Critiques pour l'événement La Reine de Beauté de Leenane
Pièce noire sur la relation mère-fille entre amour et haine.
Formidable Marie-Christine Barrault. Si belle et bienveillante qui se transforme en vieille sorcière méchante. C'est définitivement une grande comédienne.
Très bons acteurs qui l'entourent d'une totale crédibilité qui parviennent à nous faire croire qu'il fait -20 degrés en plein Avignon de juillet.
Histoire dérangeante, brutale, noire, comme une lame de rasoir. Mais qui sait aussi nous faire rire, nous émouvoir et chercher au fond de chacun cette part inavouable (pour la plupart) de méchanceté.
Réflexion sur la vieillesse, la solitude, la famille, la folie.
Un texte intelligent, qui ne cherche pas la facilité tout en étant très accessible.
Des mots bruts, crus, sans détours, avec les fautes de tournure de ploucs irlandais.
Un choc qui nous embarque dans un monde qu'on a plaisir à quitter et qui pourtant nous parle....
Formidable Marie-Christine Barrault. Si belle et bienveillante qui se transforme en vieille sorcière méchante. C'est définitivement une grande comédienne.
Très bons acteurs qui l'entourent d'une totale crédibilité qui parviennent à nous faire croire qu'il fait -20 degrés en plein Avignon de juillet.
Histoire dérangeante, brutale, noire, comme une lame de rasoir. Mais qui sait aussi nous faire rire, nous émouvoir et chercher au fond de chacun cette part inavouable (pour la plupart) de méchanceté.
Réflexion sur la vieillesse, la solitude, la famille, la folie.
Un texte intelligent, qui ne cherche pas la facilité tout en étant très accessible.
Des mots bruts, crus, sans détours, avec les fautes de tournure de ploucs irlandais.
Un choc qui nous embarque dans un monde qu'on a plaisir à quitter et qui pourtant nous parle....
Le décor est bien planté mais rien que la voix de l'actrice principale rebute. On est vite agacé par ce surjeu quasi permanent. La relation mère-fille manque de profondeur, même si l'actrice qui joue la mère fait le job. Le sujet était pourtant plein de potentiel. J'aurais peut être aimé voir plus le coté satyrique sachant que les passages "drôles" m'ont fait à peine sourire.
Heureusement que les acteurs masculins relèvent le niveau, en particulier un Gregori Baquet tout en candeur et d'une grande justesse.
Heureusement que les acteurs masculins relèvent le niveau, en particulier un Gregori Baquet tout en candeur et d'une grande justesse.
La pièce qui s'annonce comme satyrique n'est pas, à mon goût, assez acide.
Les comédiennes se donnent Le change sans une réelle émotion ressentie. Maureen joue même de manière trop linéaire durant toute la pièce.
Les rôles masculins candides amènent plus de nuances et tendresses à leurs personnages.
Le texte ou la mise en scène me laisse perplexe quand à l'humour recherché ? Car le seul effet humoristique recherché semblait être les difficultés d'élocutions de nos chers frangins. D'ailleurs nous pourrions plutôt appeler la pièce la reine de beauté de Livarot, tellement elle fut francisée (extrait de tournez manège à la tv).
Le sujet est porteur de beaucoup de potentiel noir et arrive par moment à les exploiter.
Les comédiennes se donnent Le change sans une réelle émotion ressentie. Maureen joue même de manière trop linéaire durant toute la pièce.
Les rôles masculins candides amènent plus de nuances et tendresses à leurs personnages.
Le texte ou la mise en scène me laisse perplexe quand à l'humour recherché ? Car le seul effet humoristique recherché semblait être les difficultés d'élocutions de nos chers frangins. D'ailleurs nous pourrions plutôt appeler la pièce la reine de beauté de Livarot, tellement elle fut francisée (extrait de tournez manège à la tv).
Le sujet est porteur de beaucoup de potentiel noir et arrive par moment à les exploiter.
