Les Nègres

Les Nègres
De Jean Genet
Mis en scène par Robert Wilson
Avec Armelle Abibou
  • Armelle Abibou
  • Xavier Thiam
  • Logan Corea Richardson
  • Gaël Kamilindi
  • Kayije Kagame
  • Jean-Christophe Folly
  • Nicole Dogué
  • Lamine Diarra
  • Bass Dhem
  • Daphné Biiga Nwanak
  • Astrid Bayiha
  • Babacar M’Baye Fall
  • William Edimo
  • Charles Wattara
  • Théâtre de l'Odéon (théâtre de l'Europe)
  • Place de l'Odéon
  • 75006 Paris
  • Odéon (l.4, l.10)
Itinéraire
Billets de 6,00 à 38,00
Evénement plus programmé pour le moment
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Depuis 1971 et la révélation du Regard du sourd au Festival de Nancy, ceux qui assistent à une œuvre de Wilson savent qu'ils accèdent de plain-pied au patrimoine historique du spectacle vivant. Quant à Genet, nul ne conteste plus son statut de classique du XXe siècle. Les Nègres est une pièce aussi plurielle que son titre. Dans sa diversité, elle se prête aussi bien à une approche politique qu'à l'exaltation d'une vertigineuse théâtralité.

Genet y exaspère les tensions entre un pôle rituel hautement formalisé (on y assiste à un procès qui en cache un autre) et un pôle festif, voire carnavalesque (l'auteur qualifiait son œuvre de «clownerie»). Entre ces lectures, Wilson ne tranche pas. Fidèle à son art, il a choisi de ne pas aborder le travail par son versant verbal.

Jamais il ne part d'une compréhension purement conceptuelle ou intellectuelle préalable d'un texte pour en tirer une expression scénique qui l'illustrerait. Sans jamais expliquer, il peint, rythme, règle ses sublimes chorégraphies selon les lois de son langage inimitable. Gestes, paroles, présences deviennent autant d'éléments de même rang, articulés sur un plan formel commun et se renforçant mutuellement en vertu de règles stylistiques rigoureuses. Ses mises en scène, que Wilson qualifie de «constructions d'espace-temps», sont réglées très longtemps en amont, souvent dans le cadre d'un atelier de travail convoqué plusieurs mois à l'avance, afin de lui permettre de former ses interprètes à sa conception particulière du mouvement et de mettre au point l'accord entre dimensions sonores et plastiques de sa création.


Le démiurge américain a procédé de même pour donner sa forme propre au projet actuel, puisant librement dans le matériau fourni par Genet avant de le retravailler sur des fondements esthétiques neufs.

Par exemple, la scénographie dictée par l'auteur décrit un décor d'estrades disposées sur différentes hauteurs ; au cours du workshop qu'il a conduit en février-mars 2014 aux Ateliers Berthier, Wilson a repris l'ensemble de cette structure, interprétée comme un squelette d'échafaudage, toute en arêtes rectilignes. Mais il l'a ponctuée de silhouettes de palmiers à l'artificialité graphique volontairement accentuée.

Surtout, il lui a superposé des volutes tourbillonnantes pareilles à un immense ressort : rien dans la didascalie originale ne laissait prévoir de telles arabesques. De même, du point de vue gestuel et musical, la «clownerie» voulue par Genet a inspiré au metteur en scène tantôt des évolutions hiératiques, tantôt des stridences convulsives de saxophone free jazz. Le dialogue à distance entre l'un des poètes les plus attentifs à l'intensité de sa langue et l'un des grands plasticiens de notre temps est donc engagé ; et au vu des séances préparatoires avec les comédiens des Nègres, la prochaine fenêtre qui s'ouvrira sur l'univers-Wilson devrait être superbe.

 

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Toutes les critiques
30 oct. 2014
5/10
167
Chers amis lecteurs, sachez que mardi soir j’ai organisé une formidable soirée raclette afin d’ouvrir le cabaret de repas copieux qui guidera nos estomacs élargis jusqu’à la bonne dinde de Noël.

