Critiques pour l'événement Les Voeux du Coeur
6 déc. 2015
8/10
309
Représentation du 05/12/15. Brian et Tom veulent vivre leur amour au sein de leur église, mais se heurtent au refus du Père Raymond. Une jolie pièce sur l'amour, la différence et l'acceptation de l'autre. Le tout saupoudré d'humour et servie par une petite sympathique.

Si la pièce évoque l'homosexualité elle évite pourtant tous les clichés et se concentre sur le principal. Peut-concilier sa foi et son amour de l'autre quand l'autre n'est pas reconnu par l'Eglise. Vaste question traitée avec finesse et crédibilité même si la fin, téléphonée, est plutôt idéalisée. Les dialogues sont bons et amènent une réflexion profonde puisque le point de vue de chacun des protagonistes est abordé et le spectateur se prend à pencher tantôt pour l'un tantôt pour l'autre. Si à aucun moment la pièce n'est rébarbative, il existe toute de même des longueurs qui cassent le rythme. Dommage.

Un mot sur l'interprétation : je ne connaissais pas Davy Sardou sur scène et je dois dire que j'ai été agréablement surpris par son jeu précis et investi. Si Bruno Madinier cabotine un peu il reste juste. Tout comme Julien Alluguette qui s'en sort plutôt pas mal. Coup de coeur et mention spéciale à Julie Debazac d'un grand naturel, qui mérite un Molière ! Seul bémol le décor, quasi inexistant, qui aurait pu être plus travaillé et qui ne rend pas service à la mise en scène, minimaliste.

Pour conclure, un vrai beau moment de théâtre.

C'est anecdotique mais notons le joli fou rire de Julie Debazac (qui a eu grand mal à s'en remettre) généré à la suite, lors d'un grand moment de silence, d'un ronflement bruyant d'un spectateur venant des premiers rangs. Sans compter la présence discrète de Michel Sardou et de sa femme, venus applaudir leur fils pour cette avant-dernière représentation.
3 déc. 2015
8,5/10
351
On continue à questionner l’Eglise avec cette pièce écrite par Bill C. Davis, l’auteur de l’Affrontement, et ce pour notre plus grand plaisir car le questionnement est pertinent et d’actualité, tout en gardant un ton léger.

On ressent beaucoup d’empathie pour ce couple désireux de vivre son amour en accord avec leur foi. Les comédiens sont extrêmement convaincants, chacun dans son rôle respectif : autant le couple gay incarné par deux comédiens doués et qui nous font partager une intimité troublante que le rôle du prêtre ou celui de la sœur sont assez complexes.

Le ton est juste. Il n’y a pas de fioritures. On ressort touché par la grâce de cette pièce.
1 déc. 2015
10/10
320
J'avais très envie de voir Les Voeux du Coeur, je sais maintenant pourquoi !
C'est une pure merveille.

Les quatre comédiens sont excellents : tout d'abord Julie Debazac a un rôle très attachant, félicitations... aussi j'étais fou de joie de voir ce que donne Bruno Madinier sur scène, il est unique ; pour les deux derniers, Davy Sardou ressemble autant à son père que Julien Alluguette est épatant de bonheur (il est tout à fait prometteur le jeune homme !!!)... autant dire que cette pièce est une pépite, sans aucun doute.
28 nov. 2015
7,5/10
408
Après "Des Gens Biens" au théâtre Hebertot, qui m'avait grandement enthousiasmé, Anne Bourgeois trouve un nouveau texte pour questionner la morale et le jugement, à travers cette fois, la question de la religion et la sexualité.

Bien que la pièce tourne autour d'un couple gay, c'est plus la sexualité en général, que l'homosexualité en particulier qui est questionnée dans le cadre religieux de cette belle pièce de Bill C. Davis.
Décidément, les américains n'ont pas leur pareil pour rendre divertissant des dilemmes moraux ! Chacun à ses propres raisons, qui sont défendues avec légitimité, et laisse le spectateur libre de toute opinion. La traduction française fait d'ailleurs tout à fait justice à la pièce, ainsi que les interprétations : c'est une merveille de quatuor qui joue cette partition, les comédiens sont tous les quatre formidables dans leur rôle.

Bon, d'accord, vu les thèmes abordés, c'est vrai que ça n'a pas l'air très fun comme ça, mais "Les Vœux du Cœur" est un vrai divertissement, solide, drôle et intelligent. On aimerait voir plus souvent du théâtre écrit comme celui-ci !

Mon seul bémol viendrait des quelques petites longueurs, et aussi de certains points de la mise en scène, qui, si elle est dynamique, manque parfois de fluidité (ces transitions, ces projections ... ).

