- Petite Comédie
- Théâtre du Rond-Point des Champs-Élysées
- Paris 8ème
Fumiers

- Olivier Martin-Salvan
- Julie Pilod
- Thomas Blanchard
- Johanna Nizard
- Christine Pignet
- Laure Calamy
- Flavien Gaudon
- Théâtre du Rond-Point des Champs-Élysées
- 2bis, Avenue Franklin D. Roosevelt
- 75008 Paris
- Franklin D. Roosevelt (l.1, l.9)
On n’est pas au Moyen-Âge quand même !
Thomas Blanchard s’empare d’un épisode de l’émission Strip-Tease. Deux voisines se déclarent la guerre autour d’une tonne de fumier déversée dans la cour commune. Insultes, provocations : pathétique et hilarante nature humaine.
Au centre de la cour, dans l’espace commun, des tonnes de purin. Nicole vit là depuis toujours, village de Brioux Saint-Juire. Chaque jour, elle déverse sa brouette de fumier sous les fenêtres des époux Dejousse, ses voisins. Elle leur a déclaré la guerre. Les Dejousse viennent de Paris. Mais tous se connaissent depuis des lustres. Contigus dans un corps de ferme, ils sont condamnés à vivre ensemble, autour du monticule d’excréments. Insultes, mises à l’épreuve, provocations. Tout le village s’en mêle, prend parti, bouillonne. On ne se contrôle plus. Dix ans d’enfer.
La critique de la rédaction : 4/10. Irrespirable Fumier ! Nous avons passé un moment désagréable, à espérer une fin de pièce aussi proche que possible.
À la lecture du pitch, nous connaissions déjà toute l’histoire. Plutôt fidèle aux dialogues de l’émission originale de Strip-Tease, le parti-pris de cette comédie est de caricaturer les personnages en les rendant bouffons, grotesques, criards. Ils perdent leur humanité, leur fragilité alors qu’il devrait y avoir des moments touchants lors de ce combat d’une vie.
La part de réflexion sur la bêtise humaine, les conflits de voisinage et le mépris réciproque entre Paris et la province est occultée au profit de nombreuses facilités.
Cette mamie et son rival parisien ont des voix si aiguës qu’elles sont difficilement audibles, nos oreilles souffrent encore. Quand l’objectif est de faire rire, l’humour est lourd, démesurément appuyé. Les personnages vont toujours plus loin dans la vulgarité. Si bien que beaucoup de spectateurs ont quitté la salle avant la fin.
Mieux vaut regarder l’émission Strip-tease dont est issue cette pièce sur Youtube.
Aucun parti pris, du grotesque en barre qui décolle pas du fumier, des caricatures qui s'enchainent sans l'intérêt et la profondeur du documentaire, un gros ratage de rentrée.
Nicole Vaucher en a gros sur la patate : ses voisins, les Dejousse, empiéteraient sur son terrain. Résultat des courses, la vieille agricultrice déverse des tonnes de purin sous leur fenêtre. Insultes, provocations, gamineries… Tout y passe et le village de Brioux Saint-Juire s’enflamme pour l’affaire.
Bouses explosives
Sur le plateau, un immense (trop) tas de fumier mange l’espace. On ne voit que lui, il concentre l’attention et la tension. Merde physique, merde orale : les mots doux s’échangent à la vitesse de l’éclair. Plaisir coupable : se confronter à l’autre, c’est tester ses limites et jouir de l’exercice d’un langage ordurier. Fumiers expose le conflit comme un principe dramaturgique fort, la source même du théâtre. On passe son temps à se voler dans les plumes et tant mieux peut-être finalement. Se disputer violemment revient à s’affirmer, à se revivifier sous la pression de l’autre.
Thomas Blanchard a bien compris que le prisme théâtral pousse à l’excès. Il autorise la distanciation tout en appuyant sans ménagement ses effets. Le risque serait de transformer le documentaire en caricature et le point de non-retour est très tendu ici. Le reportage s’avère déjà en lui-même grotesque et hilarant au possible. Que pourrait apporter une transposition scénique ? Une prise de conscience plus forte par ce phénomène de monstration appuyée ? Peut-être.
Le metteur en scène s’appuie sur des comédiens béton : Johanna Nizard est méconnaissable en Tatie Danielle voûtée et chipie. On adore ! Olivier Martin-Salvan n’a plus rien à prouver : son physique d’ogre-nounours est tout-terrain. Il se montre désopilant en journaliste maniéré qui zozotte et en fermier ahuri aux cheveux longs. Christine Pignet régale en bourgeoise de pacotille et Thomas Blanchard lui-même campe un voisin en pétard du plus bel acabit.
Si ce Fumiers ne brille pas par sa finesse (ce serait vache de le lui reprocher), on passe un moment de détente assuré en compagnie d’une brochette de talents qui s’amusent visiblement comme de petits fous. Et nous avec.
J'ai apprécié cet humour décalé, le jeu des comédiens parfaitement fidèle aux personnalités de l'émission. Cette Chantal/Nicole attachante et dont la personnalité est tout droit sortie d'une campagne profonde. Dans la mise en scène, un énorme tas de fumier délimite le territoire des parisiens fraîchement arrivés à la campagne et de Nicole et son comité de soutien. Certaines scènes sont bien sûr imaginées purement par le metteur en scène, comme une orgie au beau milieu de la cour ou la démence d'une paysanne dans le tas de fumier.
C'est décalé, improbable, parfois un peu long mais globalement original.
Il faut le voir pour le croire !
C’est une vraie difficulté que de tenter de rentrer dans cette théâtralité qui ne semble pas en être une, dans cette série de scènes qui ressemblent à des improvisations qui n’en sont pas. L’idée de départ est bonne sans aucun doute, les comédiens ont fait leurs preuves à n’en pas douter non plus. Mais non, ça ne prend pas. Nous restons là, à attendre un début qui n’arrive pas et puis dépités, nous attendrons la fin.
L’écriture ne parait pas aboutie. Les personnages nous apparaissent insipides et transparents, peut-être parce qu’ils ne sont pas dessinés suffisamment pour que nous puissions les voir et comprendre ce qu’ils font, obligeant les comédiens à en faire trop, forçant le trait pour venir nous chercher. L’ensemble est vraiment peu crédible.
Sans histoire à raconter ou simplement quelque chose à nous faire partager, sans personnages à suivre, à comprendre ou à deviner, il ne reste pas grand-chose d’autre que des effets très appuyés, répétés et grossis, qui à la longue lassent, hélas.
Un spectacle désolant.
Préférez l'original à la copie en regardant l'épisode sur internet, vous éviterez une imitation grossière et des scènes ajoutées malvenues. On attend mieux à Renaud-Barrault (le théâtre aurait pu y programmer "Réparer les vivants" malheureusement déjà complet).