Sarah Doraghi, Je change de File

Sarah Doraghi, Je change de File
De Sarah Doraghi
Avec Sarah Doraghi
  • Sarah Doraghi
  • En tournée dans toute la France
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Etre Perse (la version chic pour dire "née en Iran "), ce n'est pas du tout ce que vous croyez !

De son arrivée en France à l'âge de 10 ans sans parler un mot de notre langue jusqu'à son obtention du passeport français, Sarah Doraghi raconte à travers toute une galerie de portraits comment elle est devenue "tricolore" tout en restant optimiste."

Sarah Doraghi présente la rubrique "Culture en Régions" sur Télématin -France2- et auteur du petit livre à succès "Là tu dépasses les borgnes" aux éditions First.

 

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30 nov. 2017
8,5/10
157
Elle est belle, elle est drôle, elle est intelligente, elle est classe, elle est pilote d'avion …
Un talent comme on en voit peu, en dehors des sentiers battus … Isabelle Nanty ne s'y est pas trompée !
Ne changez surtout pas de file et courez la voir où qu'elle soit !
13 juil. 2017
8/10
153
Après son succès au théâtre du Lucernaire à Paris, Sarah Doraghi est enfin au festival Off.

Tous les préjugés volent en éclats avec ce spectacle, elle a de l’abattage Sarah, fière de ses origines et fière d’être française, que de chemin parcouru pour la petite fille iranienne qui apprend le français avec la télé et Muriel Robin !

Elle a 10 ans lorsqu’elle arrive avec ses soeurs en France, elle ne connaît pas un mot de français, mais c’est le pays de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Son pays est en guerre, tout est calme à Paris, oui mais…

Sarah a une amie à l’école, elle est reçue par les parents et là, c’est la catastrophe, la petite Sarah découvre les préjugés sur son pays, sa religion, les iraniens en général ! puis ce sera une galerie de portraits, digne de La Bruyère, Sarah dresse un bilan peu flatteur des français, mais sans méchanceté, il faut reconnaître que la géographie et nous ça fait deux, et que même les bien-pensants envers les iraniens en font des tonnes pour se démarquer des autres !

Enfin, on s’amuse beaucoup avec Sarah, c’est une comédienne parfaite, imitatrice, danseuse et toujours un sourire charmeur.

On rit et on est ému par son histoire.
23 août 2016
9/10
186
Je suis allée voir Je change de file et j'en suis revenue conquise. Sarah Doraghi est épatante. de sincérité et de talent.

Arrivée en France en 1983, âgée de dix ans, fuyant la Révolution iranienne et la guerre entre l’Iran et l’Irak, la petite fille apprend vite. Douée pour les langues, elle choisit de faire des études de journalisme. William Leymergie la choisit pour présenter la chronique "culture en régions" sur Télématin, ce qu'elle ne manque pas de pointer avec humour au cours de la soirée : elle "l'étrangère", rendre compte de la culture de nos belles provinces... avec son passeport iranien et une carte de résident.

Son objectif est d'abord de rire ensemble de soi sur ce terrain vague de la scène où tout est possible. Elle l'affirme en interview et elle le démontre avec humour et amour. Et surtout un sens de l'autodérision puissance 1000. Aussi savoureux pour les français de souche que pour ses compatriotes (très nombreux dans la salle le soir de ma venue).

De fait elle ne se moque pas. Mais elle partage des souvenirs qui ne s'inventent pas. Si elle maitrise à la perfection la langue de Molière, sa mère multiplie les lapsus, mettant facilement les pieds dans le plâtre. C'est à elle qu'elle a emprunté le titre de son livre, paru aux éditions First, "Là tu dépasses les borgnes".

Elle m'a rappelé ma grand-mère qui n'était pas iranienne mais qui, ayant quitté l'école très tôt, avait sa manière personnelle d'employer les proverbes. A l'entendre on s'entendait comme marrons en foire. Quand elle était en colère elle menaçait qu'il n'y avait rien qui passe sans que ça ne rapace.

C'est sur la recommandation d'Isabelle Nanty que Sarah Doraghi a créé Je change de file au BO Saint-Martin, avant de le jouer à la Comédie des Boulevards puis au Lucernaire et de poursuivre par une tournée dans toute la France.