Hormis cela, c'est du beau travail qui fait plaisir a voir !
26 nov. 2015
8,5/10
358
Une pièce intelligente, surfant sur un certain nombre de problèmes d'actualité, fort bien mise en scène, sans temps mort, et parfaitement interprétée par 4 comédiens remarquables, en particulier Julie Debazac et Julien Alluguette.

Et en plus d'être touchant, c'est aussi parfois drôle.

Un très bon moment de réflexion, et de théâtre.
26 nov. 2015
10/10
206
Adaptée d'une pièce américaine, cette pièce est sensible et bien défendue par un quatuor efficace.
Mention spéciale pour le duo Davy Sardou et Julien Alluguette.
Mise en scène et décors minimalistes.

Un grand bravo pour ce magnifique spectacle.
12 nov. 2015
7/10
217
On retrouve avec plaisir l'auteur de "l'affrontement" ! Finesse des dialogues, humour et émotion ! Une très belle mise en scène. Beaux acteurs avec un Bruno Madinier qui a juste du mal dans les scènes criées.

A voir !!
8 nov. 2015
10/10
203
Des vœux, des élans, des serments, de la joie et des chagrins, des rêves et du désespoir, de l'amitié, de l'amour: il y a tout cela dans la pièce de Bill C. Davis où s'entrechoquent les ambiguïtés. Les comédiens jouent avec sincérité.

Julie Debazac est une Irène très franche et d'une désarmante confiance. Elle ne doute pas. On est touché par la tendresse dont elle enveloppe son frère. Julien Alluguette offre à Brian ce qu'il faut de juvénilité blessée. Sa révolte profonde émeut. Le Tom de Davy Sardou, troublé, s'enfonce dans une crise de conscience déstabilisante. Le comédien donne avec finesse un poids tragique au personnage. Quant au prêtre qu'incarne Bruno Madinier, on y croit, même s'il reste parfois un peu en retrait.

La mise en scène est sobre et efficace et on passe un superbe moment.
7 nov. 2015
6/10
186
Déçue par cette pièce dont j'attendais beaucoup plus après avoir lu les critiques sur Au Balcon. Jolie scénographie et décor épuré, texte intéressant mais quelques longueurs.

Certes, cette pièce a le mérite de questionner l'église sur le sujet de l'homosexualité, le célibat et la chasteté des prêtres, les mères célibataires mais les longueurs m'ont souvent fait décrocher. Reste que l'un des protagonistes m'a particulièrement convaincu : le personnage interprété par Julie Debazac. A partir du moment où elle apparaît sur scène, on ne voit qu'elle. Elle est bluffante, très investie et emporte tout sur son passage.

Son rôle est le petit grain de sable qui va enrayer la machine et faire douter le prêtre. Je ne retiens que sa prestation.
14 oct. 2015
7/10
187
"Les vœux du cœur" et "l'affrontement" : même combat !
L'évolution de la pratique chrétienne, la place de chacun dans l'église, la chasteté des prêtres... Bref un vrai sujet pour Bill C. Davis.

Ayant vu l'un et l'autre j'ai comme une impression de double emploi !
Davy Sardou est toujours aussi juste, et chacun rempli sa mission à merveille... l'ambiance est quand même "plombée" par le doute qui habite chacun, et la mise en scène artificielle...
28 sept. 2015
8,5/10
250
Les vœux du cœur est une pièce surprenante !
Elle m'a surprise dans sa justesse entre le religieux et le laïque, l'amour et les traditions et le possible et l'impossible.

Cette pièce parle de l'homosexualité mais d'une manière tout a fait différente de ce qu'on a l'habitude de voir sur les planches. Le théâtre La Bruyère ne l'a pas traité dans la caricature mais dans le couple amoureux... Celui qui vit ensemble, a ses habitudes, sa routine et une foi commune.

Et c'est cette question de la foi qui va être au centre de cette pièce. Comment concilier sa foi et son homosexualité ? Comment arriver à être en phase avec soi-même lorsqu'on est croyant et que cette foi nous interdit notre amour ?

Ces questions sont justement traitées et les arguments sont montés et démontés par le couple et le prêtre. On comprend les deux parties, les positions de chacun et l'on ressort avec un petit peu moins de préjugés...

La fin est un peu trop idéaliste à mon goût, les happy ending arrivent rarement dans la vie mais on peux comprendre la parti de l'auteur de ne pas frustrer les spectateurs d'une belle fin.
Davy Sardou transcende son rôle ainsi que Bruno Madinier. On ne voit qu'eux.

Une très belle pièce avec de bons acteurs. A aller voir !
14 sept. 2015
9,5/10
229
Une pièce intelligente, sensible, drôle souvent. On passe une belle soirée avec des personnages attachants.
Enfin une pièce qui traite de l’homosexualité avec subtilité. Pour une fois les personnages ne sont pas caricaturaux.

