Critiques pour l'événement Richard III
25 avr. 2019
10/10
28
Une pièce extraordinairement bien jouée. Une re-découverte de Shakespeare.

La mise en scène est spectaculaire. On vibre tout le long de la pièce. Prise aux tripes, remuée, bouleversée .. une pièce génialement revisitée.
12 avr. 2016
7,5/10
143
Un spectacle incroyable mais pas un coup de cœur... Nous en prenons plein les mirettes du début jusqu'à la fin, la mise en scène gothique de Thomas Jolly est vraiment très bien: le jeu des lumières est incroyable et excellent, cette lumière joue beaucoup dans la mise en scène! Le texte de Shakespeare, est excellent bien sur, mais se retrouve dans une mise en scène moderne et nouvelle, et où le texte de Shakespeare est respecté! Thomas Jolly a réussi à rendre une pièce de plus de 400 ans moderne!

Sûrement le soucis de la pièce reste le jeu des acteurs, qui est généralement bien exagéré. Mais tous les acteurs débordent d'énergie, de forces, et font vivre tout de même le texte du dramaturge anglais. Néanmoins, Thomas Jolly en Richard III (qui ne domine pas les autres acteurs, et c'est bien!) est incroyable et l'acteur Bruno Bayeux est splendide! (Il fait bien rire en tout cas et un talent d'improvisation très sympathique sur scène).

Certaines scènes sont vraiment excellentes (je pense à la rencontre entre Richard/Lady Anne, la scène avant la bataille entre Richard et Richmond, la mort de Richard) mais d'autres sont vraiment ratées (la scène avec les portraits de famille est longue et peu intéressante ici...).

Pour terminer, une pièce incroyable et très bonne, mais possédant ses petits défauts. Mais, c'est 4h de plaisir! Hâte de voir la prochaine pièce de la Piccola Familia!
21 févr. 2016
9,5/10
132
Je n'ai aucune réserve sur cette version.

Thomas Jolly l'a totalement modernisée, respectée, violée, enlevée, sublimée, rendue à son éternité. Un plaisir de 4h30, total. Shakespeare aurait été fier. Beaucoup de jeunes dans la salle, tenus pendant une durée si longue, par un théâtre exigeant, et ne décrochant pas une seconde. C'est une prouesse dont seul Thomas Jolly et sa piccola familia sont capables.

Après HenriVI, quel plaisir de voir que le théâtre est aussi vivant et touche la jeunesse. Un grand espoir. A noter la gestion très intelligente des réseaux sociaux et des outils modernes pour rendre le spectacle total.

Le théâtre moderne est en marche, quand Thomas Jolly et Shakespeare en sont les têtes de pont, on ne peut que s'en rejouir.
20 févr. 2016
3,5/10
157
Un Richard 3 gothico-kitsch, dans une mise en scène parfois trop statique malgré une scénographie très visuelle, très spectaculaire : lumières, son, décors, costumes font glisser le spectacle du côté du show, quasi-circassien.

Toutefois, on déplore que son Richard 3 soit tout en hors-champs, ce qui ne permet pas au style spectaculaire du metteur en scene de s'exprimer pleinement...
13 févr. 2016
9/10
161
Enthousiasmé, enthousiasmé, enthousiasmé, enthousiasmé, enthousiasmé !!!!! Voilà, pourquoi je vais au Théâtre !

Thomas Jolly et La Piccola Familia m'enthousiasment et me bouleversent... Quelle jubilation, quelles émotions. Des images et des sons encore en moi !!! Il faut y ajouter l'expérience et la magnifique idée de R3m3 ...

Ça ne peut que donner envie d'aller au théâtre !!! Tellement de bravos !!! Tellement !!!!!!!!!!
5 févr. 2016
6,5/10
178
Richard 3.0

C'est la première représentation de Thomas Jolly que je vois et j'y suis allé avec curiosité.
On m'a beaucoup parlé de ce metteur en scène pour ses pièces "blockbuster" aux moyens gigantesques... Ok j'avoue... Je n'avais jamais vu ça.

