Critiques pour l'événement Un Obus dans le Cœur
26 sept. 2016
9/10
163
J'ai été transportée par la prestation très émouvante de Gregori Bacquet qui porte magnifiquement cette pièce. On est avec lui dans tous ses souvenirs...

La mise en scène par contre m'a quelquefois un peu laissée perplexe.

Un grand bravo à cet acteur que je vais avoir plaisir à suivre.
10 sept. 2016
8,5/10
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Je suis une fan inconditionnelle du théâtre de Wajdi Mouawad. Surtout de ses premières pièces. Celles qui racontent la guerre, sa guerre : la guerre du Liban. Sa trilogie « Littoral – Incendies – Forêts » constitue une épopée qui a été jouée sur bon nombre de scènes nationales. J’ai découvert cet auteur par la lecture d’Incendies, à l’époque où je cherchais des textes pour ma troupe de théâtre amateur. Quel choc!

Ce thème de la guerre qui était traité dans Incendies, on le retrouve dans ce seul en scène. Les mêmes images d’horreur, les mêmes scènes de cauchemar. Et puis ce thème cher à l’auteur : la mort de la mère. Son absence, son silence, son évanouissement progressif, sa disparition brutale.

Catherine Cohen a choisi Grégori Baquet pour incarner « les démons de Mouawad ». Comme elle a bien fait!
Seul face à nous, pendant une heure et quart, il nous fait vivre cette guerre. Il nous la fait voir, sentir, toucher du doigt. Il nous la balance à la figure et au coeur. Aussi violent qu’une arme de combat.
Il nous balade d’une chambre d’hôpital à un désert libanais, d’un lit de mort à un bus piégé. Il nous fait sourire, rire même, pleurer aussi, mais avant tout réfléchir.

Grégori Baquet est imposant. Un immense comédien, si proche de nous sur cette petite scène des Déchargeurs. Si vous avez l’occasion de passer sur Paris, courez-y ! Sinon, séance de rattrapage en juillet 2015 à Avignon : 12h30 au Théâtre du Balcon…
13 mars 2016
8/10
184
Une pièce portée avec une très grande sensibilité par Gregory Bacquet qui Donne corps aux émotions de Wahab qui va au devant de ses démons d'enfants pour aller affronter la raison de ses tourments.

La mise en scène m'a quelque fois perdue, mais ce spectacle laisse une trace d'envolés émotionnelles qui nous frappent en plein coeur.
Un spectacle d'acteur et d’interprète.
25 sept. 2015
9,5/10
214
Grégori Baquet, révélé au grand public avec la comédie musicale Roméo et Juliette de Gérard Presgurvic (2001) avait surpris tout le monde en remportant en 2014 le Molière de la révélation masculine. Un titre qu’il n’a pourtant pas démérité au regard de sa prestation dans un seul en scène bouleversant et intimiste. Un texte d’une urgence et d’une nécessité plus qu’évidentes.

Alors qu’une voix off débute, des images telles des archives de famille sont projetées en fond de scène. Wahab est sur le plateau, prostré sous la capuche de son sweat, côté jardin. Il s’interroge : « Avant j’étais un enfant, mais quand est-ce que j’ai cessé ? ». C’est alors qu’il raconte son parcours dans la neige après un appel de l’hôpital lui demandant de venir rapidement, sa mère, atteinte d’un cancer, étant en train de vivre ses derniers instants. Il cherche désespérément à savoir quel est le début de son histoire et nous fait revivre ce douloureux moment : depuis le terrible coup de téléphone jusqu’au souffle maternel ultime, Wahab nous entraîne de manière remarquable dans son univers, jusqu’à un passé qu’il croyait enfoui à jamais et nous livre une palette d’émotions très large, passant de la colère à la peur et de l’incompréhension à la tendresse.

