Le Vide

Le Vide
  • Théâtre Saint Quentin en Yvelines
  • Place Georges Pompidou
  • 78054 Saint Quentin en Yvelines
Itinéraire
Billets de 8,00 à 25,00
Evénement plus programmé pour le moment
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C’est quelqu’un qui va au bout, pour voir. C’est quelqu’un qui ne fait que monter et descendre. C’est quelqu’un qui s’accroche à ce qui tombera. C’est quelqu’un qui n’en sait rien. C’est presque aussi simple que ça.

C’est quelqu’un qui veut en finir, et qui ne s’arrêtera pas. C’est quelqu’un qui persévère naïvement. C’est quelqu’un qui se casse la gueule. C’est quelqu’un, comme d’habitude. C’est quelqu’un qui cherche le vertige, mais le vertige recule.

C’est donc quelqu’un à qui le vertige échappe. C’est quelqu’un accompagné d’un autre et  de plusieurs autres dans l’ombre qui font que ce spectacle est. C’est quelqu’un qui se met dans le vide et qui laisse ses pieds pendre. C’est toujours quelqu’un qui monte et qui descend. C’est quelqu’un qui constate l’ironie du cirque, et celle peut-être plus forte de la vie....


Fragan Gehlker, Alexis Auffray et Maroussia Diaz Verbèke reviennent au Monfort, tout chamboulé pour l’occasion, pour nous faire revivre cet audacieux mythe de Sisyphe d’Albert Camus dont ils ont le secret.

 

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9,5/10
92
Ce soir-là au théâtre de Saint Quentin en Yvelines le spectacle, l'expérience, la performance, commencent par un parcours fléché, énigmatique et humoristique, dans les entrailles du lieu pour arriver sur la scène transformée en une piste de cirque.
Au détour d'un couloir on croise des livres suspendus : "Le mythe de Sisyphe" d'Albert Camus. Et un rappel : c'est l'histoire d'un homme qui pousse un rocher en haut d'une montagne. Quand il arrive en haut, le rocher retombe. Sisyphe est alors condamné à inlassablement recommencer son geste. Une quête de sens. Un voyage au pays de l'absurde. Pour la mythologie grecque, une punition infligée à celui qui a osé se moquer des dieux. Pour Camus un destin qui permet la rébellion et l'accomplissement.

Au sol un assemblage de matelas, de tranches de mousse, des tables de tréteaux. Du plafond pendent des cordes. La suite est indescriptible. Parce que atypique et parce qu'il faut vivre cette performance pour l'apprécier pleinement.

"Ceci est un essai, de plus" lit-on sur les petits papiers disposés sur les sièges. Un essai pour donner une interprétation physique au mythe se Sisyphe. Un essai pour transformer une scène de théâtre, chaque fois différente, en une piste de cirque. Un essai pour confronter l'artiste au vide sous lui, confronter les spectateurs au vide entre deux notes de musique. Rencontre entre deux univers complémentaires, indissociables.

Fragan GEHLKER est cordeliste. Pendant une heure, ou plus selon les représentations, il joue avec nos nerfs dans ses essais sans cesse renouvelés de grimper sur une corde tandis que Alexis AUFFRAY multiplie les essais de sonorisation, tantôt au violon, tantôt via un radiocassette. L'acrobate grimpe, rencontre une première difficulté, recommence, encore et encore. A chaque fois il trouve une nouvelle possibilité pour poursuivre son but, explorant tout l'espace horizontal et vertical qui abrite sa performance, faisant preuve d'une technique et d'une force incroyables qui nous laissent bouche bée, le souffle suspendu, le corps sursautant à chaque mise en danger.

Performance physique hallucinante, hypnotique, effrayante, souvent drôle. Le duo, sur la surprenante dramaturgie de Maroussia DIAZ VERBEKE, nous entraîne au cœur de l'absurde. Tout comme Sisyphe qui pousse sans relâche son rocher, l'acrobate monte et redescend le long des ces cordes, de cet espace, le musicien cherche la bonne note, le spectateur fasciné ne peut détacher ses yeux de l'artiste condamné à essayer encore et encore. Jusqu'où est-il / sommes-nous prêt(s) à aller pour réussir ? Quel sens faut-il donner à cette obstination ? A cette volonté de ne jamais abandonner ?

