Critiques pour l'événement La Réponse des Hommes
7 févr. 2022
7,5/10
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Tiphaine Raffier, artiste jeune et prometteuse, met en scène La Réponse des Hommes, texte dont elle est elle-même l’autrice. La Réponse des Hommes se révèle d’une grande audace par le sujet développé : mettre en scène neuf œuvres de miséricorde parmi les quatorze de la Bible, auxquelles le pape François a rajouté une quinzième « sauvegarder la création ».
Plusieurs petites scènes traitent d’une ou plusieurs œuvres de miséricorde comme nourrir les affamés, donner à boire aux assoiffés, accueillir les étrangers, vêtir ceux qui sont nus, assister les malades, ensevelir les morts, visiter les prisonniers et la quatorzième, sauvegarder la création.
L’ensemble est montré dans des contextes contemporains et montre des personnages confrontés à des dilemmes moraux alors que leur intention première est de faire œuvre de miséricorde déclinée en bonté, compassion, empathie, don, clémence …
La manière clinique de présenter ces scènes est souvent retenue. Citons par exemple les nombreux interrogatoires que ce soient celui d’un juge, d’un policier, d’un médecin ou d’un psy. Parfois s’y infuse également un certain cynisme comme la roulette (identique à celle du casino) qui s’arrêtera sur « ce » dossier médical et permettra à « ce » patient d’obtenir le rein qui lui manque, à condition qu’il réponde à l’appel téléphonique l’informant de cette bonne nouvelle. Sinon, au suivant …
Qui sauver ? On ne peut pas sauver tout le monde …
La mise en scène et les décors sont excellents. Cependant l’utilisation abusive de la video, même si elle apporte une émotion en direct, n’est pas convaincante. Elle est trop « sur scène » . Le jeu des acteurs tend à la perfection avec l’utilisation d’un sublime clair-obscur, comme la scène du parloir.
Un reproche pourtant : on se perd durant 3h20 dans cette boulimie de jeux obsédés par l’empathie et ses revers. On se perd à explorer trop de pistes de ce labyrinthe qui, au final, nous mène à une impasse. La désolation annoncée est vertigineuse. Nous restons sur notre faim/sur notre fin. « Qui trop embrasse, mal étreint ».
Ce spectacle que je recommande pour se nourrir de création contemporaine, se joue au TNP à Villeurbanne jusqu ‘au 12 février et sera ensuite en tournée à Lorient, Toulouse, Tours, Valenciennes, Vire et Lille-Tourcoing.