Critiques pour l'événement La place royale ou l'amoureux extravagant
24 mai 2019
4,5/10
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Angélique et Alidor s'aiment mais Alidor ne veut pas renoncer à sa liberté.

Une perversion cruelle d'allers et retours amoureux fera qu'Angélique se rapprochera de Doraste et non de Cléandre comme Alidor l'avait initialement prévu. Un sentiment d'irritation m'a animée tout au long de la pièce. Pour plus d'un tiers de la pièce, j'ai eu l'impression d'écouter des vers de Corneille sur France Culture sans pouvoir avoir accès à l'interprétation physique des jeunes comédiens. La raison en fut que le jeu des acteurs se passait souvent à la base d'un escalier qui n'était pas visible par un tiers des spectateurs. Seule la partie haute de cet escalier qui se terminait de manière majestueuse dans le vide était visible, mais rien ne se passait sur cette partie haute.

Franchement, un déplacement plus central de cet escalier aurait permis aux spectateurs mal placés de ne pas se sentir frustrés (tout en ayant payé quand même une somme suffisamment rondelette! Pour un spectacle imposé dans l'abonnement de surcroît !) Le reste du décor, bien que n'ayant rien à voir avec la Place Royale (ex place des Vosges), lieu de rencontres de la jeunesse dorée du XVIIème, nous propose dans la partie inférieure des sièges bourgeois renversés dans un amas de débris (la fragmentation d'une société où loyauté et morale sont absentes ?) et dans la partie supérieure un sous-bois sombre au départ et légèrement plus éclairé ensuite ( l'espérance d'un avenir plus radieux? Pour qui ? Pour quoi ? Pour une plus grande honnêteté des relations entre jeunes hommes et jeunes femmes?).

Ce texte de jeunesse de Corneille se perd dans un fouillis de redondances et manque de clarté. Quelques répliques intelligemment mises en scène et interprétées avec humour permettent rarement de sortir d'un certain ennui. La mise en scène manque d'inspiration, à moins que le meilleur ne se soit passé du côté de la scène où rien n'était visible… Quant au jeu de Cléandre et de Phylis, il leur permet à tous deux, de sortir leur épingle du jeu. La voix de Phylis est tout à fait sublime. Elle m'a fait penser à celle d'Agnès Sourdillon.

La pièce se termine par une double chute peu optimiste : la jeune Angélique va préférer aller au cloître plutôt que de subir la compagnie d'hommes qui chatouillent une immoralité sans conscïence. Et le jeune Alidor, celui qu'elle aimait, se trouvera satisfait de cette décision car ainsi Angélique n'appartiendra à aucun autre homme.