Critiques pour l'événement Conversations avec ma mère
3 déc. 2016
9,5/10
61
Écrites pour le cinéma par Santiago Carlos OVÉS en 2006 et adaptées pour le théâtre par Jordi GALCERÁN en 2007, ces « conversations avec ma mère » illustrent avec précision et humour les rapports de force et d’affection, leurs rebonds et leurs apaisements, qui construisent ce lien ténu, solide et parfois distendu, entre une mère et son fils lorsqu'ils se reconnaissent et se respectent mutuellement.

Qu’y a-t-il alors de plus intime, de plus secret et de plus sincère que cette relation ? Ce duo particulier n’a d’égal que celui d'un couple de danseurs de tango aux musicalités d’un bandonéon langoureux, quand la sensible danse des pas symbolise l’unité totale, la connivence parfaite, la passion irréversible.

Dans le contexte d’une crise économique où les contrats de travail fondent comme neige au soleil, laissant sur le carreau individus, familles et espérances, Jaime vient annoncer à sa mère qu’il est contraint de vendre l’appartement qu’il lui prête pour affronter les changements liés à la débâcle qui le touche à son tour. Mais il vient si peu souvent voir sa mère, lui cachant sa vie comme on retient ses hontes, qu’elle ne peut que saisir l’occasion de renouer avec lui la proximité qui est la leur. Cette fenêtre ouverte sur leurs vies va délivrer des non-dits, révéler des vérités et surtout permettre une belle et pudique déclaration d’amour.

Écrite avec une puissante efficacité, cette pièce nous cueille et nous secoue. Nous voici pris par les questions du partage et de la liberté, du don et de la dette, de la dignité et du courage, savamment dramatisées pour nous conduire à la réflexion tout en nous captivant pour cette histoire d’amour filial, tendre, drôle et caustique. Non Freud, ne souris pas ! Mama dit dans la pièce que tu n’existes que parce qu’elle et les autres mères sont là. Sigmund, pourquoi tu sursautes ? C’est pas faux !... Alors, laisse-nous écouter et ressentir cette histoire et assieds-toi aussi…

La mise en scène de Pietro Pizzuti conduit nos regards et notre écoute sur les sentiments et les émotions des personnages, leurs joies comme leurs souffrances. Comme si nous étions proches d’eux, si proches que nous éprouvons ce qu’ils nous montrent comme devant un miroir qui réfléchit nos propres pensées.

Un spectacle magistralement joué. Jacqueline Bir est fine, tendre, espiègle et imposante. Une très grande dame ! Alain Leempoel est éperdu, meurtri, et renaissant. Un fichu bon comédien ! Nous sommes subjugués par leurs jeux ardents et intenses, délicats et affectueux. Un grand moment d’interprétation.

Émouvant, intelligent et très beau moment de théâtre.
25 nov. 2016
9,5/10
79
La pièce s'inscrit dans mon parcours de vie dans un moment charnière qui me permet de mesurer toute la justesse et la finesse émotionnelle des acteurs et du script.

Jaime vient rendre visite à sa vieille mère pour lui annoncer timidement qu'elle doit quitter l'appartement après qu'il ait perdu son travail. Va s'en suivre plusieurs rebondissements qui pousseront Jaime à entamer une introspection sur sa vie personnelle et de couple à travers l'oeil satyrique et avisée de sa mère jouée magistralement qui nous déchire dans ses chagrins de solitude et d'incompréhension. J'en dévoilerai pas plus car il est primordial de venir vivre les émotions en assistant au spectacle. Il existe encore des pièces qui laissent un après par leur justesse, leur sincérité et le propos non édulcoré qu'ils abordent.

A voir pour ne pas oublier de prendre le temps de converser avec ceux qui nous importent.
5 nov. 2016
7,5/10
61
Cette pièce en deux parties m'a séduit via son interprète principale, Jacqueline Bir que je ne connaissais pas et dont j'ai pu ici découvrir le jeu. Elle s'empare de la scène et je n'ai vu qu'elle même si l'acteur qui interprète son fils est très bien aussi et que le duo fonctionne parfaitement bien. Elle fait passer avec beaucoup de finesse, le caractère atypique de cette femme âgée. Elle s'emploie à convaincre son fils que les problèmes financiers qu'il lui dépeint et qui peuvent précipiter la perte de l'appartement qu'elle occupe, ne sont rien, à côté de sa vie sentimentale, et qu'il aurait beaucoup mieux à faire que de déporter le problème sur elle et cet appartement....
Il faut dire que cet appartement appartient à son fils et sa belle fille.
Cela donne lieu à des répliques bien senties sur la mère de celle-ci mais aussi sur la solitude.
Car ce fils, qu'elle aime tant et pour lequel elle prépare de bons petits plats, ne reste jamais suffisamment longtemps pour les déguster et elle se voit ensuite dans l'obligation de jeter ce qu'il en reste. J'ai beaucoup aimé de fait la première partie et cette complicité entre le fils et la mère qui se réinstaure au fur et à mesure que l'intrigue progresse.

Beaucoup moins la deuxième partie même si elle ouvre les yeux de ce fils qui avait un peu perdu de vue ce qui était essentiel à sa vie. Au final, cet appartement dont il souhaitait se séparer et bien il le conservera. La raison à cela, ne sera pas dévoilée ici mais c'est un renversement de situation intéressant sur le plan théâtral mais pas que... Il donne à réfléchir et cela m'a plu car cela m'a renvoyé bien entendu à la relation que j'entretiens moi-même avec ma mère. Joli décor également.
4 nov. 2016
8/10
75
Très sympathique surprise.

Elle peut paraître au bout d'un moment un peu longue et un poil trop bavarde, néanmoins l'association de ces deux comédiens est très belle avec l'œil pétillant de Jacqueline Bir.
On se laisse malgré tout entraîner dans cette histoire et leurs histoires. On rit à pas mal de moments et au final, on en pleurerait presque.

Je regrette par contre que la salle ne soit qu'à moitié pleine, cette pièce mérite d'être vue, du moins pour ce que les comédiens nous donnent.
ALLEZ-Y !
24 oct. 2016
9/10
54
Que faire quand on a 50 ans, et que maman vous voit toujours petit garçon avec des bottes jaunes et un ciré vert ?

Jaime n’a guère de chance, son couple bat de l’aile, il a été licencié, il doit vendre l’appartement qu’occupe Mamà. Pour une fois que Jaime se déplace la voir c’est pour lui annoncer cette mauvaise nouvelle. Et pourtant elle est si contente, elle lui prépare des petits plats mais il ne vient jamais. Peu de nouvelles, peu d’appels, et ne parlons pas des petits-enfants… silence radio !

Pour ne pas trop accabler son fils, elle lance des injures contre la belle-mère de celui-ci, mais que vient de dire Mamà, qui est Grégorio ? Allons bon il ne s’attendait pas à ça non plus !

Jacqueline Bir campe cette malicieuse vielle dame de 82 ans, elle est drôle, émouvante, elle forme avec Alain Leempoel un couple attachant.

Il y a beaucoup de vérités dans le texte, ce qui n’empêche pas les éclats de rire !
23 sept. 2016
8,5/10
45
Voilà des conversations comme on les aime : fines, enlevées, ironiques et menées par une Mama de 82 ans en grande forme, interprétée par une Jacqueline Bir resplendissante et piquante à souhait, qui fait devenir chèvre son fils Jaime (superbe Alain Leempoel aussi) pour notre plus grand plaisir.

On rit beaucoup même si le contexte est difficile dans la première partie. La seconde partie est surprenante à souhait et j'ai beaucoup aimé comment la fin est amenée avec finesse.

Je vous recommande cette soirée en compagnie de Mama car ça change les idées et nous fait sortir du théâtre avec le sourire.