Là-bas dans le Connemara..! Ce n’est pourtant pas sur du Sardou mais sur du rock (enfin je pense, pour ce que je m’y connais !) que vous êtes accueilli au Lucernaire pour assister à un règlement familial entre une mère qui ne veut pas laisser partir sa fille et une fille qui met l’échec de sa vie sur le dos de sa mère. Dans cette tragi-comédie sur fond de misère sociale irlandaise écrite par Martin McDonald’s il y a 20 ans les apparences sont trompeuses et la violence omniprésente. Tour à tour dérangeante et surprenante, LA REINE DE BEAUTÉ DE LEENANE ne vous laissera pas indifférent…
UNE ATMOSPHÈRE DÉTESTABLE
A 40 ans Maureen (Sophie PAREL) vit encore avec Mag, son acariâtre de mère (Catherine SALVIAT). La vie ne lui ayant pas fait de cadeau elle rêve d’amour et d’eau fraîche et d’un ailleurs loin de sa mère. Toutes deux entretiennent une relation dysfonctionnelle ancrée dans un quotidien de violence verbale, psychologique et physique. De fait le spectateur se retrouve témoin (ou voyeur !) d’un drame qui déroule sous ses yeux. La pièce étant suffisamment cynique, elle en devient assez addictive. Car l’histoire déroute, interroge et surprend. On a du mal à démêler le vrai du faux, à prendre parti pour un personnage plutôt que pour un autre. L’arrivée de Pat Dooley (Grégori BACQUET), source d’espoir pour Maureen et de solitude pour Mag, va mettre le feu aux poudres et lancer mère-fille sur une trajectoire de laquelle elles ne reviendront pas indemnes…
La lourdeur du propos est compensée par quelques notes d’humour (noir, forcément). Si je suis resté assez hermétique à ces tentatives, n’en demeure pas moins que beaucoup y ont trouvé écho. Peut-être une manière pour ces certains d’exhorter le côté sombre de la pièce par le rire. Pour autant on ne peut pas considérer la pièce comme une comédie. A mon sens elle peine d’ailleurs à trouver un juste équilibre entre comédie (dramatique ou satirique selon l’interprétation de chacun), et volonté de retranscrire une certaine misère irlandaise (représentée notamment par le décor miteux, la pauvreté du langage des protagonistes ou leurs fantasmes de jours meilleurs en dehors de leur île). Pour autant je m’attendais à y voir encore plus d’Irlande, encore plus de références à cette époque où aucun espoir n’était permis…
UN QUATUOR À LA HAUTEUR
À mes yeux c’est Arnaud DUPONT dans le rôle de Ray, frère de Pat Dooley, qui tire son épingle du jeu. Son naturel et la candeur qu’il apporte au personnage m’ont beaucoup séduit. Dans le rôle de Pat, Gregori BACQUET maîtrise parfaitement son sujet et apporte une sensibilité qui convient parfaitement au personnage. Dommage qu’il soit sous-exploité puisqu’il n’est présent que dans deux scènes (dont un monologue), la pièce se concentrant principalement sur les égarements de la mère et de la fille. Pour incarner la marâtre Catherine SALVIAT fait presque un sans faute mais sa version reste finalement trop proche du cliché de la Tatie Danielle à mon goût (oui, malheureusement on est bien obligé de faire le rapprochement). J’aurais aimé y voir un peu plus de nuances et de finesse. Pour lui donner la réplique Sophie PAREL nous propose une interprétation pêchue mais assez déroutante. Si au début j’ai eu du mal avec son jeu nonchalant (à l’image de son personnage) j’ai été rapidement conquis par sa profondeur, notamment sur la scène finale. PAREL assure également une mise en scène sobre et sans artifice.
Amis de la poésie et de bons sentiments cette pièce ne fera probablement pas votre bonheur. Amateurs d’un théâtre alternatif cette pièce, qui a le mérite de sortir des sentiers battus, sera une belle découverte. La production n’ayant pas beaucoup de moyen pour en faire la promo c’est aux blogueurs de théâtre et aux spectateurs de se mobiliser. Charge à chacun d’entre vous d’apporter sa pierre à l’édifice.
