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La disparition de Josef Mengele
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Une des plus grandes chasses à l'homme de la fin du XXème siècle.
1949 : Josef Mengele débarque à Buenos Aires. Caché sous une fausse identité, l'ancien médecin tortionnaire d'Auschwitz croit pouvoir s'inventer une nouvelle vie.
L'Argentine de Juan et Evita Perón est bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. C'est l'errance de Josef Mengele en Amérique du sud jusqu'à sa mort mystérieuse sur une plage du Brésil en 1979. Comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet pendant trente ans et jouir d'une telle impunité ?
Adaptation de l'œuvre d'Olivier Guez, La disparition de Josef Mengele est le roman-vrai de sa cavale d'après-guerre, l'une des plus grandes chasses à l'homme de la fin du 20ème siècle.
Une plongée inouïe au cœur des ténèbres.
D'après le livre éponyme d'Olivier Guez, Prix Renaudot 2017, publié aux Editions Grasset
L'AVIS DE LA REDACTION : 8/10
Ce que réussit cette adaptation, c’est de faire surgir l’Histoire non comme un récit lointain mais comme une fissure dans le présent.
Le jeu de Mikaël Chirinian est d’une grande précision et d'une grande force. Il passe du détachement à l’effroi avec aisance. On le suit dans ses errances mentales, ses faux-repos, ses regrets éventuels ou son absence de remords et chaque mot prononcé pèse.
Le décor minimaliste avec quelques cadres où l'on voit des photographies, des unes de journaux donne à voir le contexte d'une époque. Josef Mengele creuse le vide autour de lui, donne à voir la solitude, l’exil intérieur, le vide moral.
La scénographie de Sarah Leterrier, la lumière de Julien Ménard, la création sonore d’Isabelle Fuchs concourent à faire de ce spectacle un pur dispositif pour dévoiler la vérité.
On n’oublie pas ce que l’on voit, ce que l’on entend, ce que l’on ressent. Le propos met en lumière l’impunité, les complicités invisibles, les silences et les dérobades des institutions, avec une clarté qui ne laisse aucun souffle de doute.
Combien ont aidé, couvert, détourné le regard, combien ont toléré que le mal vive encore longtemps, que cela soit pour des savoirs, de l'argent ou des connaissances ?
Le texte d’Olivier Guez, riche en recherches historiques, trouve ici sa pleine incarnation théâtrale, âpre, noire, nécessaire, et c’est ce mélange de rigueur et de puissance qui rend la pièce exceptionnelle, indispensable.
Chaque instant du spectacle est un affrontement avec le passé, avec le silence, avec la possibilité même de l’oubli.
On sort de là transformé, avec le sentiment que ce que l’on croyait acquis, ce que l’on croyait déjà vu, mérite d’être vu et rappelé encore.
C’est une pièce qui donne à penser, qui donne à vivre, qui donne à se souvenir pour penser demain autrement.
Prisca C.