Critiques pour l'événement Thomas joue ses perruques
Au comptoir, quelques jeunes personnes attendent la représentation.
- Je crois que je comprends rien à ces histoires de retraite, et puis je m’en branle un peu. Mais les mecs sont chauds quand même.
Vêtu de noir, comme tout bon élève en architecture, Bastien a l’avis prolixe. Il reprend Johanna, culpabilisateur.
- C’est ton avenir qui se joue, tu ne peux décemment pas ignorer ce combat.
Heureux du sujet abordé, il enchaîne et ressert, allègre, les arguments jetés à son paternel pour le poulet dominical. Chouïa emphatique !
- C’est tout un système qui s’engage. Une bataille sur le fond. Le capital attaque les derniers bastions de nos modèles sociaux de société. A ce propos, tu devrais lire ce qu’a dit…
Johanna s’échappe, rêveuse. Elle feint l’intérêt, lui jette de petits hochements
- Hmmm
Loin, elle est partie au soleil. Sa blondeur travaille. Elle imagine la sensation de chaud sur son corps, une marche longue, un accent espagnol mignon mais imbitable. Elle imagine les panneaux qui défilent : CARACAS, LIMA, MONTEVIDEO, BOGOTA, etc…
- Et cette conne de borne, mouton de panurge d’une structure pénitente…
Les saveurs, l’odeur du gazole d’un vieux bus, la sueur salant la peau, le chimi churi, le mescal, …
- Il faut qu’on y aille Bastien.
Johanna avait découvert cet artiste pendant le confinement, heureuse de le voir enfin. Elle s’installe, encore légère de ses évasions, elle observe. Bastien, frénétique, remue, souffle. Il consulte les informations, trépigne. L’adolescent peu inspiré n’est pas très loin.
Le spectacle commence alors, Thomas entame par une jeune femme, un brin militante. Elle reviendra. Car, tout à tour, il incarne, avec une profonde justesse, des personnages improbables.
Bastien se détend, le rire claque, souvent.
Thomas l’a chopé, lui a soudoyé la curiosité. Dans une quête de biographe, Bastien ausculte, tente de discerner le vrai du faux, le réel de l’imaginé. Il est monté à bord d’un spectacle virevoltant. Les personnages, précis, enchantent. Certaines postures sont de vraies trouvailles.
Et puis, ce noir profond, entre chaque « caractère », laisse du temps libre. Pour penser au prochain, pour regarder Johanna hilare, pour ressasser le précédent.
C’est savamment intime, souvent drôle, tellement drôle.
Thomas a gagné. Bastien a laissé tomber ses perruques.
- Je crois que je comprends rien à ces histoires de retraite, et puis je m’en branle un peu. Mais les mecs sont chauds quand même.
Vêtu de noir, comme tout bon élève en architecture, Bastien a l’avis prolixe. Il reprend Johanna, culpabilisateur.
- C’est ton avenir qui se joue, tu ne peux décemment pas ignorer ce combat.
Heureux du sujet abordé, il enchaîne et ressert, allègre, les arguments jetés à son paternel pour le poulet dominical. Chouïa emphatique !
- C’est tout un système qui s’engage. Une bataille sur le fond. Le capital attaque les derniers bastions de nos modèles sociaux de société. A ce propos, tu devrais lire ce qu’a dit…
Johanna s’échappe, rêveuse. Elle feint l’intérêt, lui jette de petits hochements
- Hmmm
Loin, elle est partie au soleil. Sa blondeur travaille. Elle imagine la sensation de chaud sur son corps, une marche longue, un accent espagnol mignon mais imbitable. Elle imagine les panneaux qui défilent : CARACAS, LIMA, MONTEVIDEO, BOGOTA, etc…
- Et cette conne de borne, mouton de panurge d’une structure pénitente…
Les saveurs, l’odeur du gazole d’un vieux bus, la sueur salant la peau, le chimi churi, le mescal, …
- Il faut qu’on y aille Bastien.
Johanna avait découvert cet artiste pendant le confinement, heureuse de le voir enfin. Elle s’installe, encore légère de ses évasions, elle observe. Bastien, frénétique, remue, souffle. Il consulte les informations, trépigne. L’adolescent peu inspiré n’est pas très loin.
Le spectacle commence alors, Thomas entame par une jeune femme, un brin militante. Elle reviendra. Car, tout à tour, il incarne, avec une profonde justesse, des personnages improbables.
Bastien se détend, le rire claque, souvent.
Thomas l’a chopé, lui a soudoyé la curiosité. Dans une quête de biographe, Bastien ausculte, tente de discerner le vrai du faux, le réel de l’imaginé. Il est monté à bord d’un spectacle virevoltant. Les personnages, précis, enchantent. Certaines postures sont de vraies trouvailles.
Et puis, ce noir profond, entre chaque « caractère », laisse du temps libre. Pour penser au prochain, pour regarder Johanna hilare, pour ressasser le précédent.
C’est savamment intime, souvent drôle, tellement drôle.
Thomas a gagné. Bastien a laissé tomber ses perruques.
J'ai découvert Thomas Poitevin sur les réseaux sociaux pendant le confinement. Très vite, ses personnages à perruque m'ont beaucoup fait rire, j'aimais leur folie et leur réalité exacerbée. Quand il a eu l'idée d'en faire une adaptation en spectacle, je me suis demandé ce que cela pouvait donner sur un format long.
Et force est d'avouer que le spectacle est encore plus réussi que ses pastilles vidéo. On a affaire là à un excellent comédien, seul en scène, qui va multiplier les personnages, en choisissant de se grimer avec telle ou telle perruque. Sur cette structure très classique de one-man-show à enchainement de personnages, il se déploie beaucoup d'humanité. Le spectacle ne choisit pas souvent la blague facile, il préfère prendre du temps pour installer chaque personnage et culminer vers des explosions de rire avec un beau crescendo. Il y a des personnages tellement savoureux, névrosés souvent, qui nous semblent grotesques et en même temps tellement réels.
La salle a semblé beaucoup apprécier, et je trouve cela rassurant que ce genre de spectacle, qui ne semble pas tout à fait dans l'air du temps, fonctionne encore. On n'est jamais sur la facilité, toujours sur l'élégance, et l'intelligence du rire.
Un spectacle de très bonne facture.
Et force est d'avouer que le spectacle est encore plus réussi que ses pastilles vidéo. On a affaire là à un excellent comédien, seul en scène, qui va multiplier les personnages, en choisissant de se grimer avec telle ou telle perruque. Sur cette structure très classique de one-man-show à enchainement de personnages, il se déploie beaucoup d'humanité. Le spectacle ne choisit pas souvent la blague facile, il préfère prendre du temps pour installer chaque personnage et culminer vers des explosions de rire avec un beau crescendo. Il y a des personnages tellement savoureux, névrosés souvent, qui nous semblent grotesques et en même temps tellement réels.
La salle a semblé beaucoup apprécier, et je trouve cela rassurant que ce genre de spectacle, qui ne semble pas tout à fait dans l'air du temps, fonctionne encore. On n'est jamais sur la facilité, toujours sur l'élégance, et l'intelligence du rire.
Un spectacle de très bonne facture.
Dans le même genre