- Comédie Musicale / Musique
- Théâtre des Champs-Élysées
- Paris 8ème
Tristan et Isolde

- Théâtre des Champs-Élysées
- 15, avenue Montaigne
- 75008 Paris
- Alma Marceau (l.9)
Sublime fresque de l’amour impossible, Tristan est l’œuvre parfaite par excellence !
En 1857, Wagner interrompt la composition du Ring, abandonnant alors Siegfried dans la forêt profonde, pour entreprendre une quête plus personnelle. Sa passion pour la jeune poétesse Mathilde Wesendock et leur relation adultère le hantent jour et nuit.
Tristan et Isolde sera le miroir musical de leur passion et rarement un opéra aura mis à ce point en abyme la vie d’un artiste. Pour porter haut sa croyance en un amour absolu, Wagner repousse alors loin les limites de son art : tonalité mouvante, tension languissante, résolution sans cesse repoussée jusqu’à la mort ultime...
Tout est à la fois si « réfléchi » et pourtant si charnel dans Tristan. L’épure du livret est sans aucune mesure avec la pratique de l’époque.
La critique de la rédaction : 7/10. Un bel opéra en 3 actes de Richard Wagner datant de 1865, qui s'adresse plutôt aux habitués de par sa durée et ses choix de mise en scène.
Cela dure 5h10 pendant lesquelles nous oublions le temps et nous laissons simplement porter par la musique. D’ailleurs, mieux vaut avoir lu attentivement l’argument de l’histoire comme l'œuvre est en allemand et qu'il est plus aisé de la savourer lorsque l'on n'a pas à lire tous les surtitres.
La mise en scène en clairs obscurs va dans le sens des intentions de Wagner : elle accentue la vision tragique du mythe, faisant ressortir le drame plutôt que la passion. Certes, nous ressentons moins l'amour entre Tristan et Isolde mais nous constatons mieux à quel point la mort les guette dès le premier acte.
Les lumières sont très faibles et froides laissant les chanteurs dans la pénombre, les décors austères, l’ambiance macabre mettent un peu mal à l’aise. Heureusement, la musique n’est pas aussi violente. L’orchestre national de France joue des airs puissants sans être assommants, envoutants sans être mielleux.
Nos oreilles ont été enchantées à plusieurs moments, au début de l’acte II lorsque l’orchestre a imité les cors de chasse annonçant la partie de chasse organisée par le roi Marc ainsi que les ultimes notes de chaque acte… Magnifiques conclusions.
Les chanteurs impressionnent tant par leur carrure, leur puissance, que par leur talent. Plus le temps passe, plus ils nous font vibrer. Nous avons également apprécié le choeur, utilisé à bon escient lors de l’acte I, chantant en arrière scène et donnant ainsi de la profondeur à la musique.
Deux autres moments forts, plus théâtraux ceux-ci, sont l'arrivée du roi en fin d'acte I et lorsqu’Isolde s’enfonce dans la nuit.
Nous ne conseillerions pas Tristan et Isolde pour découvrir l’art de l’opéra. En revanche, si vous êtes un habitué, cette adaptation mise en scène par Pierre Audi et dirigée par Daniele Gatti est remarquable.
C'est vrai que c'est un opéra qui peut paraître difficile d'accès par sa durée, par le fait qu'il soit joué en Allemand et surtout par l'immense place qu'il laisse à l'imagination.
Mais tout cela s'oublie très facilement car on entre dans une bulle hors du temps. Ce qui est idéal pour laisser son imagination vagabonder à propos des décors volontairement abstraits, magnifiés par d'impressionnants jeux de lumières.
Et surtout, surtout, on se laisse emporter par l'histoire racontée par la musique de WAGNER qui est admirablement jouée par l'Orchestre National de France sous la direction de Daniele GATTI. Plus j'y repense, plus je me dis que c'est la musique qui a le plus beau rôle dans cet opéra. La partition de cette version de Tristan et Isolde sublime le jeu des acteurs, déjà servi par une excellente distribution. Et pas seulement pour Tristan et Isolde eux même, Steven Humes notamment incarne un épatant Roi Marke.
Une très belle version donc de cet opéra qui se joue assez rarement. Et une version qui va bien avec le cadre du Théâtre des Champs Elysées, plus intime que si elle avait été donnée à l'Opéra Garnier. A découvrir sans hésiter, si vous aimez l'opéra.
La musique était superbe et les chanteurs ne manquaient pas de coffre pour magnifier l'ensemble.