UNE ATMOSPHÈRE DÉTESTABLE
A 40 ans Maureen (Sophie PAREL) vit encore avec Mag, son acariâtre de mère (Catherine SALVIAT). La vie ne lui ayant pas fait de cadeau elle rêve d’amour et d’eau fraîche et d’un ailleurs loin de sa mère. Toutes deux entretiennent une relation dysfonctionnelle ancrée dans un quotidien de violence verbale, psychologique et physique. De fait le spectateur se retrouve témoin (ou voyeur !) d’un drame qui déroule sous ses yeux. La pièce étant suffisamment cynique, elle en devient assez addictive. Car l’histoire déroute, interroge et surprend. On a du mal à démêler le vrai du faux, à prendre parti pour un personnage plutôt que pour un autre. L’arrivée de Pat Dooley (Grégori BACQUET), source d’espoir pour Maureen et de solitude pour Mag, va mettre le feu aux poudres et lancer mère-fille sur une trajectoire de laquelle elles ne reviendront pas indemnes…
La lourdeur du propos est compensée par quelques notes d’humour (noir, forcément). Si je suis resté assez hermétique à ces tentatives, n’en demeure pas moins que beaucoup y ont trouvé écho. Peut-être une manière pour ces certains d’exhorter le côté sombre de la pièce par le rire. Pour autant on ne peut pas considérer la pièce comme une comédie. A mon sens elle peine d’ailleurs à trouver un juste équilibre entre comédie (dramatique ou satirique selon l’interprétation de chacun), et volonté de retranscrire une certaine misère irlandaise (représentée notamment par le décor miteux, la pauvreté du langage des protagonistes ou leurs fantasmes de jours meilleurs en dehors de leur île). Pour autant je m’attendais à y voir encore plus d’Irlande, encore plus de références à cette époque où aucun espoir n’était permis…
UN QUATUOR À LA HAUTEUR
À mes yeux c’est Arnaud DUPONT dans le rôle de Ray, frère de Pat Dooley, qui tire son épingle du jeu. Son naturel et la candeur qu’il apporte au personnage m’ont beaucoup séduit. Dans le rôle de Pat, Gregori BACQUET maîtrise parfaitement son sujet et apporte une sensibilité qui convient parfaitement au personnage. Dommage qu’il soit sous-exploité puisqu’il n’est présent que dans deux scènes (dont un monologue), la pièce se concentrant principalement sur les égarements de la mère et de la fille. Pour incarner la marâtre Catherine SALVIAT fait presque un sans faute mais sa version reste finalement trop proche du cliché de la Tatie Danielle à mon goût (oui, malheureusement on est bien obligé de faire le rapprochement). J’aurais aimé y voir un peu plus de nuances et de finesse. Pour lui donner la réplique Sophie PAREL nous propose une interprétation pêchue mais assez déroutante. Si au début j’ai eu du mal avec son jeu nonchalant (à l’image de son personnage) j’ai été rapidement conquis par sa profondeur, notamment sur la scène finale. PAREL assure également une mise en scène sobre et sans artifice.
Amis de la poésie et de bons sentiments cette pièce ne fera probablement pas votre bonheur. Amateurs d’un théâtre alternatif cette pièce, qui a le mérite de sortir des sentiers battus, sera une belle découverte. La production n’ayant pas beaucoup de moyen pour en faire la promo c’est aux blogueurs de théâtre et aux spectateurs de se mobiliser. Charge à chacun d’entre vous d’apporter sa pierre à l’édifice.
J'en ressors avec un sentiment mitigé...
Tout n'est pas à jetter, au contraire. Erreur de ma part certainement, je me suis laissé influencer par les critiques nombreuses et unanimes. Elles avaient créé chez moi une attente et une excitation qui ont semble-t-il fait pschitt...
Le sujet est bon et le texte fonctionne, parvenant à nous faire sourire malgré la noirceur du tableau.
Les décors et effets sont simples et très bien utilisés, on est en Irlande.
L'atmoshpère est donc bien installée et tout y est pour se laisser emmener.
Malheureusement ça n'a pas été le cas, j'ai eu du mal à y croire. J'ai trouvé les deux rôles féminins légèrement caricaturaux, un peu "en force". Je n'ai pas été assez touché par ce conflit entre Mag et Maureen.
Les deux rôles masculins ont réussi à m'emmener avec eux. Plus subtils et plus justes, c'est eux qui m'ont touchés.
Tout n'est pas mauvais donc, et on passe un bon moment mais il m'a manqué le principal, le nerf de cette pièce, cette haine vicérale de la part de Maureen pour Mag construite sur 30 ou 40 ans (et pas seulement datant d'hier), cette peur de l'abandon de la part de Mag pour laquelle on devrait ressentir plus d'affection (et pas seulement de la haine, pourquoi est-elle si tyrannique et infecte ?), ... toutes ces nuances entre les deux comédiennes principales m'ont manqué.
