Le Silence de Molière

Le Silence de Molière
De Giovanni Macchia
Mis en scène par Marc Paquien
Avec Ariane Ascaride
  • Ariane Ascaride
  • En tournée dans toute la France
Itinéraire
Billets à 20,00
Evénement plus programmé pour le moment
Achat de Tickets

Mademoiselle Poquelin nous fait découvrir son aversion et son amour du théâtre.

En revenant sur ses jeunes années, elle laisse surgir les fantômes… Cette conversation imaginaire avec l'unique fille de Molière, née en 1665 du mariage avec l’actrice Armande Béjart et morte à l’âge de cinquante-huit ans, en 1723, fait sortir ce personnage du silence dans lequel il est plongé depuis des siècles.


Écrit en 1975 par Giovanni Macchia, cet entretien imaginaire a été mis en scène par Marc Paquien en 2015. Ariane Ascaride y interprète le rôle d'Esprit-Madeleine Poquelin, unique fille de Molière et Armande Béjart. Le Théâtre de la Tempête accueille le spectacle en ce début de saison 2016-2017, faisant ainsi pénétrer le public « dans le secret d'une vie ».

 

Note rapide
Toutes les critiques
25 sept. 2016
7,5/10
29
Le Silence de Molière a été créé au Théâtre Liberté de Toulon en mars dernier. En nous la proposant à la Tempête (alors que l'Ecole des femmes est jouée dans la grande salle), Philippe Adrien nous invite dans le secret de la vie d'Esprit-Madeleine Poquelin qui était l'unique fille de Molière, née en 1665 de son mariage avec l’actrice Armande Béjart et morte à l’âge de cinquante-huit ans, en 1723.

Marc Paquien, le metteur en scène, souligne que si son existence fut bien réelle, on sait très peu de choses sur elle, sinon qu’elle choisit de fuir la scène, d’échapper à son destin pour se murer dans la solitude et un étrange silence.

Dans cet entretien imaginé en 1975 par Giovanni Macchia, elle devient à son tour un personnage, s’extirpe à son corps défendant de ce silence qui la protégeait, pour nous faire découvrir son aversion et son amour du théâtre, comme une pierre brûlante qu’elle aurait gardée en son sein. En revenant ainsi sur les chemins de ses jeunes années, elle laisse surgir les fantômes, et nous ramène dans l’enfance d’une passion.

Il faut rappeler que ses parents se sont mariés en 1662, l'année même de la création de l'Ecole des femmes, que son père avait été l'amant de sa grand-mère et que des mauvaises langues ont propagé l'idée qu'il avait épousé sa propre fille.

Elle n'a jamais pu en parler avec son père puisqu'il est mort quand elle n'avait que 8 ans, en 1673 (à la quatrième représentation du Malade imaginaire dont elle refusa de jouer le rôle de Louison qu'il avait écrit spécialement pour elle). Armande Béjart meurt en 1700 et Esprit-Madeleine en 1723 à l’âge de cinquante-huit ans.

Etre une fille, et de surcroît la fille de Molière ne devait pas être facile à assumer il y a trois siècles. Rien d'étonnant à ce qu'elle se soit tue, surtout lorsqu'elle appris l'atmosphère de scandale qui entourait sa conception. Le sujet est néanmoins hautement théâtral et on comprend l'intérêt de Giovanni Macchia à tracer un portrait de Madeleine à travers la fiction d’une conversation avec un interviewer imaginaire, portrait dessiné d’après nature pour ce qui est des éléments extérieurs qui le constituent, en grande partie authentiques, et dans laquelle est naturellement libre l’interprétation du personnage, de ce personnage qui n’avait pas trouvé à se réaliser.

Si le rôle de l'interrogateur (Loïc Mobihan) m'a semblé demeurer sur la réserve, la voix off de Michel Bouquet a le caractère magique qu'on lui connait, quand bien même sort-elle d'un poste radio moderne, lorsqu'il s'exprime au nom d'Esprit-Madeleine, disant pour elle combien le monde de son enfance appartient aux choses lointaines (...). Je n'ai aucune envie de revenir en arrière. La vie est une sinistre rigolade.

