Alex Lutz est l’un des humoristes actuels les plus brillants. Avec ou sans micro, il excelle dans les voix, les expressions, les gestes. Quelques années après son précédent one-man-show, le comédien en présente une version légèrement modifiée, avec toujours plus de prestance.
Entre des sketchs anciens - le chansonnier vieillard, la vendeuse idiote parfaitement caricaturée, l’acteur porno surbooké ou le directeur de casting méprisant -, on découvre ses petites confessions au public et quelques nouveaux sketchs.

Les tenues sont extravagantes, coiffes de perles, bas, costume de cosmonautes, la mise en scène est très vive, soutenue par des rythmes techno et de nombreux samples de voix, de bruits.
Durant une heure et demie, on se laisse bercer par ces séquences enlevées, enivrantes, en dégustant le champagne Crazy Horse, dont la maison écoule 50 000 bouteilles par an. C’est rythmé, sensuel, inventif, lumineux et moderne... Bref, le cabaret strip tease le plus actuel.

Malgré les apparences qui en font le héraut du style chansonnier à la française, Bernard Mabille est un stand-uper d’exception. Une blague ou une info par phrase, un rire toutes les dix secondes, une aisance sur scène et le don de parler au public...
La réunion entre les Deux Ânes et l’esprit d’aujourd’hui, bref, les Grosses têtes audibles sans mal de crâne.

A voir l’enchaînement des intrigues, les jeux de chapeaux qui s’échangent, les personnages qui se bousculent, le théâtre fait concurrence au cinéma. Les acteurs multiplient d’ailleurs les effets spéciaux parodiques, en mimant par exemple des rafales de vent qui secouent leurs vêtements.
Comment ne pas éprouver un ébahissement enfantin face à l’efficacité de jeu et la capacité des acteurs à suggérer tant avec si peu, un bout de décor, un chapeau, une moustache ?

On retrouve un Mustapha el Atrassi à l’aise pour tchatcher, improviser, balancer sur des thèmes qui surprennent : indisposition à l’égard des rastas blancs, refus du communautarisme ou critique de la frustration sexuelle des Musulmans, facteur de violence selon lui.
En dehors de quelques critiques appuyées, le show affiche un ton léger, 1h15 de pur stand-up véloce et aérien, où le comédien rebondit sur tout. Car avant d’être un bon sniper TV, Mustapha est un showman amoureux de la scène, qui commence à y dévoiler un peu de sa vie, en mettant de côté ce qui pourrait le gêner...