Très frustrant car encore une fois il y avait tout pour en faire un bijou
Tout n'est pas à jetter, au contraire. Erreur de ma part certainement, je me suis laissé influencer par les critiques nombreuses et unanimes. Elles avaient créé chez moi une attente et une excitation qui ont semble-t-il fait pschitt...
Le sujet est bon et le texte fonctionne, parvenant à nous faire sourire malgré la noirceur du tableau.
Les décors et effets sont simples et très bien utilisés, on est en Irlande.
L'atmoshpère est donc bien installée et tout y est pour se laisser emmener.
Malheureusement ça n'a pas été le cas, j'ai eu du mal à y croire. J'ai trouvé les deux rôles féminins légèrement caricaturaux, un peu "en force". Je n'ai pas été assez touché par ce conflit entre Mag et Maureen.
Les deux rôles masculins ont réussi à m'emmener avec eux. Plus subtils et plus justes, c'est eux qui m'ont touchés.
Tout n'est pas mauvais donc, et on passe un bon moment mais il m'a manqué le principal, le nerf de cette pièce, cette haine vicérale de la part de Maureen pour Mag construite sur 30 ou 40 ans (et pas seulement datant d'hier), cette peur de l'abandon de la part de Mag pour laquelle on devrait ressentir plus d'affection (et pas seulement de la haine, pourquoi est-elle si tyrannique et infecte ?), ... toutes ces nuances entre les deux comédiennes principales m'ont manqué.
Très frustrant car encore une fois il y avait tout pour en faire un bijou
La Reine de Beauté de Leenane est le premier volet de la Trilogie de Leenane commencée par Martin McDonagh en 1996. Le dramaturge et cinéaste irlandais y décrit avec réalisme la misère d'une population qui semble abandonnée du monde, tuant dans l’œuf tout espoir de bonheur. Ceux qui restent ne rêvent que de partir. Ceux qui partent pour Londres ne connaissent que désillusion et mépris de la part des anglais. .
Dans cette comédie noire il est question d'amour et de haine, des affres de l'émigration, d'espoir et de désespoir, de verts pâturages qui ne sont qu'enfermement dans la solitude, de perspectives sans avenir autre que la folie ou l'exil. Rapidement on sait que la fin sera à la fois terrible et inéluctable. Mais l'humour reste présent malgré le cynisme.
Sophie Parel a pris le pari de porter à nouveau à la scène ce drame parce qu'il "nous interroge sur notre tentative à exister". Quelle est la part du libre-arbitre par opposition à l'environnement familial, social et au poids de l'éducation. Sommes-nous libres ? Pouvons-nous toujours et totalement devenir les acteurs de nos vies ? Elle empoigne à pleines mains le rôle de Maureen, lui donne toute l’ambiguïté d'une femme tiraillée entre son devoir et ses besoins, incarnant avec force ses espoirs et ses doutes, ses maladresses, sa solitude, la folie qui la gagne au point qu'elle ne finira par ne plus faire la différence entre ses fantasmes et la réalité. Elle attire notre compassion pour cette pauvre fille qui aurait droit au bonheur.
Catherine Salviat, de la Comédie Française, est une mère tyrannique que l'on aime détester, une Tatie Danielle de la lande irlandaise. Avec justesse elle donne à voir tout l'amour d'une mère pour sa fille et la difficulté de l'expression de cet amour égoïste et exclusif. On sent les freins qu'elle se met pour ne pas montrer le moindre signe de compassion envers sa fille, préférant l'enfermer dans l'humiliation, le contrôle au travers des ses ordres et de ses pleurnicheries. Manipulatrice, sa perversité ne vise qu'à empêcher celle qu'elle voudrait garder enfant de s'envoler vers un bonheur dont on ne saura pas si elle l'a elle-même connu un jour.
Dans ses tentatives de contrôle elle est aidée bien malgré lui par le jeune Ray Dooley, sorte de gamin attardé qui est hypnotisé pas le moindre écran télévisé et par la candeur manipulatrice de Mag. Arnaud Dupont, déjà excellent dans Le Cercle des Illusionnistes est bluffant dans le rôle de ce pauvre gamin qui se laisse convaincre par les belles paroles de Mag et sera involontairement responsable des malheurs de Maureen.
