Critiques pour l'événement You You
28 oct. 2017
6/10
16
Nous sommes dans un atelier de couture le soir où Charlotte (Mina Poe) fête son départ à la retraite avec les employés de l’entreprise dans laquelle elle a travaillé toute sa vie. Comme c'est la coutume elle a écrit un discours qui reprend les principales étapes de sa vie. Elle le lit de sa voix à l'accent charmant, en remontant à son enfance au bord du Danube.

Cette femme est née le jour de la création de la Yougoslavie, symbole de l’espérance d’une nouvelle Europe, d'où son prénom, Yougoslava, qui lui vaudra le surnom de You-You.

You-you a été écrite en 1983 par Jovan Atchine, qui est né à Belgrade, la ville blanche, en 1941, de mère française et de père serbe. Il y raconte le parcours d’une femme courageuse dans l’Europe et la France de la deuxième partie du vingtième siècle, avec une parole libérée, pleine de joie, d’humour, d’espoir, de tendresse et d’humanité.

Le texte a été adapté au théâtre pour la première fois en 1993 par Philippe Adrien au Petit Théâtre de l’Odéon. Mina Poe interprétait déjà le rôle de You-You il y a vingt-cinq ans. La comédienne semble encore si jeune aujourd'hui que je ne suis pas parvenue à l'imaginer au bout de sa vie professionnelle. La pièce a beau être une fantaisie, théoriquement facile à suivre, malgré les multiples digressions, je ne suis pas entrée dans le sujet. Je n'aurais pas dû enchainer les spectacles tout au long de l'après-midi et de la soirée.

Me voilà fort dépourvue au moment d'écrire cette chronique. J'ai bien compris que Jovan Atchine livre une peinture douce-amère, faussement naïve, et pleine d’humanité, d’une femme de courage et de sacrifices confrontée aux évènements de son siècle.

On devine les enjeux du texte qui continue à toucher par son actualité puisque des guerres éclatent encore aux quatre coins du monde et des hommes et des femmes sont forcés à l’exil. C'est un thème récurrent, qui est aussi au coeur de E-passeurs.com de Sedef Ecer dont je parlerai bientôt.

You-You dégage un optimisme forcené dont je me suis demandé s'il était réel ou factice. Elle donne souvent comme explication aux évènements que tout s’est toujours passé comme il a voulu, laissant entendre qu'elle n'a peut-être pas maitrisé son destin comme elle l'aurait souhaité. Le "il" est le patron, mais bien plus encore. L'implication de You-You dans la vie de l'entreprise est si absolue qu'on ne peut croire que la retraite sera un moment de paix : ... chaque succès de l’entreprise était un succès pour moi, et je ressentais ses difficultés comme des ennuis personnels...

On rit souvent au cours de la soirée mais sans parvenir à le faire de bon coeur. Le personnage est touchant mais il y a un je ne sais quoi qui manque ... ou qui est en trop, qui fait qu'on n'y croit pas assez alors que le doute, pourtant, n'est pas possible. Etrange impression.
20 sept. 2017
7/10
12
You-You fait un discours le jour de son départ à la retraite d'une entreprise de confection où elle a travaillé toute sa vie. Au mileiu de son discours de remerciement, elle se souvient de son parcours. Pour You-You, née le jour de la création de la Yougoslavie, la France est devenue sa mère d'adoption après son exil forcé pour échapper à la convoitise des russes dans son pays.

C'est donc l'histoire d'une immigrée en France qui retrouve d'autres exilés. C'est un parcours pas franchement simple mais sur lequel la comédienne se penche avec douceur et tendresse.

La comédienne est très bien, j'ai beaucoup aimé la mise en scène avec les mannequins qui représentent des personnes qu'elle a cotoyé. L'utilisation de l'écran dans le fond est sympathique.

Mais en dépit de tous ces points positifs, je n'ai pas été touchée par la pièce, je m'attendais à autre chose. Je n'ai pas aimé la naïveté du discours.

Dernier point : la salle n'était même pas remplie à la moitié et ça me fait mal au coeur.