Dans une ambiance particulièrement sombre, Richard III fut imaginée dans une sorte de dystopie où règne une société de la surveillance par des projecteurs qui font offices de caméras et qui ont l'air de nous guetter durant toute la pièce. Jeu de lumières fort, chorégraphie précise et travaillée, décors démesurés voire grandiloquents, voire prétentieux, on reste malgré tout impressionné par cette atmosphère oppressante accompagnée d'une musique dubstep qui participe à ce sentiment étrange... Mais le problème... C'est que ce sont les seuls bons côtés de la pièce.

Bon, l'histoire de Richard III, son texte, son aspect intellectuel blablabla. OK ! Ca, on n'y touche pas c'est bien ! MAIS (oui un très gros) le principal défaut est pour les comédiens qui du début à la fin surjouent. Au début, ça ne gène pas tant que ça pour ma part, mais au bout de 4h20 de pièce. Oui, on commence à fatiguer... en particulier une actrice dont je tairai le nom (de toute façon je ne le connais pas et j'ai pas envie de la connaitre) qui n'a littéralement fait que GUEULER dès qu'on lui donnait la parole.

Donc maintenant mon principal problème est qu'il est vraiment dommage de mettre en scène une pièce avec tant d'envergure et d'ambition pour y mettre au final des comédiens médiocres. J'épargne seulement de peu le jeune homme interprétant Richard qui, malgré son surjeu lui aussi, donne à ce personnage mauvais jusqu'à la moelle un aspect monstrueux et intéressant (quoi qu'il me fit penser aussi aux vilains que l'on peut croiser dans les Disney...)
Le seul reproche que je puisse faire à la mise en scène est ce choix étrange de mettre une chanson hard rock chantée par Richard au moment de son couronnement avant l'entracte. Hommage à Freddie Mercury ? What the fuck. Je reste tout de même abasourdi par les prestations scéniques intelligemment construite dont une mention honorable que je donne à la dernière scène... Très belle fin. (quoi que le cheval blanc en bois euh... Pourquoi faire sans déconner ?)
Pour ce qui est de l'humour enfin je ne m'y attarderai pas. On rit. Mais sans plus. Le problème étant que l'on rit plus du jeu des acteurs que de l'humour de la pièce.

J'attends maintenant de voir une autre pièce de Thomas Jolly pour savoir si son choix de comédien ne fut qu'une bien triste erreur réparable parce qu'avec une mise en scène pareil, autant aller au bout du travail et trouver des comédiens aussi puissants que la représentation se permet de l'être.
Dommage.
4 févr. 2016
9/10
75
Ces 4 heures 30 m’ont tellement déconnectée de mon quotidien que j’ai l’impression de revenir de week-end. En fait je reviens d’une expérience que j’ai plus qu’aimé. Déjà, il y a le texte : pas massacrée, captivante, la langue de Shakespeare est là et bien là. On se délecte des formules, des intrigues, du machiavélisme démoniaque de Richard III, de la noirceur de ses desseins. On se délecte de désespoir de Lady Anne quand elle apprend que Richard est monté sur le trône, on partage le dégoût de la duchesse d’York pour son fils maudit…

Pas de décors, ou réduits au minimum, mais une scénographie sombre, un échafaudage, quelques chaises, des panneaux, voilages, une atmosphère gothique toute en tons noirs et blancs, sublimée par quelques touches écarlates ; les lumières (faisceaux, rayons, projecteurs qui balaient salle et scène ou qui figurent les barreaux d’une cellule) suffisent à compléter le décor.

L’énergie, la force, la fougue dégagées par les comédiens sont impressionnantes. Thomas Jolly œuvre en créature centrale et hybride, monstre perfide et maléfique qui sera rattrapé par ses démons et les fantômes de ses victimes. Sa prestation, tellement énergique qu’elle en écrase parfois les nuances, est tendue du début à la fin, il happe l’espace, joue avec sa voix (à la diction parfaite) et son corps, claudiquant, bondissant, filant ces 4 heures 30 avec une fluidité et une facilité étonnantes. Autour de lui, une troupe investie, en osmose avec lui. Si d’aucuns ont qualifié Thomas Jolly de narcisse, j’ai au contraire vu une famille jouer ensemble sans que personne ne soit écrasé par le rôle pourtant écrasant de Richard III.

Quant à la mise en scène, elle cumule les effets musicaux (le couronnement de Richard III se transforme en concert pop / rock entraînant (peut-être un chouya racoleur, et le public ne suit pas forcément, du moins hier ; avec, avouons-le, quelques effets superflus comme ce danseur / sanglier qui montre son fessier et fait un doigt d’honneur). OK c’est un peu foutraque parfois, avec des symboles futuristes (les caméras de surveillance du royaume, les jeux vidéo des petits princes), une double mort pour Richard III, mais on est immergés dans cette vague de folie et on se laisse porter par la déferlante jollyenne sans la moindre résistance.

Voilà. Pour moi, le théâtre, c’est pour beaucoup l’amour que porte le metteur en scène à un texte, son envie de le faire partager, la joie qu’il éprouve à façonner ses comédiens, et la joie des comédiens à faire vivre leurs personnages et partager à leur tour cet amour. C’est ce que j’ai vu hier : une déclaration d’amour transmise par une troupe à son public. Ça suffit amplement à mon bonheur...
31 janv. 2016
9/10
119
Ca y est ! Le monstre est lâché !
Comme elle était attendue, cette dernière partie de la tétralogie !
Je n'irai pas par quatre chemins : une nouvelle fois, Thomas Jolly m'a époustouflé.

Que de trouvailles scéniques, quelle scénographie inspirée (Ah ! Cette espèce de danse sensuelle avec un projecteur-lyre asservi.....), quelle puissance dramatique, quelle capacité à prendre à bras le corps et faire sien ce magnifique texte (pléonasme...) du grand William...
Ici, de très grands moyens techniques sont mis au juste service d'une cause dramaturgique : la musique, les beaux costumes (notamment ceux de Richard avec les implants organiques d'animaux), les éclairages sophistiqués qui servent véritablement le texte : j'ai été véritablement subjugué !

C'est bien simple, j'ai trouvé Thomas Jolly parfait dans le rôle-titre.
Sa capacité à dire d'une voix éraillée un texte difficile, son aisance à garder une gestuelle incroyable durant quatre heures et demi, sa minutie dans la diction, son humour, aussi, tout ceci est la marque d'un grand.

Et puis, il y a cet esprit de troupe, que l'on sent en permanence. Pour moi, le théâtre c'est avant tout la troupe, cette capacité qu'ont des copains à jouer ensemble ! Comme des enfants !
24 janv. 2016
6/10
57
Après la conviviale odyssée shakespearienne de Henry VI, inutile de dire que Thomas Jolly était attendu au tournant. Adoubé par le public et la critique (et très prochainement aux manettes de deux opéras à Garnier et à l’Opéra Comique), le trentenaire poursuit logiquement son compagnonnage avec le grand Will en s’attaquant au gros morceau de Richard III. Ambitieux, le jeune Jolly l’est assurément en se distribuant dans le rôle-titre alors qu’on le voyait à peine (à la toute fin) dans sa saga de dix-huit heures. Avec sa double casquette d’acteur vedette et de metteur en scène, il prend des risques. S’il captive l’auditoire en crapaud bossu métamorphosé en diva capricieuse et sournoise, son travail scénique se révèle plus fragile et reste à la surface malgré une indéniable fougue rock’n’roll communicative.

Avec Richard III, Shakespeare signe sans doute l’une de ses tragédies les plus noires et acerbes. Folie du pouvoir, drame de la jalousie, complexe d’Œdipe et caprice de gosses cimentent la personnalité d’un aspirant au trône complexe et revanchard. Richard III, l’enfant rejeté et non désiré, se prend à rêver de gloire militaire et rien ne résiste à ses fourberies et ses traîtrises. Pas même et surtout pas sa famille que ce soient ses frères Clarence et Édouard, ses neveux ou sa belle-sœur Élisabeth.

De cette histoire de vengeance, Thomas Jolly replaque les codes propres aux jeux vidéo et aux séries qui ont contribué à établir son succès populaire. Le futur roi boiteux passe son temps à contempler ses caméras de sécurité, les enfants royaux s’éclatent sur leur console et l’insistance apportée aux effets sonores et lumineux confirme l’intérêt du jeune metteur à scène pour le spectaculaire saupoudré d’« entertainment ».