Plus j'y repense et plus je trouve la mise en scène juste et équilibrée pour cet opéra tragique en 3 actes.
Les décors non figuratifs laissent place à l'imaginaire et permettent des jeux de lumières époustouflants car cette adaptation repose sur une dualité primordiale : le jour et la nuit, le devoir et les moeurs face au désir et à la mort.
Cet aspect est traité tout au long des différents actes par une lumière maîtrisée et froide. Isolde est à chaque fois à la limite et finit par gagner la nuit dans un final émouvant et visuel.
Les actes montent crescendo pour arriver à rendre leurs plus belles émotions dans des finals haletants.
Cette adaptation ne vise pas la transcription de l'amour entre Tristan et Isolde mais préfigure leur péché qui conduira à la mort.
Une oeuvre à aller voir sans tarder.
Face à un public parisien très exigent, le chef italien Daniele Gatti a défendu la partition avec sensibilité et raffinement. Toute la vitalité des notes s’élève dans la salle. L’orchestre national de France, en grande forme, n’a pas faibli au rythme de sa baguette, jusqu’au Liebestod et son grand crescendo final, un aria bouleversant qui signe la mort de l’amour, tout en sublimant la magnifique écriture wagnérienne. L’ouverture de l’acte II reste un grand moment avec le cor anglais et résonne encore dans notre tête. C’est à peine si l’on peut reprocher au chef un tempo légèrement flottant mais cela dans l’unique but de s’adapter aux interprètes et de coordonner la fosse et le plateau.
D’ailleurs, l’un des points forts de cette production est sans aucun doute la grande qualité de la distribution, et pas uniquement dans le duo-phare qui fait preuve d’une parfaite alchimie et livre une interprétation magistrale. Rachel Nicholls, qui a remplacé quasiment au pied levé Emily Magee (qui a du retourner aux Etats-Unis pour raisons personnelles seulement trois semaines après le début des répétitions), se montre une épatante Isolde. L’agressivité de l’acte I fait rapidement place à une certaine nervosité et la soprano dramatique nous offre une large palette de couleurs vocales. Elle parvient même à nous arracher quelques larmes, telles des étoiles de mer venues s’échouer sur le rivage, lors de la scène finale qui nous laissera pour longtemps une image simple mais profonde, d’une beauté picturale enivrante.
Torsten Kerl est quant à lui un Tristan qui impose. Il est époustouflant. La puissance de la voix de ce ténor est exaltante malgré quelques rares passages où l’orchestre surplombe sa présence, appuyant un peu trop sur les abymes de sa douleur. Andrew Rees étonne en Melot infirme, prenant appui sur sa canne et courbé en deux constamment. Cette faiblesse physique contraste avec sa force vocale. Steven Humes a un timbre incroyablement expressif dans le rôle du roi Marc. Michelle Breedt (Brangaine) et Brett Polegato (Kourvenal) impressionnent fortement également. L’homogénéité de la distribution renforce la profonde émotion que nous avons ressentie durant la captivante représentation, saluée par une ovation amplement méritée.
Les lumières de Jean Kalman subliment un plateau tout en clair-obscur. Un magnifique passage en vert, couleur de l’espoir, retranscrit parfaitement les terres irlandaises. Les nombreux contre-jours apportent une relecture plus profonde de l’œuvre de Wagner, ne la réduisant pas comme souvent à une simple passion amoureuse. La scénographie épurée de Christof Hetzer est ainsi mise en valeur. Nous passons avec aisance dans les différentes parties du navire ferreux grâce aux panneaux mouvants puis vibrons de passion dans le parc arboré, symbolisé par de grands troncs clairs avant d’assister, impuissants, à la mort des héros dans une cabane entourée de petits rochers, lieu clandestin de l’apothéose de leur amour. Petit bémol pour les costumes, principalement à l’acte III mais En revanche, là où le bât blesse, ce serait peut-être du point de vue de la mise en scène de Pierre Audi. Bien loin de celle de Patrice Chéreau présentée en 2007 à la Scala, c’est le seul point faible du Tristan et Isolde présenté au Théâtre des Champs-Elysées.
Si nous ne pouvons lui reprocher cet aspect très esthétisant qui fait corps avec l’ensemble de la production, la direction d’acteurs trop statique, distanciée et minimaliste est regrettable et fait même quelques écarts vis-à-vis du livret initial. Cependant, la qualité vocale et musicale pallie cette légère faiblesse. Esthétiquement, c’est beau et cela fonctionne, au point de donner envie de revoir encore et encore cette œuvre efficace, si peu donnée en France.