Nous avons bien mangés et bu du bon vin. Puis du moins bon vin. Puis un digestif. Puis on s’est tous rappelé qu’au lever du jour on devrait travailler pour financer ces repas gargantuesques, et la dessus 24 heures de regret et de souffrance se sont lentement écoulés.
« Mais qu’est-ce qu’on en a à faire de ta vie » ? Me direz-vous. Alors d’une part, je vous signale que le voussoiement est de mise parce qu’on n’a pas gardé les cochons ensemble (sauf si bien sûr vous détenez une photo de vous et moi avec un cochon dans ce cas bien entendu le tutoiement s’impose). Et puis d’une seconde part, si je me sens obligée de vous détailler l’état de souffrance physique et d’amoindrissement neuronal dans lequel j’étais quand je suis allée voir Les nègres à l’Odéon c’est pour ne pas léser le spectacle d’une critique peu objective.

La pièce s’ouvre sur ce qui semble être la reconstitution d’un tableau en immobilité mouvante (il n’y a que Robert Wilson pour faire ça), construction qui dure bien quinze minutes entrecoupées de violents coups de feu. Puis nous retrouvons tous les comédiens (noirs sans exception cela va sans dire) dans une sorte de bar dansant ou semble se rejouer le jugement d'un meutre.

Pour le reste, je suis coite. C’est pourquoi je me permets de mettre en cause ma gueule de bois car je n’ai strictement rien compris à cette pièce. Mais rien. Rien du tout. De chez rien. Non. Rien de rien. Je ne regrette rien. J’ai donc bien sûr voulu me renseigner en me plongeant dans le dossier de presse espérant ainsi m’éclairer. Mais mon désarroi n'a fait que s’amplifier, je ne comprends définitivement rien à cette pièce de Jean Genet. Bon, apparemment je ne suis pas la seule, le morceau est en effet assez difficile à aborder. On y retrouve comme souvent dans le théâtre de Genet le travestissement des êtres opprimés (dans son autre chef d’œuvre Les bonnes, ces héroïnes éponymes s'amusaient déjà à jouer à tour de rôle la Madame). Nous sommes face à une mascarade de couleurs que Genet nomme lui même une "clownerie".

Que reste-t-il donc à vous dire sur ce spectacle très beau, plein de couleurs chatoyantes, avec des comédiens magnifiques ? Peu de chose si ce n'est que la mise en scène de Bobby Wilson fait effet, mais malheureusement il abandonne bien vite ses spectateurs en route sans parvenir à leur transmettre la poésie du texte.
27 oct. 2014
5,5/10
168
C'est une déception.

La nouvelle création de l'incontournable Bob Wilson ne parvient pas à créer le mélange parfait : celui du texte et de la mise en scène. Sa vision de Les Nègres de Jean Genet pêche par trop d'images, écrasant l'extravagance de Genet. Au final, un spectacle plastique (toujours absolument maitrisé, comme chaque création de Wilson) mais dont le sens est édulcoré, noyant l'essence de la pièce de Genet dans une transposition dans un Amérique "Louisiane" style cabaret, tentant là l'approche de l'universalité du sujet.

Les Nègres version Wilson restent donc en surface. C'est beau mais c'est lisse. Un comble pour du Jean Genêt...
9 oct. 2014
8,5/10
240
Associée à la beauté et à l'inventivité de Jean Genet, la créativité de Wilson fait des merveilles. Vous en prendrez plein les yeux et les oreilles ! Vous découvrirez une troupe d'acteurs dévoués à la mise en valeur du texte et de la mise en scène particulièrement brillante et audacieuse.

Il faut noter un satisfecit tout particulier pour les décors, costumes et jeu de lumières qui sont d'une rareté et d'une originalité surprenantes !

En bref, un excellent moment, allez y absolument avant qu'il ne soit trop tard.
5 oct. 2014
9/10
144
Invité régulier du Festival d’Automne, Bob Wilson déclare son amour au théâtre en rendant hommage à Jean Genet dans Les Nègres.

Cette pièce réflexive sur le pouvoir de la catharsis se retrouve amplifiée par l’esthétique wilsonnienne ultra expressionniste. Rêve carnavalesque où les couleurs de l’arc-en-ciel et la convivialité de la troupe invitent à une fête dionysiaque et délirante.

Le sourire aux lèvres, on sort en liesse de l’Odéon.
Une pépite à ne surtout pas rater, pour tout amoureux de théâtre.
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Notes détaillées (pour les plus courageux)
Texte
Jeu des acteurs
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor