Lassé des infidélités de sa femme, Molière s'installe dans une maison à Auteuil.
Là vit à demeure son jeune protégé, l'acteur Michel Baron,ainsi que l'ami de toujours, l'écrivain Chapelle. Ce dernier, aimable fêtard, invite une turbulente troupe à dîner, les musiciens Lully, Dassoucy et Pierrotin, les hommes de cours Jonsac et Nantouillet, bientôt rejoints par leur ami disparu Cyrano de Bergerac, fantôme facétieux. Ces libertins vont moquer (ou envier) la passion jalouse de l'auteu du Misanthrope pour Michel Baron. L'art et l'amitié peuvent-ils nous sauver de l'absurdité de la vie ?
"Molière devant sa Solitude. Il lutte, il combat, rameute toutes ses ruses, en invente de nouvelles. Mais c'est Elle qui gagne. Sans effort apparent." Alain Resnais. Note de lecture. 31 mai 2013
Nous avons adoré cette pièce au Vingtième théâtre, de l'imagination, de beaux textes, une troupe formidable, des scènes osées c'est vrai, mais ça fait partie de l'excellente mise en scène.
Beau texte, mise en scène plutôt intelligente, interprétation sans faille.
L'époque de Molière et Lulli revisitée de façon assez étonnante, notamment une explication assez cocasse de la conception des "Fourberies de Scapin". Un bon moment de théâtre.
J’aurais dû me méfier en remarquant que l’affiche du Banquet d’Auteuil de Jean-Marie Besset mis en scène au Théâtre 14 ressemblait étrangement à celle de l’Inconnu du lac…
Après un échange insipide entre un Molière âgé et malade et son colocataire alcoolique Chapelle, un petit éphèbe cul nu en tunique jaune poussin vient taquiner le dramaturge : « vous promettez d’arrêter de me gronder ? » Il lui fait écrire un sauf-conduit. « Oh ! J’ai fait un pâté ! », s’exclame M. Poquelin. « Vous n’avez qu’à lécher… » glousse le marjolet, avant de gambader « prendre un bain dans la rivière ». La suite n’est pas plus glorieuse. Les convives sont de véritables caricatures de marquis idiots comme on les joue souvent dans le Misanthrope, qui multiplient les calembours graveleux en cognant bien les mots importants : « vous le VÎTES » (pour celui-là, il faut encore maîtriser le lexique de l’époque), « il m’a formé et m’a DÉ-FORMÉ aussi », ricane le valet de Dassoucy…
Puis, l’apparition poétique du spectre de Bergerac dégénère en « barrière de culs » (c’est ainsi que je nomme les fantaisies collectives que de jeunes garçons organisent contre la vitre-arrière d’un bus) sur la table. Personnellement, on m’a toujours dit de ne jamais tourner le bas-du-dos au public. La suite ? Je ne l’ai pas vue car je me suis éclipsé devant toutes ces lunes. Soyons clairs, la nudité, le sexe et la paillardise mises en scène ne me dérangent pas lorsque l’auteur les assume ; en revanche, je tique un peu quand un discours pseudo-intellectuel les accompagne.
Je cite là l’argument de Jean-Marie Besset : « dans la tradition littéraire du banquet tel qu’il est inventé par les classiques gréco-latins (de Platon à Pétrone en passant par Xénophon, Plutarque, Lucien, Epicure…), c’est-à-dire une assemblée d’hommes savants qui discourent, en dînant, d’éthique et d’esthétique… » Il est vrai que dans son Banquet, Platon parle de l’amour de tous les beaux corps et légitime la pédérastie (au sens originel du terme, c’est-à-dire, la formation intellectuelle et physique de jeunes hommes), mais celle-ci, dit-il, doit conduire à l’amour du Beau en soi. Or, le gros Dassoucy et le vieux Molière sont encore bien libidineux à mon goût et la dialectique semble faire défaut à ce souper libertin prétendant préparer les Lumières…
Au lieu de prendre place à un Banquet néo-platonicien (« j’ai la foi », note le metteur en scène Régis de Martrin-Donos), les spectateurs sont invités à un dîner aux Chandelles.
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