L’auteur parvient à parler d’homosexualité, de religion et d’amour sans être manichéen.
Ce spectacle n’est pas du tout communautaire. Il peut être vu par tout le monde. Il devrait être vu partout le monde !!!
Comédiens excellents. Mise en scène simple et sobre, qui met en valeur le texte.

Un très bon spectacle à voir.
13 sept. 2015
9/10
218
Anne Bourgeois propose une mise en scène dynamique, intelligente, sobre et épurée mais aussi extrêmement précise, offrant ainsi un très bel écrin au texte et à ses quatre acteurs qu’elle dirige avec une parfaite précision.

Dans un rythme soutenu, de courts tableaux se succèdent et font habillement avancer l’intrigue, en ayant recours aux ellipses narratives et temporelles. Les images projetées sont tout à fait pertinentes pour permettre un changement de lieu sans casser la dynamique de jeu. Les vidéos sont néanmoins un peu datées et se placent en opposition avec la modernité des sujets abordés. Cependant, le texte de Bill C. Davis qui interroge et donne matière à réfléchir sur des sujets d’actualité par un propos grave mais traité avec humour et légèreté, met parfaitement en avant les troubles de chacun et la contradiction entre ce qu’ils ont construit et ce qu’ils ressentent.

L’écriture, finement travaillée, permet d’obtenir un texte incisif, sincère et riche, aussi bien du point de vue des sujets que des émotions. A l’heure où les débats tentent de faire évoluer certaines mentalités, l’auteur nous pousse à une réflexion intéressante sur la place de l’homosexualité au sein de l’Eglise allant jusqu’à envisager le mariage pour tous au pied de l’autel, solennellement devant Dieu.

Quelle place dans notre société pour les homosexuels croyants qui demandent le même traitement que les autres et cherchent, à juste titre, à se fondre dans la masse ? L’Eglise reconnaît-elle l’homosexualité ? L’accepte-t-elle ? Autant d’interrogations soulevées par un texte d’une indéniable beauté. A travers les histoires de chacun, il nous est également donné la possibilité de nous questionner sur la chasteté et la tentation de la chair. En opposant conscience et désir, Bill C. Davis ne juge pas mais insuffle dans ses quatre personnages une grande humanité qui fait ressentir aux spectateurs de l’empathie à leur égard.

Pour cela, il fallait une distribution de qualité et une remarquable alchimie entre les acteurs. Julien Alluguette, époustouflante révélation, incarne avec fougue Brian, un être entier, passionné mais également très sensible, dévasté par l’évolution de la situation et dont les convictions seront sérieusement remises en cause. Il a une foi inébranlable en Dieu et en l’amour. Blessé au plus profond de son être, il fera preuve d’une fragilité désarmante et touchera le public par sa détresse. Davy Sardou, quant à lui, donne vie, avec beaucoup de justesse, à Tom, personnage tourmenté et complexe qui s’interroge sur la façon de concilier son amour spirituel et le désir charnel qu’il éprouve pour Brian.

En pleine crise de conscience, il lui faudra suivre la voie du cœur pour s’en sortir. Sensible et mesuré, ses questionnements sont justes et désarmants. Les deux acteurs sont touchants et forment un couple convaincant, uni par un amour tendre et sincère. Bruno Madinier, inoubliable juge Cordier dans la série à succès qui fit les beaux jours de TF1, est épatant en soutane dans le rôle du père Raymond, cet homme d’Eglise en proie au doute et dont la fragilité apparait peu à peu. Ses convictions profondes seront remises en cause par les choix qu’il fera. Enfin, il y a Julie Debazac, parfaite dans son interprétation de la sœur protectrice et bienveillante. Elle s’appelle Irène mais elle aurait très bien pu se prénommer Eve puisqu’elle incarne ici la tentation, le fruit défendu. D’une nature franche et révoltée, elle ne semble pas connaître le doute. Juchée sur des talons hauts, elle apporte fraicheur et féminité à la pièce. Véritable militante de l’amour pour tous, elle est au cœur de l’intrigue bien que les quatre rôles soient traités avec la même intensité.

Ces Vœux du cœur, prononcés au Théâtre La Bruyère, mettent en confrontation directe la foi et l’amour mais si la solitude s’immisce doucement dans les propos, jusqu’à devenir un sujet à part entière. Chaque personnage voit ses certitudes se troubler, ses croyances malmenées, ses convictions mises à rude épreuve. Passant du rire aux larmes, les spectateurs suivent avec intérêt les aveux des protagonistes dans leur fragilité humaine et espèrent un happy end qui gommera les doutes. A défaut d’avoir la naïveté d’espérer faire fléchir les réfractaires sur l’épineuse question du mariage pour tous, faisons le vœu que la pièce suive les voies du succès, amplement mérité.
6 sept. 2015
10/10
238
Une pièce de l'Américain Bill C.Davis, traduite par Dominique Hollier et mise en scène par Anne Bourgeois avec une heureuse vivacité. Elle dirige quatre comédiens sensibles qui rendent attachant le propos particulier de l'ouvrage : Julie Debazac, Julien Alluguette, Bruno Madinier, Davy Sardou.