Grégori Baquet, avec une excellente diction, raconte dans un débit de parole plutôt soutenu, son processus mental depuis ce fameux coup de fil. Il évolue de manière remarquable devant un rideau blanc. La voix off de son personnage vient renforcer les passages où il évoque ses souvenirs. Il navigue entre passé lointain et narration de son trajet vers l’hôpital avec beaucoup d’aisance. Le simple fait de mettre sa capuche permet aux spectateurs de suivre le fil de son récit d’une fluidité saisissante. Quand il l’enlève, il s’approche de l’avant-scène pour nous livrer son ressenti, ses remarques, ses émotions... Il se souvient de ses sept ans quand il a été confronté à la mort lors d’un attentat kamikaze au Liban, son pays d’origine, alors plongé dans une effroyable guerre civile. Sorti traumatisé et marqué au plus profond de son cœur par la barbarie humaine, il tentera de suivre un cheminement intérieur douloureux pour s’en libérer. Il raconte avec sa mémoire, ses mots de petit garçon : « Il n’y a qu’une peur d’enfant pour terrasser une autre peur d’enfant » dit-il. Et justement cette nouvelle peur est celle de voir s’éteindre sa mère avec qui il a entretenu des relations plutôt difficiles. D’ailleurs il n’est pas tendre dans les mots qu’il emploie pour en parler. Alors le public sourit, tremble, attend avec lui, espère une issue heureuse et la fin de ses affrontements intérieurs. Tandis qu’il revoit la guerre, le cancer, la femme aux membres de bois à l’hôpital, il nous entraîne dans le tourbillon de sa conscience. Wahab décide d’affronter la mort et laisse exploser toute sa colère dans un face à face étonnant au détour d’une scène particulièrement poignante. Et lorsqu’il retrouve la paix, les spectateurs, eux-aussi, ressentent un apaisement salutaire.

Dans un décor minimaliste dont deux chaises soudées ensemble font figure d’élément unique, le texte âpre, et parfois dur, jaillit telle une grenade sous la mise en scène impeccable de Catherine Cohen, renforcée par une utilisation judicieuse des lumières et un usage pertinent, d’une grande intelligence, de vidéos en fond de scène. La scénographie épurée et sobre est parfaitement maîtrisée par Huma Rosentalski qui signe là un travail de haute voltige. Le récit intense et très juste de Grégori Baquet, adapté du roman Visage retrouvé (2002) d’une sincérité troublante, bouleverse nos sens et notre conscience. Il porte au sommet de l’art scénique le texte puissant de Wajdi Mouawad. Maîtrisant de bout en bout sa prestation, il parvient à un monologue percutant sans jamais verser dans le pathos mais en nous prouvant que sous la souffrance se cache, bien souvent, un immense cri d’amour venu du plus profond de son cœur. Le cheminement mental du protagoniste le mènera à accepter les épreuves pour se libérer de ses démons intérieurs et ainsi passer de l’enfance à l’âge adulte. C’est simple, beau et fort. Une extraordinaire performance à ne surtout pas rater.
23 sept. 2015
8/10
138
Un obus dans le coeur est une pièce où l'on ressort sonné, comme si nous venions de dormir une vingtaine d'heures d'affilée. Puis on réfléchit, on pose des mots sur ce que l'on a ressenti...

C'est une belle pièce avec une mise en scène subtile mais toutefois présente. On la remarque car elle accentue les émotions que Grégori Baquet nous transmet.

Il est vrai que c'est un sujet difficile. Le décès d'une mère, la maladie et la mort plus généralement sont des sujets difficiles à traiter. Mais on ne reste pas ici dans de l'expectatif, on vit ces moments.
La scène de fin avec le monstre de bois est sublime et on voit pourquoi Gregori Baquet a reçu un molière.
A voir !
20 mai 2015
10/10
132
Gregori Baquet est un prodigieux comédien. Sur ce texte puissant, tendre et sauvage, il finit par crier un amour magique après une phase de haine contre sa mère, le froid, les chauffeurs de bus, lui-même, la solitude, et tout ceci "dans les rideaux". Si un Molière était mérité, c'était bien le sien ! A voir absolument pour le texte et pour sa performance extraordinaire !

Après l'avoir vu à Avignon puis Acheres, il faut le voir dans "Les Cavaliers" en septembre au Théâtre La Bruyère.
24 avr. 2014
9/10
82
Grégori Baquet revient sur scène dans un nouveau genre théâtral : on ne l'attendait pas dans cette pièce tirée d'un roman de Wajdi Mouawad, portant sur la guerre, la peur, la vie.

L'acteur a plus d'une corde à son arc, et il prend le corps de Wahab, Libanais vivant au Canada et nous racontant son histoire, avec talent et force. Son interprétation est sans faille, tout comme la mise en scène qui l'encadre : les lumières donnent vie aux différents lieux évoqués, et la simple utilisation d'une capuche permet de situer l'action. Moment intense et émotion au rendez-vous.

A voir.