- Classique
- Théâtre Sartrouville Yvelines CDN
- Sartrouville
Tailleur pour dames
- Théâtre Sartrouville Yvelines CDN
- Place Jacques Brel
- 78500 Sartrouville
Quiproquos et malentendus emportent Moulineaux dans un tourbillon d’événements qu’il va tenter de maîtriser tant bien que mal…
Le docteur Moulineaux a découché ! Au petit matin, sa jeune épouse attend de lui quelques explications. Le voici embarqué dans un long tissu de mensonges qu’il va coudre et découdre pour sa femme, sa belle-mère, le mari de sa maîtresse, l’amante de celui-ci…
Dans cette pièce de jeunesse, son premier succès, Feydeau règle la mécanique diabolique de son écriture au service de situations absurdes et irrésistiblement drôles.
Du pur divertissement dont s’emparent Cédric Gourmelon et sa troupe de neuf acteurs dans un hommage à Louis de Funès, au design excessif et coloré du début des années 70. Une course menée à bout de souffle, tableau de nos gesticulations désespérées pour paraître ce que l’on n’est pas.
J'avais eu l'occasion l'an dernier d'en savourer une version classique et avais hâte de la redécouvrir sous une autre forme. J'avoue ne pas avoir été porté de la même manière mais sans doute étais-je encore trop empreint de la prestation de José PAUL et consorts car ma cavalière d'un soir s'est, elle, régalée ainsi que le nombreux public venu à ce soir de première. La discussion de bord de plateau (toujours agréable au théâtre de Sartrouville) entre l'équipe et les spectateurs à l'issue de la représentation m'a toutefois permis de comprendre certains choix de jeu un peu déroutants.
Le texte de Feydeau est toujours un bijou, une redoutable mécanique de précision, et c'est pourquoi Cédric GOURMELON s'est attaché à le respecter "à la virgule près", prenant même toutes les didascalies au pied de la lettre.
Les comédiens qui, tout comme lui, ne sont pas familiers de ce type de théâtre de boulevard, ont donc cherché à composer leurs personnages au détour de leurs répliques, ce qui fut plus aisé pour les hommes car la misogynie latente de la pièce et de l'époque décrite ne valorise pas les rôles féminins.
Là où d'autres spectateurs ont vu des clins d'oeil à la comedia dell'arte ou au monde du cartoon, je n'ai vu que des déambulations et des exagérations inutiles.
Concernant les interprétations, la belle mère Hélène SCHWALLER se détache grâce sans doute à son aspect caricatural quand Laure CATHERIN (Yvonne) et Marie PAYEN (Suzanne) incarnent des femme et maîtresse stupides, interchangeables mais lisses (hormis les gesticulations pré-citées), Mélanie LERAY est une Rose au parfum trop discret et Anne de QUAIROZ cumulant les deux rôles de clientes n'a pas encore assez de temps de jeu pour montrer autre chose que sa plastique.
Vincent DISSEZ est assez convaincant en Moulineaux mais j'ai plus été touché par sa prestation dans Réparer les Vivants (version mise en scène par Sylvain MAURICE), tout comme Gaël BARON (BASSINET) qui souffre toutefois de sa ressemblance tant capillaire que gesticulatoire avec Christian HECQ. Guillaume CANTILLON (Aubin) et Christophe RATANDRA (Etienne) sont un peu plus transparents malgré quelques passages savoureux.
Le choix assumé de situer l'action dans un décor et des costumes des années 70 fut un nouveau bémol pour moi car j'avais encore en mémoire l'excellent Chapeau de paille d'Italie joué à la Comédie Française il y a quelques saisons.
J'y ajouterai également quelques choix d'éclairage surprenants et des passages musicaux parfois trop dissonants à mon goût.
Mon plus grand éclat de rire de la soirée fut causé bien involontairement par un spectateur assis derrière moi qui nous confondit, ma voisine et moi, avec des amis à lui. Ce fut le seul quiproquo non imaginé par Feydeau.