On en reparlera plus longuement, ici et là. L'auteur de L'Affrontement se saisit d'une question qui peut être au coeur des interrogations de la société : deux jeunes gens qui s'aiment, deux garçons, très croyants, familiers de l'église, demandent à un prêtre qu'ils connaissent très bien, de bénir leur union devant Dieu.
L'auteur ajoute une soeur, qui attend un enfant qu'elle a l'intention de confier à son frère et son ami. Elle n'est pas insensible au charme du prêtre et prend un malin plaisir à le tenter...Elle sera prise à son jeu.
Bill C. Davis orchestre ces thèmes avec une habileté certaine. La traduction de Dominique Hollier est franche et le public rit beaucoup car, par-delà la gravité du propos, il sait donner une légèreté, une personnalité déliée aux personnages.
Dans un décor qui permet les changements de lieu avec des projections simples et peu d'éléments scéniques de Sophie Jacob et grâce aussi aux lumières de Jean-Luc Chanonat, la mise en scène se développe rapidement.
Anne Bourgeois excelle à donner un rythme vif à la représentation tout en prenant grand soin de la direction d'acteurs. La distribution est excellente. Chacun ici est dans la sincérité et la subtilité. Chacun défend son personnage avec une vitalité très tonique qui séduit le public.

Julie Debazac, belle et active, soeur aimante et femme audacieuse, maternelle et libre, est merveilleuse. Face à elle, Bruno Madinier est un homme de Dieu troublé, qui ne cesse de s'interroger. Il est tout à fait convaincant.
Les deux garçons sont très touchants. Deux excellents interprètes que l'on retrouve dans des partitions délicates. Julien Alluguette, incarne un Brian ultrasensible et qui va beaucoup souffrir. Mais le Tom de Davy Sardou aussi est dans la souffrance, souvent. Rien de risible, rien de ridicule, mais l'engagement de deux êtres sincères et leurs questions de vie, de survie. Les deux comédiens sont très fins, très précis dans le chatoiement des pensées et des émotions.

C'est le tact qui domine ce spectacle qui émeut autant par son propos que par la manière magistrale et subtile de son développement dramatique, ici, au Théâtre La Bruyère.
4 sept. 2015
7,5/10
256
Comment concilier la foi chrétienne et l’épanouissement amoureux lorsque l’on est homosexuel ? Bill C. Davis tente de résoudre ce problème épineux dans Les Vœux du Cœur au Théâtre La Bruyère.

Après L’Affrontement, le dramaturge américain prolonge la dialectique du cœur et de l’esprit dans une pièce brûlante d’actualité, au sujet grave mais traité sur un mode loin d’être pesant par Anne Bourgeois. La metteur en scène se distingue par une direction d’acteurs au cordeau permettant de faire oublier une scénographie hasardeuse et ringarde.
Les polémiques entourant le mariage pour tous n’ont pas encore suscité beaucoup d’intérêt sur les planches. En sociologue avisé, l’auteur peint un quatuor de portraits délicatement ciselés, pas du tout manichéens. La grande force de cette version française repose sur l’alchimie qu’a su créer Anne Bourgeois entre les acteurs en exploitant pertinemment leur configuration et leur dynamique.

Davy Sardou et Julien Alluguette se complètent à merveille dans les rôles des apprentis mariés. Le premier délivre toujours autant de sensibilité dans son jeu en homme rongé par le doute tandis que le second impose sa plastique de rêve en tête brûlée fougueuse et tenace. Bruno Madinier est crédible en prêtre victime de crise de foi et s’ouvrant aux plaisirs de l’amour tandis que Julie Debazac apporte un vent de féminité bienvenu en séductrice fonceuse.

Leur complémentarité illumine la mise en scène, un peu plombée par un rapport à l’espace balbutiant et artificiel. Les vidéos préhistoriques de Sébastien Sidaner évoquent un jeu vidéo des années 80 tandis que la bande-son de Jacques Cassard ressemble à une fusion entre Era et une boum cheap. Cette volonté de coller au réel n’apporte rien à la représentation ; à la limite, quelques éléments de décor basiques auraient suffi, contrebalancés par le talent des quatre interprètes.

Malgré ces quelques réserves, Les Vœux du Cœur pousse à la réflexion et entremêle habilement divertissement léger et débats d’aujourd’hui.