Critiques pour l'événement Points de non-retour
7/10
8
Alors ?
Le premier volet de la trilogie « Points de non-retour » écrite par Alexandra Badea, est l’éponyme massacre de Thiaroye. Ce fait historique est méconnu, peut-être parce qu’il ne glorifie pas le récit national. Ledit massacre a été perpétré par des Français sur des tirailleurs sénégalais qui attendaient une compensation pécuniaire promise pour leur engagement auprès de la France durant la Seconde guerre mondiale. « Il y a des dettes que l’argent ne peut pas régler ». Ce sujet est traité par le prisme d’une histoire d’amour entre Nina, une Roumaine, et Amar, un Sénégalais. Les histoires dans l’Histoire, ils auront un enfant ensemble, Biram. Les destins vont se croiser avec une jeune journaliste, Nora, et un professeur résigné, Régis. Il est question de l’écart générationnel entre les primo-arrivants et les générations suivantes. Les uns refoulent passé et origine pour tenter de se faire une place sur leur terre d’accueil (« ils se désinfectent une plaie tout en criant dans l’oreiller ») et les autres regrettent de ne pas avoir appris leur langue paternelle/maternelle. Certains croient que mentir est un acte d’amour, d’autres pensent être les enfants de la haine.


La scène est au croisement des destinées où le sable rouge délimite l’estrade. Symboliquement, le désert formé par cette terre rouge sera marqué des pas, des chutes et des allongements (récurrents) des personnages. Deux fenêtres diffusent des vidéos, pas inesthétiques, mais sans grand intérêt.
Au-dessus de celles-ci on peut lire les frappes fébriles de l’auteur de la pièce qui renforcent le côté intellectuel de la pièce, laquelle ne cesse de s’interroger sur notre rapport à l’Histoire.

Pièce remue-méninges : est-il possible de réécrire l’Histoire ? Est-ce souhaitable ? Le spectacle tranche et prend parti contre un discours dit dominant.