C'est pourtant ce qu'elle fera sous nos yeux. Esprit-Madeleine est incarnée (car elle fait bien plus qu'interpréter un rôle) par Ariane Ascaride qui lui prête les pensées écrites par l'auteur italien dont on connait la fascination pour Stendhal.

Le soir où a eu lieu la présentation de saison de la Tempête, Ariane Ascaride a dit combien ce texte résonnait très fortement en elle, peut-être parce qu'elle a commencé à travailler sur scène à 8 ans. Elle a reçu un premier prix d'interprétation à 10 ans. Elle donne dans ce rôle le meilleur d'elle-même faisant vivre avec intensité un personnage qui devient réel sous nos yeux.

C'est un spectacle qu'il ne faut pas manquer dès lors qu'on aime le théâtre ... et sa magie.
21 sept. 2016
8/10
35
Tiré du texte « Un personnage non réalisé. Conversation imaginaire avec la fille de Molière » écrit en 1975 par Giovanni Macchia, ce spectacle nous fait découvrir la fille de Molière qui parle de sa relation filiale tant décriée et que les historiens ne peuvent pas encore nous expliquer. Cette conversation imaginaire nous permet de connaitre un peu plus la vie de l’illustre Molière, toute entière dévouée au théâtre jusqu’à y confondre sa propre vie.

Par le truchement d’une conversation, située après 1705, avec un jeune homme féru du théâtre de Molière, Esprit Madeleine Poquelin nous livre ici son lot de rancœurs, de blessures et de regrets. Sans remord ni souci de vengeance, ses propos sont durs comme l’a été sa vie mais aussi imprégnés d’une cruelle affection.

Que de douleurs rentrées ne faut-il pas endurer pour vivre ainsi recluse dans le silence et le doute sur la vie de son ascendance, dans cet amour vibrant et tu pour son père, dans cette abnégation et ce refus de vivre dans une lignée d’artistes ! La religion où elle semble avoir trouvé refuge lui a sans doute permis de ne pas se soumettre à la résignation du désespoir et de se protéger de son passé brisé, de son enfance volée.

Le texte de Giovanni Macchia nous apparait structuré à l'excès, à la façon d'un long récit linéaire, avec une écriture sans doute trop stricte. La dramaturgie s’en trouve réduite à un simple dialogue tamisé d'un récitatif à deux voix, allongeant le rythme vers un Largo Ritenuto, là où un Andante suffisait amplement.

Heureusement, la théâtralité est relevée par la mise en scène de Marc Paquien. Des morceaux choisis de narration, dits en voix off par Michel Bouquet, viennent parsemer la conversation, apportant des respirations bienvenues et renforçant le secret des révélations. Des éclats de voix comme des silences nourris consolident les jeux épurés, entièrement centrés sur les émotions des personnages, accompagnant la délivrance du silence et des souffrances contenues de la fille de Molière.

Ariane Ascaride nous montre une Esprit Madeleine crue, sans retenue et meurtrie. Vibrante de la violence ressentie par la privation de l’amour parental empêché. Elle sait nous toucher par ce secret enfin dévoilé. Elle est impressionnante et émouvante. Loïc Mobihan joue la jeunesse fébrile de cet admirateur de Molière avec justesse, s’emportant par moments dans la conversation avec chaleur pour surprendre son interlocutrice et la pousser dans ses retranchements desquels il pense en savoir plus encore.

Un spectacle empli d’une profonde intensité qui nous tient en haleine comme le feraient les confidences secrètes d’une vieille amie qui se décide enfin à parler après des années de silence.
17 sept. 2016
3/10
51
Marc Paquien est un metteur en scène à femmes : Catherine Frot, Ludmila Mikaël, Anouk Grinberg… Autant de comédiennes de génie dirigées avec passion, exigence et amour. Avec Le Silence de Molière, Paquien s’associe à Ariane Ascaride au Théâtre de la Tempête. Le tandem ne resplendit pas d’une belle complicité ici : la faute déjà sans doute au texte aride de Giovanni Macchia qui se répercute sur la mise en scène, très austère et froide. Le jeu monotone d’Ascaride, ensuite, bien trop sec, entraîne une représentation statique et ennuyeuse. Rendez-vous manqué.

