- Comédie Musicale / Musique
- Opéra Comique, salle Favart
- Paris 2ème
Madame Favart

- Opéra Comique, salle Favart
- 1 Place Boieldieu
- 75002 Paris
- Grands Boulevards (l.8, l.9)
Le maréchal de Saxe veut séparer Charles-Simon et Justine Favart afin de faire de l'actrice sa maîtresse. Les voilà forcés de vivre séparés et cachés. Leur génie de l’intrigue sauvera-t-il leur couple ?
Immense actrice de l’époque des Lumières, Justine fut aussi une héroïne.
Fuyant entre France et Pays-Bas les assiduités du maréchal, elle change d’identité pour sauver son honneur, le bonheur de ses amis, la carrière de son époux dramaturge et, sans le savoir… l’avenir de l'Opéra Comique. À peine romancée, l'anecdote se mêle à l’Histoire pour s'achever par un spectacle dans le spectacle.
Avec Madame Favart, Offenbach a réussi à conjuguer récit picaresque et célébration de l’opéra-comique dans une pièce lyrique à souhait. Presque oubliée après des décennies de succès, cette grande comédie renaît pour le bicentenaire du compositeur. Pour rendre justice à une femme de théâtre complète, il en fallait une autre, Anne Kessler.
Laurent Campellone fait miroiter le génie d’Offenbach après un Fantasio qui a marqué 2017. Et incarnant les protagonistes de cette aventure, Marion Lebègue et les artistes de la Nouvelle Troupe Favart brûleront les planches !
C’est une bien rocambolesque histoire...
Le Maréchal de Saxe, arrière-grand-père de George Sand… grand séducteur, repoussé dans ses assiduités par Madame Favart, nom de scène de Justine Duronceray, fâché de son échec, fait poursuivre par ses sbires le couple des époux Favart à travers l’Europe. Il veut faire de Justine, sa maîtresse et cherche par tous les moyens à séparer les époux, les condamnant à vivre séparés et cachés.
Offenbach décida de dire son amour à la France et composa cet opéra-comique, un vrai opéra-comique, puisqu’il est autant parlé que chanté…. Et ce n’est pas inutile de disposer d’un texte consistant pour suivre les retournements de cette histoire débridée.
L’œuvre fut créée aux Folies-Dramatiques en décembre 1878.
L’Opéra Comique, en cette année d’hommages à Offenbach, pour le bi-centenaire de sa naissance, a choisi, de nous faire connaître cette œuvre -jamais présentée au Public- en tout cas pas dans « sa Maison » puisque l’Opéra Comique a pour autre nom « Salle Favart ».
Et c’est un grand plaisir qu’il nous a donné de goûter.
Quelle bonne idée d’avoir choisi Anne Kessler, Sociétaire de la Comédie Française, pour la mise en scène.
Elle a pu obtenir des chanteurs, tous excellents, un jeu d’acteur et une diction des plus exemplaires. ils passent du parlé au chanté avec un étonnant savoir faire et une apparente facilité. Enjeu important puisqu'il s’agit d’une œuvre où s’équilibrent théâtre et musique.
Le couple metteuse en scène et chef fonctionne bien.
Laurent Campellone à la baguette, à la tête de l’Orchestre de Chambre de Paris, petite formation mozartienne, telle qu’on les trouvait au 18ème siècle nous fait sentir combien Offenbach était attaché au passé et l’évoquait avec plaisir et tendresse.
Pour lui, l’œuvre bénéficie « d’une homogénéité d’inspiration, le long des 3 actes, avec une homogénéité d’inspiration et un savoir-faire à son apogée »
Cette pièce est musicalement attachante et comporte de nombreux beaux airs.
Beau plateau vocal et très bon chœur de l’Opéra de Limoges:
On pourrait citer tous les artistes car grande homogénéité de cette distribution.
Marion Lebègue, Justine, mezzo-soprano, assure avec brio le rôle-titre.
Elle est cette Justine qui sait bien mener le jeu et faire preuve de beaucoup d’habileté pour déjouer les situations critiques et user des différents travestissements nécessités par les situations les plus dangereuses.
C’est elle qui dans le couple Favart domine le couple, Charles Simon se révélant un peu dépassé et peu habile, bien au contraire, à les sortir des pièges tendus
C’est une héroïne et une grande artiste que cette Justine. Et hommage lui est rendu avec cette œuvre. Elle sort enfin de l’ombre!
Il faut d’ailleurs savoir qu’après son décès, Favart ne composera plus grand-chose, et que Justine était sans doute partie prenante très active de bien des compositions.
Elle fût aussi à l’origine de grandes réformes dans le jeu dramatique et dans le costume de scène.
J’ai beaucoup apprécié Suzanne, Anne Catherine Gillet, soprano, chaudement ovationnée par le Public.
Et j’ai été particulièrement amusée par Eric Huchet, le marquis de Ponsablé , gouverneur d’opérette, envoyé du Maréchal (qui n’apparait pas dans cette œuvre mais dont on parle tout le temps) qui lui aussi, essaie de séduire Justine avec le plus grand ridicule.
Un rôle beaucoup plus parlé que chanté. il s’en tire extrêmement bien !
On sort de cette soirée l’esprit guilleret et plein de musique dans la tête.
Cela fait du bien de vivre une soirée joyeuse !
Aujourd’hui, 30 juin, dernière représentation en matinée, vous ne devriez pas regretter de vous y rendre. Vous passeriez un après-midi délicieux.