur de Prior Walter se mourant du Sida.

On se retrouve plongé au cœur des années 80, de ces années si sombres et on ne peut s’empêcher de penser à « 120 battements par minutes » et j’ai retrouvé la même tension et la même souffrance mais la pièce s’en éloigne aussi par sa dimension fantastique : des anges y dénoncent le rêve américain et on y croise même des hallucinations des personnages comme Ethel Rosenberg ou un agent de voyage sortant d’un frigo . Tout cela fait un spectacle très fort et très riche et Il m’a fallu un peu de temps pour analyser mes émotions mais plus je prends de recul et plus ce spectacle résonne et livre ses richesses.