Le bourgeois gentilhomme
La capacité d'étonnement et d'émerveillement de notre Bourgeois est sans limite.
Le paradoxe magnifique du Bourgeois gentilhomme tient à ce qu'on y réunit et célèbre les Arts au profit d'un homme qui écoute, voit et pratique les plus belles choses, sans jamais y rien entendre.
Non pas par bêtise. Il est comme forcé à l'ignorance, car il ne peut être celui qu'il voudrait devenir, le propre d'un homme de qualité étant de l'être par nature et non de l'apprendre par science ou maîtrise. [...]
Mais la capacité d'étonnement et d'émerveillement de notre Bourgeois est sans limite. Augmentée du désir amoureux, de la haine de sa condition bourgeoise et de la passion d'être un autre, elle lui fait braver tous les ridicules, de sorte qu'à travers mille folies comiques, devenu "Mamamouchi", avatar extrême de son extravagance, il parvient malgré tout à ses fins, un court instant seulement...
Attention : ce spectacle dure 3 heures. Il s'adresse donc aux spectateurs les plus courageux !
La critique de Phane (rédac' AuBalcon) : Denis Podalydès redonne à la pièce de Molière son aspect d’opéra, ou « comédie – ballet » comme elle est initialement nommée, où chaque art est présent sur scène : les musiciens, les danseurs, les chanteurs, et bien sûr les comédiens. Mais ceux-ci ne se contentent pas d’être sur le plateau et de jouer ce qui leur est demandé séparément. La force de ce spectacle est le mélange et l’association de tous les arts, où chacun se répond et se mêle : les musiciens participent à la grande cérémonie du Mamamouchi, déguisés et maquillés comme les danseurs et les autres comédiens. Et les danseuses aussi suivent chaque mouvement des chanteurs et des acteurs durant la première partie de la pièce où Monsieur Jourdain reçoit ses cours de danse et de musique, leur donnant ainsi une certaine grâce et un certain lyrisme.
Le Bourgeois Gentilhomme n’est plus alors une simple pièce de théâtre, cela devient un véritable spectacle grandiose qui verse dans la folie pure pendant la cérémonie pour le grand Turc. Des jeux de lumières, un décor immense avec de grands voiles qui cachent ou découvrent les scènes, des costumes magnifiques signés Christian Lacroix, tout cela cadencé par la musique de Lully et les chorégraphies de Kaori Ito. Denis Podalydès esthétise avec force voilage et longues jupes sa mise en scène, et crée une deuxième scène sur le plateau où Monsieur Jourdain accomplit ses hauts faits artistiques et philosophiques, lieu où tous les personnages se mettent en scène pour le plus grand plaisir des spectateurs.
Enfin, on rit beaucoup devant cette comédie de Molière : d’abord devant les bêtises langagières de Monsieur Jourdain, devant son comportement ridicule et les situations cocasses dans lesquelles il a le malheur de tomber. Mais c’est à Madame Jourdain que revient le prix du personnage le plus comique de la pièce : cette grande et blonde femme, austère et sévère dans sa robe noire qui, avec force expressions et onomatopées, nous fait rire aux larmes.
Les trois heures passent aussi vite que Lucile change d’avis pour épouser le fils du grand Turc, et cette représentation nous fait l’effet d’un ouragan de beauté, de comique, et de plaisir.
La présence des musiciens est certes intéressante mais les passages de danses peuvent sembler bien longs parfois. Les acteurs sont bien dans leur rôle, mention spéciale à Pascal Rénéric, interprète de M.Jourdain, qui a reçu une réelle ovation à la fin de la pièce, pour ce personnage incroyablement attachant et naïf.
Bien que parfois un peu longue, la pièce reste fort sympathique et très intéressante.
Tout y est réuni : théâtre, danse, musique. Un spectacle total.
3 heures de plaisir pur. Une version qui prend son temps, profite, laisse tous les arts s'exprimer, y compris celui des costumes.
Un grand défi relevé par Denis Podalydes. Un moment rare.
Les décors et les costumes sont grandioses et servent à merveille une mise en scène à la fois audacieuse et en même temps tellement proche de l'esprit de l'œuvre de Molière. C'est une très belle performance des acteurs, notamment de Jourdain, mais aussi des danseurs et des musiciens.
Une belle comédie ballet dont la dernière est aujourd'hui alors si vous cherchez une pièce en dernière minute, n'hésitez plus !
Sa mise en scène est à la fois fidèle au texte et pensée pour le rendre le plus audible possible. La direction d'acteurs est millimétrée, des passages joués aux scènes dansées et chantées.
Le jeu des acteurs est de grande qualité, avec une mention spéciale pour le couple Jourdain, Emeline Bayart et Pascal Rénéric, et les musiciens et danseurs excellent également dans leur prestation.
La scénographie d'Eric Ruf fonctionne à merveille, avec une utilisation de tous les plans possibles pour le jeu et la composition de tableaux qui subliment les costumes de Christian Lacroix.
Une comédie-ballet à la fois au plus près du texte d'origine et en même temps moderne dans son approche de la mise en scène, pour 3 heures de plaisir que l'on savoure en souriant.
Le bourgeois gentilhomme est une pièce qui a tout ça. Denis Podalydès arrive à nous transporter en mélangeant danse, chant et humour grotesque.
Une belle ovation pour le personnage de Jourdain qui est tout simplement sublime de bêtise, de naïveté et de ridicule, ce qui ravira tous les âges !
Toutefois, j'ai moins aimé le second acte. Il manquait d'humour et la folie du bal turc ne m'a pas enchanté.
Mais ce n'est quelques détails, cela reste un très beau spectacle.
A aller voir en famille !
