- Théâtre contemporain
- Théâtre Montansier
- Versailles
Les enfants du soleil
- Théâtre Montansier
- 13, rue des Réservoirs
- 78000 Versailles
1862. L’épidémie de choléra sévit en Russie et les émeutes font rage dehors. Dans une grande maison de famille, des amis jouent aux cartes, peignent des tableaux, écrivent des poèmes, chantent et jouent de la musique, parlent de science, d’art, d’amour, boivent du thé et de la vodka. Idéaliste, fatiguée, inconsciente, exultée, la petite société des enfants du soleil rêve d’un monde où le peuple serait instruit et éduqué et où la violence n’existerait pas.
Dans ce huis clos, Maxime Gorki peint le tableau d’une société déchirée dans des conflits culturels et sociologiques. Cette mise en lumière sur les questions qu’il se posait en 1905 nous interroge sur nos préoccupations d'aujourd’hui. Le metteur en scène Aksel Carrez ne propose pas une actualisation mais une appropriation des Enfants du Soleil, l'Histoire de notre siècle l'ayant chargée de nouveaux sens et de nouveaux contenus.
« Dans une grande maison de famille, des amis jouent aux cartes, peignent des tableaux, écrivent des poèmes, chantent et jouent de la musique, parlent de science, d’art, d’amour, boivent du thé et de la vodka. Idéaliste, fatiguée, inconsciente, exultée la petite société des enfants du soleil rêve d’un monde où le peuple serait instruit et éduqué et où la violence n’existerait pas. Pourtant le choléra et les émeutes font rage dehors. Dans ce huis clos, Gorki peint le tableau d’une société déchirée dans des conflits culturels et sociologiques. »
Les propos utopistes, idéalistes et généreux, troublés par la matérialité présente qui contextualise leur péril permanent sont traversés des amours désenchantés et déchirés aux espérances déçues de ces jeunes bourgeois argentés s’interrogeant sur leur ambition de vivre, le sens du bonheur et la loi du désir. En opposition, la démonstration récurrente est faite de la réalité sociale qui les entoure et qui charrie inégalités, souffrances et peurs, ignorances, discriminations et injustices.
Le parti pris de Aksel Carrez de jalonner la narration de repères contemporains dans le décorum d’ensemble (accessoires, musiques et interjections) indique la volonté de faire traverser le temps aux propos de Gorki pour nous les rendre plus proches encore de notre imaginaire. Sa mise en scène est admirablement servie par la scénographie de Valentin Sanitas, les costumes de Claire Fayel, les lumières de Bartolo Filippone et la musique de Boris Labant. Le fil narratif demeure avant tout réaliste jusqu’à illustrer avec une exposition claire et flagrante les passions exacerbées, les paroxysmes de fuite ou de désillusion teintés de folie et les mortifères passages à l’acte.
La jeune troupe est vibrante d’intensité et d’engouement. Maël Besnard, Julia Cash, Ghislain Decléty, Rafaela Jirkovsky, Delphine Lacheteau, Ulysse Mengue et Thomas Rio s’emparent de leurs personnages dans des jeux naturalistes enthousiastes et pêchus, jamais forcés et toujours dans la justesse des situations.
Une pièce de Maxime Gorki à retrouver ou à découvrir dans une esthétique cohérente et impressionnante, savamment élaborée et maitrisée, servant le texte avec fidélité et une fine appropriation. Une brillante interprétation. Un spectacle à voir assurément.