Nous, rêveurs définitifs : cabaret magique

Il y a, d’abord, Ingrid Estarque. Mi-féline, mi-sirène. Une danseuse longiligne qui s’élève dans les airs. Comme ça, l’air de rien. De façon tellement naturelle qu’elle semble en apesanteur et que l’on se demande où l’on a atterri... Il y a aussi l’inénarrable Yann Frisch, qui fait apparaître et disparaître des objets avec une telle facilité qu’il semble lui-même étonné, voire navré et même exaspéré par tous ces tours de passe-passe. Ceux qui l’avaient découvert cette saison au Rond-Point dans le Syndrome de Cassandre apprécieront de renouer avec l’humour cinglant et la folle irrévérence de cet artiste. Et puis, il y a ce duo que forment le magicien vedette Eric Antoine et sa partenaire Calista Sinclair ; un duo qui va devenir quatuor poético-louffoque au gré des fantasmagories qu’ils nous réservent. Il y a, enfin, Etienne Saglio, qui fait voler une ampoule électrique soigneusement enrobée dans un sachet plastique. Il siffle doucement, lentement, sûrement, et l’objet se métamorphose en méduse aérienne. Et nous, spectateurs ébahis, suivons la trajectoire de cet OVNI luminescent avec des yeux d’enfant et des sourires béats. Tout à coup, grâce à ces cinq artistes et à deux musiciens –une pianiste et un chanteur-, nous ne sommes plus Salle Renaud-Barrault. Nous ne sommes plus à Paris, dehors il ne pleut plus et le monde n’est plus malade. Grâce à eux, nous nous évadons deux heures durant vers une contrée faite de songes, de poésie et de surnaturel. Nous rêvons tout notre saoûl, nous nous shootons à la magie nouvelle et à l’illusionnisme burlesque. Et de retour sur la terre ferme, nous nous prenons à envisager une prochaine escapade bien plus définitive…

Pour une soirée absolument magique, il faut aller voir Nous, rêveurs définitifs : cabaret magique !

Une pièce qui porte très bien son nom, car elle est magique à tout point de vue...Il y a dans ce cabaret de vrais très beau numéros de magie et en plus l'esprit même de ce spectacle est lui aussi empreint de magie. Car la magie ( non, je n'ai pas fait le pari d'écrire le plus de fois possible le mot magie dans cette critique, d'ailleurs, je jure solennellement d'arrêter dès maintenant ) n'est pas le seul type de numéro de ce cabaret...Avec les magiciens se partagent la scène des jongleurs, des danseurs, des acrobates, des humoristes et j'en oublie...Tous contribuent à en faire un spectacle complet, magnifique, époustouflant et...définitivement...magique ! Désolée, j'ai pas trouvé d'autre mot, et ok j'avais pourtant juré de changer de vocabulaire...

Mais c'est le vrai problème de Nous rêveurs définitifs : cabaret magique... : il n'y a pas de mots pour décrire un tel spectacle, ni l'état de béatitude dans lequel on sort du théâtre, des images plein la tête, avec l'idée que c'était vraiment trop court ! Ouf, enfin une critique ??! Et en fait, non c'était juste une impression, car la pièce est tellement belle qu'on ne voit juste pas le temps passer et surtout qu'on a pas envie qu'elle s'arrête, jamais...

Bon ok, vous aurez compris, j'ai juste adoré ! J'en suis sortie émerveillée ! Je ne saurai que vous recommandez chaudement de vous y précipiter, la dernière étant...demain ( je crois ), en espérant que cette pièce sera victime de son succès et reprogrammée... très vite...au théâtre du Rond Point ou ailleurs...! Car Nous, rêveurs définitifs : cabaret magique, est définitivement un vrai rêve !

J'ai passé un moment absolument magique avec ces artistes aux multiples talents, avec un Eric Antoine déchaîné et toujours aussi drôle, une danseuse exceptionnelle à couper le souffle, et j'en passe.

J'étais vraiment épatée par la qualité des performances, la magie de leur univers et la poésie des numéros proposés. Il y en a pour tous les goûts : jongleurs, danseurs, magiciens et même charlatans humoristes.

Madeleine Cazenave et Camille Saglio sont formidables au piano, à la guitare et à la voix. Une musique en phase avec l'harmonie de ce spectacle.

Quand des artistes jouent avec adresse, dansent avec beauté et s’envolent (oui, oui !) avec grâce, que des objets lumineux et mystérieux les accompagnent sans scrupule et que des images numérisées se confondent avec la réalité… Vous pensez d’abord à un abus quelconque au cours de l’agréable et bon repas qui a précédé ou encore à des tours de passe-passe savamment réalisés ! Et bien non, Tonton ! Mal joué, Mémé ! Ce n’est pas de la digestion jalouse ou de la magie perfide : C’est un rêve !...

Un de ces rêves éveillés que le spectacle vivant nous propose, nous submergeant de vérités improbables, nous bousculant dans nos certitudes cartésiennes, nous invitant tout simplement à lâcher prise et à nous laisser emporter dans un voyage drôle et poétique aux côtés d’Alice, Mary, Peter, Harry et les autres.

Là où nous allons, pas besoin de valises ou de cartes, sur la piste des merveilles pour le pays des étoiles. Ce seront des saltimbanques, leurs gestes et leurs propos, leurs chants et leurs musiques, des images et des objets en mouvement, qui nous accueilleront et jongleront avec notre insouciance, nous replongeant dans notre étonnement d’enfants, fait d’enchantements envoutants et de crédulités émouvantes.

Nous assistons benoîts, Benoit, toi, moi et les autres, aux dégâts savoureux de notre imaginaire pris au piège délicieux de la « magie nouvelle ».

Mouvement qui apparait en 2002, la « magie nouvelle » s’inscrit dans la lignée de « la magie moderne » initiée par Robert-Houdin au 19ème siècle, qui disait de son art: « le magicien est un acteur qui joue le rôle de magicien ». Ce mouvement innove magistralement en combinant arts du cirque, théâtre et arts numériques. Nous y trouvons notamment Clément Debailleul et Raphaël Navarro, auteurs de ce spectacle ainsi qu’Étienne Saglio et Yann Frisch, artistes dans ce spectacle. Leur recherche vise « un art dont le langage est le détournement du réel dans le réel ».

Et bien on peut dire sans ambages qu’ils ont réussi leur coup, Loulou, Chouchou, Doudou et les autres ! Pour détourner le réel, ils savent s’y prendre sans pis que pendre pour nous surprendre !...

Toute la troupe est remarquable : Éric Antoine, Ingrid Estraque, Yann Frisch, Étienne Saglio, Calista Sinclair et les musiciens Madeleine Cazenave et Camille Saglio (quelle voix !).

Un spectacle extraordinaire, aux mille sourires et aux trente et un délices.