Elle arrive sur scène en posant la question banale à laquelle il est souvent difficile de répondre : Sans indiscrétion, vous êtes d’où ? Il est vrai qu'en France, on ne coupe pas à cette interrogation qui est ressenti comme un interrogatoire. Qu'est-ce que j'ai pu être ennuyée de devoir justifier mes origines quand je travaillais en Alsace ! J'y étais considérée comme étrangère au motif que je venais de l'intérieur comme on dit là-bas avec mépris pour ceux qui sont nés de l'autre coté des Vosges.

Alors je comprends ce que Sarah a pu ressentir.

Elle confie qu'elle a autant appris notre langue dans les livres, à l'école qu'à la télévision, en particulier en se nourrissant des sketches de Muriel Robin dont l'aplomb lui servit de guide. Ne faisant pas de distinction entre la voix, l'intonation et la personnalité elle se mettait à parler comme l'humoriste dès qu'elle cherchait à s'affirmer.

Et elle nous rejoue ces moments sur scène. Sans décor mais quelques accessoires coté jardin : une table de bistrot, une chaise, un téléphone, un verre de vin rouge. Elle y campera la maman de sa copine Sophie qui avec force gestes de mains s'étonnait que la fillette ne mange pas avec les doigts et qu'elle ait pu arriver en France en avion, ce qui ne correspond pas à sa vision des réfugiés.

Plus tard elle s'y installera comme au Flore pour déguster un Club Rykiel, un "club sandwich tout nu" créé spécialement pour la couturière (et c'est vrai !) où le pain est remplacé par des feuilles de romaine, avec ketchup et moutarde à la place de la mayonnaise. Elle a raison de railler le "conceptuel" à tout prix.

Elle est très forte pour balayer les idées reçues : Le Caire, l'Egypte et la Turquie n'ont pas de rapport avec l'Iran. Levons le voile dit-elle avec humour, rappelant 5000 ans d'histoire, la Perse, un territoire grand comme 3 fois et demi la France, entouré de pays dont le nom se termine systématiquement par "kan", de multiples révolutions, la prise de pouvoir par un ayatollah qui a vécu près de Paris à Neaulphe-le-Chateau (c'est encore vrai) comme Marguerite Duras (ça c'est moi qui l'ajoute), et puis la guerre Iran-Irak qui a fait 1 million de morts. Voilà le public est prêt à entendre la suite.

Le moins qu'on puisse dire est que Sarah ne ménage pas les effets. Elle s'étonne que la prière soit remplacée à la télévision par Bonne Nuit les Petits. Elle décrypte la littérature jeunesse, voyant dans la bande dessinée des Schtroumpfs un éloge au communisme où le rouge aurait été remplacé par du bleu. Poursuivant avec les couleurs elle établit un parallèle entre Stendhal et Louboutin pour leur association du rouge et du noir.

Inversement elle se lance dans une analyse lexicale de la danse orientale qui est à mourir de rire. Les mouvements des mains seraient une sorte de langage codé censé rassurer l'homme que l'on veut séduire sur ses capacités à se maquiller, mettre la table ...

La tentation est forte de vous raconter le spectacle, de vous dire pourquoi elle aime Ravel, de pointer la valeur pédagogique des matchs de Roland-Garros, d'expliquer le choix du titre un peu énigmatique du spectacle et de souligner que oui elle mange du saucisson et plutôt deux fois qu'une. Parce qu'elle aime ça et qu'elle est intégrée tout en restant fière de ses origines.

Elle aime autant la France que l'Iran et le public salue bien bas son talent et sa joie de vivre. Qu'elle soit rassurée : elle ne risque plus d'être regardée comme une terroriste potentielle mais comme une humoriste à haut potentiel, mille fois oui.

Sa manière de prononcer les S est un moment d'anthologie. Le s de la minaudeuse, une exception française, qui ne prend au restaurant que des carpaccios, n'a rien à voir avec celui de l'homme qui déjà petit zozotait. Il faut l'entendre parler l'anglais du commandant de bord ! Sarah imite à merveille mais elle est inimitable.
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Notes détaillées (pour les plus courageux)
Texte
Jeu des acteurs
Rire
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor