- En tournée
- En tournée dans toute la France
Certifié Conforme, Stéphane Guillon

- Stéphane Guillon
- En tournée dans toute la France
Un an après la sortie de son livre Tout est normal, cinq ans après son dernier spectacle Liberté (très) surveillée, Stéphane Guillon est de retour dans un nouveau one-man show qui ne manquera pas de fustiger tous ceux qu’il a dans le nez. Des politiques en passant par les ados « têtes à claques » et la famille en général... Humour corrosif.
Acteur, humoriste, chroniqueur, portraitiste... Il aura suffi de quelques années pour que ses apparitions à la télévision, dans les émissions 20h10 pétantes et Salut les Terriens ! de Canal +, et ses chroniques sur France Inter aient fait de lui l’un des agitateurs médiatiques et politiques les plus en vue.
Ses portraits au vitriol en ont froissé plus d'un et son humour grinçant a créé la polémique. Stéphane Guillon n'est pas tendre avec ses contemporains, d'autant plus quand ils font de la politique.
Depuis Petites horreurs entre amis qui l'a révélé sur scène en 2002 et ses premiers succès dans les émissions de Stéphane Bern, Guillon s'est installé sur la veine de l'humour acide et mordant qui déboulonne et épingle les puissants et les bien-pensants.
Ce spectacle a comblé mes attentes. Stéphane Guillon évoque tous les sujets, même les plus épineux : sa déception de la gauche en général et du gouvernement en particulier, l'actualité sur laquelle il ne manque pas de garder un oeil amusé et un peu désabusé, tout en s'aventurant sur le terrain miné des croyances religieuses.
C'est vif, mordant, malin, osé et en plus, on y découvre une facette un peu inattendue de l'artiste, une part plus intime, une corde un peu plus sensible. En bref, s'il y a encore et toujours du vitriol, il y a désormais aussi une pointe de tendresse.
Dans une séquence d'anticipation, il imagine Nicolas Sarkozy en maison de retraite. Nous sommes en 2057, Marion Maréchal-Le Pen dirige le pays. L'ex-président, désormais centenaire, vient d'enterrer Juppé et Fillon. Il refuse de quitter son lit pour fêter son jubilé. "C'était quand même bien trouvé votre slogan du 'président des pauvres' en 2017 et votre petite fête à l'Hippopotamus, rappelez-vous c'était une triomphe", le rassure son aide-soignante. l faut le voir, dans une séquence truculente, en Fabrice Luchini venu analyser le spectacle : "Y a un mea culpa, c'est important. Bon, Zemmour démago, Marine Le Pen le diable, y a aussi quelques facilités. Mais on va dire qu'il y a un public pour ça". Puis en Guy Bedos, "professeur" bienveillant, à qui il rend un vibrant et excellent hommage. Mis en scène par sa compagne Muriel Cousin, Stéphane Guillon livre ses fragilités tout en conservant son humour noir qui colle parfaitement à notre époque dépressive.
Il a bien fait de faire une parenthèse, de laisser monter certaines indignations avant de franchir à nouveau la porte du seul en scène. L'humoriste se moque méchamment de lui, de nous, parce que, comme l'a si bien dit Guy Bedos, "la vie est une comédie italienne : tu vis, tu pleures, tu ris".
Une soirée collector car pendant cette représentation, Guillon a dû s'interrompre en plein lancement du show du fait d'une spectatrice qui a pris le dialogue avec le public trop au pied de la lettre (avec rallumage de la salle et la spectatrice a été priée de sortir). L'incident a créé un flou qui a déstabilisé l'artiste.
Un spectacle très complet, beaucoup de facettes. Le rythme est parfois difficile à maintenir du fait de l'effet sketch et des thèmes empruntés à l'actualité qui fond une trame assez sombre sous les rires. Mais la puissance de Guillon est évidente: textes bien sentis surtout quand ils ne se limitent pas à taper sur les politiques mais décortiquent plutôt les distorsions du réel (twitter, l'ado en exil dans sa chambre dévastée et sur les réseaux sociaux, les manifs anti mariage gay, affaire Vincent Lambert), talent d'imitateur, déjouant la critique par l'autocritique.
Un spectacle de retour et surtout de poursuite d'une carrière qui ne faiblit pas.
Si le spectacle est globalement de bonne facture, j'ai trouvé ses textes bien en-deça de ce qu'il livre en quelques minutes dans le petit écran. Pour être tout à fait honnête, alors que j'écris cette critique même pas quatre semaines après avoir vu le spectacle, j'ai du mal à me rappeler de moments marquants, si ce n'est l'excellente et très drôle imitation de François Hollande. L'intro (en vidéo ou en voix-off, là aussi j'ai un trou de mémoire) jouant sur le fait que Guillon ne pensait plus avoir de matière une fois la gauche arrivée au pouvoir est assez amusante, mais gâchée par la très molle entrée en scène de l'humoriste. Et sinon, le reste du spectacle, plutôt bien mis en scène, vous fera à coup sûr passer une bonne soirée, sans plus, comme le prouve mon amnésie alors que cela m'arrive extrêmement rarement.
Il faut cependant préciser que j'ai vu le spectacle durant sa période de "rodage", avant la première parisienne, et qu'il y peut-être eu depuis des retouches sur le texte pour le dynamiser un peu. Je crois que c'est ça le principal reproche que je ferais à ce one man show : trop mou.
Ça manque de liant entre les différents sketchs, d'énergie dans la façon de vendre les vannes et de fluidité dans l'écriture, et ce malgré la plume bien aiguisée de Stéphane Guillon qui perd ainsi de son efficacité.