Grégori Baquet est le quatrième pilier de ce magnifique quatuor. Avec la sensibilité qu'on lui connaît il est Pato Dooley, celui qui pourrait, tel un chevalier de conte de fées, emporter Maureen sur les douces pentes de l'amour et du bonheur et lui offrir la voie de l'Amérique, celle d'un avenir possible. Attentif, sensible, maladroit, hésitant, il tente d'instaurer la paix entre les deux femmes mais ne sera qu'un élément déterminant pour attiser le combat qu'elles se livrent depuis si longtemps. Parce que nous ne sommes pas dans un conte de fées, le destin que lui a choisi l'auteur prendra une route différente de celui de la Reine de Beauté.
La scénographie ancre la pièce entre rêve et réalité. L'action se passe exclusivement dans la cuisine de Maureen et Mag, entre porridge et évier, entre fauteuil roulant et table baccale. Au fond des projections de paysages et de ciels. Tantôt bleus, tantôt gris, clairs ou couverts de nuages noirs, ils reflètent le rythme de la dramaturgie du récit mais aussi les rêves d'évasion des protagonistes.
Dans cette comédie noire il est question d'amour et de haine, des affres de l'émigration, d'espoir et de désespoir, de verts pâturages qui ne sont qu'enfermement dans la solitude, de perspectives sans avenir autre que la folie ou l'exil. Rapidement on sait que la fin sera à la fois terrible et inéluctable. Mais l'humour reste présent malgré le cynisme.
Sophie Parel a pris le pari de porter à nouveau à la scène ce drame parce qu'il "nous interroge sur notre tentative à exister". Quelle est la part du libre-arbitre par opposition à l'environnement familial, social et au poids de l'éducation. Sommes-nous libres ? Pouvons-nous toujours et totalement devenir les acteurs de nos vies ? Elle empoigne à pleines mains le rôle de Maureen, lui donne toute l’ambiguïté d'une femme tiraillée entre son devoir et ses besoins, incarnant avec force ses espoirs et ses doutes, ses maladresses, sa solitude, la folie qui la gagne au point qu'elle ne finira par ne plus faire la différence entre ses fantasmes et la réalité. Elle attire notre compassion pour cette pauvre fille qui aurait droit au bonheur.
Catherine Salviat, de la Comédie Française, est une mère tyrannique que l'on aime détester, une Tatie Danielle de la lande irlandaise. Avec justesse elle donne à voir tout l'amour d'une mère pour sa fille et la difficulté de l'expression de cet amour égoïste et exclusif. On sent les freins qu'elle se met pour ne pas montrer le moindre signe de compassion envers sa fille, préférant l'enfermer dans l'humiliation, le contrôle au travers des ses ordres et de ses pleurnicheries. Manipulatrice, sa perversité ne vise qu'à empêcher celle qu'elle voudrait garder enfant de s'envoler vers un bonheur dont on ne saura pas si elle l'a elle-même connu un jour.
Dans ses tentatives de contrôle elle est aidée bien malgré lui par le jeune Ray Dooley, sorte de gamin attardé qui est hypnotisé pas le moindre écran télévisé et par la candeur manipulatrice de Mag. Arnaud Dupont, déjà excellent dans Le Cercle des Illusionnistes est bluffant dans le rôle de ce pauvre gamin qui se laisse convaincre par les belles paroles de Mag et sera involontairement responsable des malheurs de Maureen.
Grégori Baquet est le quatrième pilier de ce magnifique quatuor. Avec la sensibilité qu'on lui connaît il est Pato Dooley, celui qui pourrait, tel un chevalier de conte de fées, emporter Maureen sur les douces pentes de l'amour et du bonheur et lui offrir la voie de l'Amérique, celle d'un avenir possible. Attentif, sensible, maladroit, hésitant, il tente d'instaurer la paix entre les deux femmes mais ne sera qu'un élément déterminant pour attiser le combat qu'elles se livrent depuis si longtemps. Parce que nous ne sommes pas dans un conte de fées, le destin que lui a choisi l'auteur prendra une route différente de celui de la Reine de Beauté.
La scénographie ancre la pièce entre rêve et réalité. L'action se passe exclusivement dans la cuisine de Maureen et Mag, entre porridge et évier, entre fauteuil roulant et table baccale. Au fond des projections de paysages et de ciels. Tantôt bleus, tantôt gris, clairs ou couverts de nuages noirs, ils reflètent le rythme de la dramaturgie du récit mais aussi les rêves d'évasion des protagonistes.
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