"Il faut imaginer Sisyphe heureux" disait Camus. Car en prenant conscience de son destin il en devient le maître. De l'artiste ou du spectateur, qui est le maître du temps ?

En bref : un spectacle étonnant. Une performance physique impressionnante et un questionnement métaphysique. Un moment de cirque à nul autre pareil qui derrière le rire de l'absurde nous interpelle. Incroyable. Indescriptible. Bluffant.
15 mai 2016
8/10
77
Vu en septembre 2014
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Les cordes tombent ou rompent mais rien n’empêche le spectaculaire Fragan Gehlker de grimper.

Accompagné d'Alexis Auffray au violon, ils nous offrent tous les deux un spectacle, totalement intégré dans la grande salle du Monfort, plein de vertiges et d'humour. La patte (voix enregistrée, message sur des tableaux, ... ) de la géniale troupe Ivan Mosjoukine est représentée pas l'intermédiaire de Maroussia Diaz Verbèke qui signe ici la scénographie.

Très bon spectacle que nous vous recommandons d'aller voir tant qu'il est encore à l'affiche au Monfort, de ce qui est désormais appelé communément le nouveau cirque.
9 mai 2016
9/10
97
Il faut imaginer Sisyphe heureux, disait Camus. Sisyphe condamné à faire rouler une roche, inlassablement, remontant toujours et encore la pente d’une colline. Fragan Gehlker, lui, remonte inlassablement une corde lisse. S

Suspendues au faîte du Monfort (18 mètres au bas mot), cinq cordes attendent que le circassien les agrippe et s’y hisse. Quelques matelas et mousses de fortunes sont entassés sous l’une d’elles, des tréteaux fatigués, un vieux magnétophone à bande. Le tout semble en attente de quelque chose et en même temps parait totalement immuable et là depuis toujours. Frangan Gehlker est déjà là, il s’échauffe, s’étire, tandis qu’Alexis Auffray son complice distribue des pop-corn au public qui prend place dans le dispositif quadri-frontal du théâtre ; il accompagnera le circassien au violon, fera tomber les cordes, déclenchera des bandes sons, inlassablement fera chuter son complice et inlassablement le remettra à l’ouvrage en utilisant pleinement la structure du théâtre : Fragan Gehlker grimpe, s’accroche aux poutres, aux cintres, s’appuie sur la passerelle, se raccroche aux câbles électriques. Remonte vers un sommet toujours plus inatteignable.

C’est une sorte de spectacle en suspension dans le temps, où le public ne peut que retenir son souffle quand les cordes cassent, se détachent, et que l’homme, tel un funambule vertical remonte infatigablement vers des sommets qu’il semble le seul à percevoir.

Alors que la voix de Camus résonne (« ça ne dure pas un peu longtemps, là ? »), déclenchant chez les spectateurs des rires discrets de compassion à moins que ce ne soit de la bienveillance, l’homme observe la foule sans jamais dire un mot. On ne sait s’il cherche l’approbation du public, s’il le défie, ou si simplement il affirme son mépris du danger et son irrépressible besoin de s’élever vers le ciel. Encore, encore, et encore.

Le vide, essai de cirque, dégage une sorte de sérénité altière dans sa proposition scénique. Comme si le coté dérisoire de ces tentatives se faisait le miroir de nos existences. Comme si à nos certitudes Fragan Gehlker rétorquait par l’absurdité de son entreprise, et qu’on ne saurait plus laquelle, de la sienne ou des nôtres, est la plus sensée.

Le public sort peu à peu tandis que le circassien, opiniâtre, s’empare d’une corde et continue. Il faut imaginer Sisyphe heureux, affiche Alexis Auffray, en tournant autour de Ghelker sur des rollers. Fragan Ghelker l’affirme silencieusement.
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Notes détaillées (pour les plus courageux)
Originalité
Talent des artistes
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor