Critiques pour l'événement LA CHAMBRE DES MERVEILLES
31 janv. 2023
8/10
1
Une thématique pour le moins pas facile, associée à des sujets qui ne le sont pas non plus : les relations parents/enfants, le deuil... Et pourtant au travers de ces sujets graves, ressortent des sentiments forts d'optimisme et d'onirisme !

La fantaisie que nous propose cette histoire, évite de plonger dans le pathos, avec pour chaque scène, un espoir, un sourire, des rires même.

La volonté de cette mère de faire rêver son fils, tisse une toile plus vaste, celle qui va lui permettre de se construire en tant que femme, en tant que fille, en tant que compagne, dans ce moment où son principal repère n'est plus si certain.

La mise en scène, au service de cette idée du rêve, nous transporte d'un monde à l'autre : tantôt dans la chambre d'hôpital du jeune Louis, tantôt dans les aventures que nous vivrons à travers les yeux de sa maman, dans une course, un concert, un voyage.

On adhère sans détour, suspendant notre incrédulité, parce qu'on a envie de savoir : quel sera le prochain challenge ? et comment vont-ils impacter Louis, prisonnier de son coma, mais dont nous suivons les pensées tout au long du récit ?
On embarquera grâce à la justesse du jeu, notamment celui de Théophile Baquet (Louis).

Une belle ode à la vie en somme, qui donne envie de découvrir le livre dont est tiré cette adaptation, de faire des listes et de tenter l'impossible.
9,5/10
5
Un spectacle tout en douceur d'évocation, tissé de tendresse et délibérément dédié au bonheur, à l'amour et à l'humanité. Jean-Philippe Daguerre réussit une adaptation intelligemment dépourvue de pathos. Le fil narratif suit le flux du « feel good » propre au texte initial de Sandrel et égrène de belles scènes chaleureuses, émouvantes et drôles. Cela même si par moments des épines viennent piquer au vif l’attention pour nous surprendre dans les virages du récit et nous confronter au doute de la réussite.
« Louis, 12 ans et demi, est dans le coma depuis qu’il s’est fait renverser par un camion. Sa mère découvre alors son journal intime dans lequel il a dressé la liste de toutes les expériences qu’il aimerait vivre au cours de sa vie. Thelma prend alors la décision d’accomplir ces « Merveilles » à la place de son fils et de les lui raconter en espérant que ça l’aide à se réveiller. Mais ce n’est pas si facile de vivre les rêves d’un ado quand on a quarante ans et que Mamie Odette, la grand-mère de Louis, s’en mêle. »

Une juxtaposition d’histoires prégnantes et enthousiastes qui font du bien par bienveillance et qui captivent comme le font ces histoires dont on devine la fin mais dont on ne voudrait surtout pas manquer un seul passage. De l’amour maternel dans tous ses états à la découverte de l’alter ego en passant par les premiers émois, ce road-trip illusoire et quasi onirique enchaine les dons de soi qui compensent coup pour coup les dettes de la douleur, du sentiment de perte et de la peur du deuil.

La théâtralité de la narration, sans aucun appui ni excès, nous saisit par sa puissance émotionnelle dans laquelle on se laisse volontiers verser pour nous rassurer et éviter que la souffrance nous étreigne trop. Oui, il y a une connivence qui s’établit entre la représentation du réel qui nous est proposée et notre réalité. Mais n’est-ce pas là un des principes de la catharsis du théâtre ? Est-il alors si facile ne pas se projeter, de laisser percuter ses pensées, ses désirs et ses souvenirs ?

La crédibilité et la réussite de cette entreprise narrative reposent sur la sobriété de la mise en scène et la sincérité de l’interprétation. Il a fallu toutes les astuces et les tours savants de scénographie que Jean-Philippe Daguerre sait manier avec une dextérité discrète et efficace, une direction de jeux simples et fluides œuvrant dans l’intensité de l’éclat et du retranchement et que les artistes au plateau incarnent avec un délice de nuances et une évidence aboutie.

Théophile Baquet (impressionnant Louis), Juliette Behar, Jean Aloïs Belbachir, Magali Genoud, Hervé Haine et Marie-Christine Letort nous cueillent et nous accompagnent sans chichi ni falbala, dans des jeux tout en profondeur et sincérité. Le texte, juste le texte et un remarquable engagement de chaque instant jusqu’à cette scène finale qui soulève l’émotion et qui passe la rampe assurément.

« C'est quand parle l'amour aussitôt qu'on le gagne, décidément c'est pas facile tous les jours. C'est quand le bonheur ? » (du chanteur Cali que le personnage de Louis aime tant).

Un spectacle où l’amour et le don de soi se conjuguent pour répandre l’espoir et combattre le chagrin. Un moment de théâtre touchant. Un spectacle qui fait du bien. À ne surtout pas manquer !