Si Shakespeare s’érige définitivement comme un dramaturge de l’hybris, Jolly n’hésite pas à en remettre une couche et c’est bien là le cœur du problème. Autant la durée marathonienne d’Henry VI, son ambiance si chaleureuse et la sensation d’avoir participé à une aventure inoubliable parvenaient à faire oublier ses maladresses, autant le resserrement de l’action (un peu plus de quatre heures) pointe fatalement du doigt les faiblesses de l’ouvrage. Concrètement, Jolly possède les défauts de ses qualités à savoir un élan énergique hors du commun, une belle idée du partage, une capacité à transformer le théâtre en « binge watching ». Mais peut-être par excès de générosité, sa mise en scène verse dans une surenchère qui frôle trop souvent le mauvais goût.

En témoigne la scène capitale de la première partie lors du mariage de Richard et d’Anne : le plateau se transforme en rave party rock et pop dans laquelle Jolly joue avec jubilation un maître de cérémonie diva à mi-chemin entre Lady Gaga (I’m a monster), Michael Jackson (le costume blanc et rouge) et Freddie Mercury (l’androgynie festive). Tout le monde danse, on chante, on s’agite, on fait sa rock star mais la mayonnaise ne prend pas devant un public frileux et circonspect. Un bide.

Trop de clinquant tue l’émotion
Plus précisément, ce Thomas Jolly soulève constamment des paradoxes qui entraînent des réactions à la fois agacées et ravies. Un exemple significatif est à chercher du côté de l’ambiance visuelle et sonore du spectacle. On ne sait jamais si l’on doit être consterné par l’aspect cheap de ces puits de lumière mobiles façon Star Wars et ces bruitages irritants qui prennent un peu le public pour des bécasses (inutile d’accentuer sans cesse les instants de crise par un son grandiloquent) ou, si au contraire, notre âme d’enfant ne resurgit pas par saccades devant cette avalanche d’effets spéciaux ludiques et régressifs (ces mêmes lumières stroboscopiques sculptent l’espace avec imagination tout en y imprimant une pulsion d’urgence).

Cependant, l’esthétique adoptée bascule globalement dans le clinquant et le « bling-bling » d’où un manque certain de cachet. Pourtant, le triomphe de Jolly depuis Avignon (il est désormais programmé partout en France) a dû entraîner une hausse significative du budget de la troupe de La Piccola Familia qui aurait pu être réinjecté dans une scénographie et une plastique générale plus ambitieuses. Ce parti-pris revendiqué contamine la dynamique de l’ensemble : en mettant en lumière de façon trop outrancière l’aspect show de Richard III, Jolly semble avoir perdu en chemin la matrice tragique de la pièce.

Heureusement, certains passages conservent tout leur poids dramatique et distillent une émotion authentique. Lorsque les trois mères, Marguerite, la veuve bannie et prophétesse (épatante Charline Porrone) ; Élisabeth, l’épouse royale qui vient de perdre ses enfants et son mari le roi (ambiguë Émeline Frémont) et la Duchesse d’York, la génitrice du monstre, se réunissent pour se lamenter et préparer leur vengeance, la tension est à son comble. Les trois tableaux représentant le trio de familles massacrées surplombent sans pitié ces femmes pitoyables. Sûrement le moment le plus bouleversant et le plus prenant de cette expérience (en plus des imprécations lancées par Marguerite). Thomas Jolly a par ailleurs eu raison de s’attribuer le rôle principal. Il en possède la carrure : le diablotin aime faire rire et se laisse aller à une insouciance tyrannique savamment maîtrisée. Drama queen poseur et insolent, il extériorise avec panache sa fureur de possession et intériorise sobrement ce conflit de gamin éternellement complexé. Belle composition.

Avec Richard III, Thomas Jolly ne réitère pas l’exploit d’Henry VI. Poussé aussi par des délais ultra rapides, le jeune metteur en scène semble s’être reposé sur ses lauriers et ses acquis alors qu’il aurait fallu passer la vitesse supérieure et monter un cran au-dessus dans sa réflexion sur ce monstre attendrissant. On attendait plus de cette nouvelle mouture : plus de surprises, plus d’émotion, plus de nouveautés. Si ce spectacle ne démérite absolument pas et se montre divertissant à souhait, il reste trop terre-à-terre et dans l’épate pour réellement convaincre. Un dosage plus équilibré entre poésie et spectaculaire aurait sans doute permis à ce Richard III de décoller davantage
13 janv. 2016
8/10
56
Henri VI, lors du festival d’Avignon 2014 et de son passage à Paris aux ateliers Berthier, fut sans aucun doute une aventure théâtrale hors-norme, démesurée, conviviale et fédératrice pour un public très large qui jouait un rôle primordial dans cette incroyable épopée à laquelle nous avions eu un peu de mal à adhérer et à apprécier l’ampleur du phénomène.