Si la vie grouillante d’agitation de Jean-Baptiste Poquelin a marqué les esprits, celle de sa fille unique Esprit-Madeleine reste un mystère. Très peu d’informations ont filtré sur l’existence monacale de cette enfant traumatisée par le théâtre. Giovanni Macchia a donc imaginé un entretien entre elle et un jeune dramaturge curieux d’en savoir davantage sur la fille de son idole (tenace Loïc Mobihan). Réticente à se livrer au début, elle se confiera sans tabou à cet inconnu. Une manière de soulager sa conscience et sa solitude. Ce basculement de l’indicible vers la logorrhée a au fond quelque chose de touchant. La confusion entre la scène, les coulisses et la maisonnée perturbe la petite qui rejette en bloc un art cruel et moqueur…

Léthargie contagieuse
Le projet était alléchant. Seulement, la forme de l’entretien se montre trop didactique pour emballer. L’écriture manque de mordant, bien que le portrait pince-sans-rie d’Esprit-Madeleine soit croqué avec détail. Austère, le texte contamine le travail scénique, bien raide. Ariane Ascaride semble engoncée dans sa tenue, mal à l’aise. Elle délivre une partition sans réelle nuance, toujours sur le même fil et on décroche malheureusement assez vite. Ambiance ascétique qui rejaillit immanquablement sur le mental du public. On sort léthargique de ce Silence, malgré un beau rendu clair-obscur de Dominique Brugière qui sculpte le visage du duo.
17 sept. 2016
8/10
38
J'avais vu cette pièce au défunt TOP de Boulogne en 2015.

Madeleine Poquelin née en 1665 (l’année de Don Juan) avait 8 ans lors de la mort de son père, dès lors elle préfèrera être éduquée au couvent, où elle se trouvait plus libre, que dans le milieu artistique familial. Après la mort de Molière, Armande se consola et se remaria assez vite, la petite fille aura donc un demi-frère. Spirituelle, elle répond un jour à Chapelle qui lui demande son âge, « 15 ans et demi mais n’en dites rien à maman ! », difficile d’avoir Armande Béjart comme mère…

Elle n’entendit plus parler non plus de Baron, qu’elle méprisait, il lui volait les rares moments de tendresse de son père, qui le considérait comme un fils, on a dit – rumeurs toujours … - qu’il était plus que ça.

Madeleine a souhaité l’ombre à la lumière, les rumeurs qui lui sont parvenues sur le mariage de ses parents l’ont brisée. Elle n’aura jamais la réponse à la question qui la torture depuis des années, savoir si oui ou non elle est l’enfant de l’inceste. Les rumeurs ne détruisent pas seulement les adultes mais aussi les enfants.

Madeleine a accepté de recevoir un jeune provincial, admirateur de son père, celui-ci ne s’attend pas à tant de rigueur, et voudrait tant savoir sur son idole, d’ailleurs pourquoi Madeleine n’a-t-elle pas voulu continuer dans la lignée familiale, être comédienne ? Elle avait honte d’entendre les rires du public, lorsque son père bégayait ou encore le comédien qui boitait et se faisait maltraiter par Molière sur scène, comme elle était mal à l’aise. Elle raconte au jeune homme que son père lui aurait écrit le rôle de la petite Louison fille du « malade imaginaire », elle a refusé de jouer, incapable d’apprendre le texte, elle a ainsi perdu l’occasion de partager un moment avec son père.

Elle épousera un ancien soupirant plus âgé qu’elle, Claude de Rachel de Montalant, veuf et dèjà père, mais elle n’aura pas d’enfant, ainsi s’éteindra en 1723 la descendance de Molière.

Ariane Ascaride incarne avec force et émotion, cette femme digne et tourmentée.
Votre critique endiablée
Nos visiteurs sont impatients de vous lire ! Si vous êtes l'auteur, le metteur en scène, un acteur ou un proche de l'équipe de la pièce, écrivez plutôt votre avis sur les sites de vente de billets. Ils seront ravis de le mettre en avant.
Notes détaillées (pour les plus courageux)
Texte
Jeu des acteurs
Rire
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor