Critiques pour l'événement Zypher Z
« Alors petit, raconte un peu »
C’est par ces mots que mon patron grisonnant m’accueillait toujours les soirs de première. Presque allongé derrière son bureau, un cubano à la bouche, il avait un désir de réel, de verbatim. Il appelait ça son micro-foutoir.
Je suis à Paris depuis 2 mois seulement. De mon Ariège natale, je me retrouve serveur dans le bar d’un théâtre tendance. Ça me plaît. Ça paye mon dermato et me fait bouffer. Je croise du monde, et en plus, c’est moi qui donne la température au boss. Il me l’a dit d’ailleurs : « Titouan, tu es mon thermomètre préféré ». Il est flatteur le bougre.
Et donc, hier soir, suite à la représentation, j’ai commencé le rapport, méthodique.
« Table 33 : 4 personnnes. 1 hommes, 3 femmes, environ 30 ans.
Ils dissertent. L’opinion qui semble l’emporter est celle de Vanessa. Elle parle de rêve. Elle aurait vu un rêve, une quête inaboutie, une succession d’épisode, pas tous cohérents, mais auxquels on peut trouver une finalité partagée. »
- Mmmh fit le boss
« A La 22, 2 personnes. 1 vieux beau et une jeune éprise. 47, 23.
Vincent attaque Gentiane par la philo : A mon avis, c’est une fine allégorie des néo-anthropologues. Notre quête d’immortalité nous mène inexorablement à notre perte. Les robots, simples mortels nous sauverons, si nous n’oublions pas de programmer leur obsolescence. »
- Mmmh bisse le boss
« A la 66, 2 femmes. 25 ans.
Blénoragie et clamidya (je suis étudiant en médecine, quand je ne connais pas les prénoms, je révise) sont unanimes :
- Tu as compris quelque chose toi ?
- Rien. Mais que c’était beau…
- Comment je peux arriver à raconter ça.. ?
- Oh tu nous fais chier, y a plus que ta mère et toi sur instagram »
- Mmmh trisse Mario (le bros)
« A la 55, il y avait un monsieur tout seul. Environ 38 ans. Petit, même râblais. Une moustache fine. Hercule Poirot mais en moins sympa. Il devait être français. Et il écrivait. J’ai pris une photo par-dessus son épaule. Je vais voir si je peux le relire. Il écrivait comme un pharmacien :
Sans doute l’une des propositions les plus belles, les plus précises qu’il m’ait été donné de voir. Du décor à la mise en scène, que de trouvailles, que de justesse. Le sens ? On peut s’en foutre du sens, quand cela est grand.
Là, on prend un vrai pied à supputer, à imaginer. Là, la théorie sur le loup que nous sommes pour nous-mêmes, là sur la vaniteuse quête de pouvoir. Un cheminement onirique teinté de références, de clins d’oeil. Un vrai rêve. De ceux qui mêlent, personnages connus et petits nouveaux, moments calmes et vortex total, nostalgie et angoisses mortelles… C’est souvent drôle. Sculptural et infiniment beau. Quel désir artistique, quel engagement. Bravo. »
Je marque un temps. Il est figé, un peu loin dans ses pensées.
- A demain patron ? Ah oui, et pour Instagram, c'est pas vrai ce qu'elle a dit...
C’est par ces mots que mon patron grisonnant m’accueillait toujours les soirs de première. Presque allongé derrière son bureau, un cubano à la bouche, il avait un désir de réel, de verbatim. Il appelait ça son micro-foutoir.
Je suis à Paris depuis 2 mois seulement. De mon Ariège natale, je me retrouve serveur dans le bar d’un théâtre tendance. Ça me plaît. Ça paye mon dermato et me fait bouffer. Je croise du monde, et en plus, c’est moi qui donne la température au boss. Il me l’a dit d’ailleurs : « Titouan, tu es mon thermomètre préféré ». Il est flatteur le bougre.
Et donc, hier soir, suite à la représentation, j’ai commencé le rapport, méthodique.
« Table 33 : 4 personnnes. 1 hommes, 3 femmes, environ 30 ans.
Ils dissertent. L’opinion qui semble l’emporter est celle de Vanessa. Elle parle de rêve. Elle aurait vu un rêve, une quête inaboutie, une succession d’épisode, pas tous cohérents, mais auxquels on peut trouver une finalité partagée. »
- Mmmh fit le boss
« A La 22, 2 personnes. 1 vieux beau et une jeune éprise. 47, 23.
Vincent attaque Gentiane par la philo : A mon avis, c’est une fine allégorie des néo-anthropologues. Notre quête d’immortalité nous mène inexorablement à notre perte. Les robots, simples mortels nous sauverons, si nous n’oublions pas de programmer leur obsolescence. »
- Mmmh bisse le boss
« A la 66, 2 femmes. 25 ans.
Blénoragie et clamidya (je suis étudiant en médecine, quand je ne connais pas les prénoms, je révise) sont unanimes :
- Tu as compris quelque chose toi ?
- Rien. Mais que c’était beau…
- Comment je peux arriver à raconter ça.. ?
- Oh tu nous fais chier, y a plus que ta mère et toi sur instagram »
- Mmmh trisse Mario (le bros)
« A la 55, il y avait un monsieur tout seul. Environ 38 ans. Petit, même râblais. Une moustache fine. Hercule Poirot mais en moins sympa. Il devait être français. Et il écrivait. J’ai pris une photo par-dessus son épaule. Je vais voir si je peux le relire. Il écrivait comme un pharmacien :
Sans doute l’une des propositions les plus belles, les plus précises qu’il m’ait été donné de voir. Du décor à la mise en scène, que de trouvailles, que de justesse. Le sens ? On peut s’en foutre du sens, quand cela est grand.
Là, on prend un vrai pied à supputer, à imaginer. Là, la théorie sur le loup que nous sommes pour nous-mêmes, là sur la vaniteuse quête de pouvoir. Un cheminement onirique teinté de références, de clins d’oeil. Un vrai rêve. De ceux qui mêlent, personnages connus et petits nouveaux, moments calmes et vortex total, nostalgie et angoisses mortelles… C’est souvent drôle. Sculptural et infiniment beau. Quel désir artistique, quel engagement. Bravo. »
Je marque un temps. Il est figé, un peu loin dans ses pensées.
- A demain patron ? Ah oui, et pour Instagram, c'est pas vrai ce qu'elle a dit...
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