Avec Richard III, la suite du cycle shakespearien qu’il a monté dans son intégralité, Thomas Jolly répond à l’engouement des spectateurs restés un peu sur leur faim en s’attaquant à ce qui est très certainement la tragédie la plus sombre du dramaturge, après son Macbeth davantage politique. Cependant, dans cette suite, la démarche est relativement différente de ce qui avait été entrepris puisque le jeune metteur en scène revient à une représentation plus traditionnelle, avec une durée raisonnable et un décor minimaliste ce qui fait que l’on puisse se sentir légèrement extérieur à cet opus très attendu. Néanmoins, la mécanique bien huilée fonctionne et Thomas Jolly se révèle être un acteur très charismatique en endossant le personnage éponyme. Alors qu’il n’avait qu’un rôle très secondaire, apparaissant à la fin du marathon théâtral qu’était Henry VI, le voici propulsé sous les feux de la rampe en endossant le rôle-titre présent dans quasiment toutes les scènes. Né monstre, Richard III s’affirmera dans l’optique de le rester.

Nous suivrons l’escalade de cet être sanguinaire et tyrannique se débarrassant de chaque obstacle par de sombres manipulations en cascade afin d’accéder au trône. Passant son temps à épier ses caméras de surveillance, l’accent est clairement mis sur le complot de l’ange du mal (dont il porte les ailes) et non sur les actes en eux-mêmes. Nous regrettons parfois de ne pas voir sur scène toute la barbarie du personnage mais qu’importe, nous sommes embarqués par l’indéniable énergie de la Piccola Familia et l’esthétique déployée, aussi fulgurante que l’ascension de Richard III. Excepté un passage très long et trop déclamatoire en deuxième partie, le rythme soutenu nous captive sous la traduction de Jean-Michel Déprats.

Thomas Jolly fournit un formidable et remarquable travail autour de la lumière et du son dans sa mise en scène énergique. Il est dommage de verser parfois dans la surenchère et les excès, notamment avec cette scène qui clôt l’acte 3 avant l’entracte où Richard III est vu comme une rock star et nous inflige un hard rock pas du tout à notre goût même si nous avons chanté nous aussi pour ce couronnement tant attendu, pris dans le feu de l’action. Le défaut principal est celui de bien des premières mises en scène : vouloir trop en faire, trop en montrer. Et Thomas Jolly n’évite pas cet écueil, comme s’il y avait urgence de tout donner.

Un peu plus de prise de risque et de sobriété seraient les bienvenues dans un univers visuel et sonore déjà bien affirmé. Il ne manque pas grand-chose pour y arriver et nous gageons que cela s’affirmera avec le temps. Et même s’il n’est pas comparable avec celui monté à la Schaubühne par Thomas Ostermeier et présenté cet été en Avignon, le Richard III version Thomas Jolly restera dans les mémoires, que ce soit comme bon ou mauvais souvenir, et fera longuement parler de lui.
10 janv. 2016
7/10
46
Après la folie d'Henry VI (pas vu), Thomas Jolly met en scène la suite shakespearienne : Richard III.

Beaucoup de moyens déployés, beaucoup de communication et un résultat un peu en demi-teinte. Il faudra désormais pour le théâtre, comme déjà pour le cinéma, se méfier des campagnes de marketing tapageuses... Alors oui on est forcément déçu, mais c'est loin d'être une catastrophe et nous avons passé tout de même un bon moment.

Thomas Jolly, dans le rôle titre, nous dépeint un Richard III monstrueux, tyrannique, cynique, cruel, machiavélique et parfois très drôle, prêt à tout y compris jusqu'aux meurtres, pour s'emparer du trône d'Angleterre. Les 4h30 (entracte comprise) du spectacle passent toutes seules, à l'exception d'un dialogue s'éternisant un peu dans la deuxième partie, où nous avons été nombreux à décrocher. La scénographie est mise en valeur par un astucieux, et performant (cher !), mécanisme d'éclairage quasi-monochrome qui permet des transitions temporelles et spatiales efficaces.

Nous retournerons probablement voir du Thomas Jolly mais peut-être pas pour du Shakespeare.